Hier, nous fûmes en Espagne. Juste une incursion
frontalière. Au nom de la quête charcutière. Nous allâmes déjeuner, ma foi
correctement, dans un restaurant du col d’Ibardin bénéficiant de vues imprenables d’un côté sur les Pyrénées
et de l’autre sur un groupe e Tamalous en goguette. Le prix m’étonna, vu que
pour celui d’un plat du jour en (pas si) Doulce (que ça) France, nous eûmes
entrée, plat de résistance, dessert et quart de vin rosé. L’entrecôte s’avéra d’une
tendreté remarquable. Rassasiés, nous nous dirigeâmes vers un des nombreux
magasins qui offrent à la concupiscence des touristes français force produits à
prix avantageux : alcools, vins,
charcuteries, cigarettes, conserves de poulpes, olives fourrées, huile dudit
animal, produits de beauté, que sais-je encore ?
Comment font-ils ?
Peu importe. Ils font. Le seul
problème, c’est qu’il faisait une chaleur à ne pas mettre un Malien dehors.
Alors, mon appétence pour les alcools forts et les charcuteries s’en trouva
amoindri. C’est sans trop d’enthousiasme que je fis cependant quelques
emplettes.
J’achetai également des cigarettes. Plus de deux euros moins
cher par paquet qu’en (décidément pas) Doulce (du tout) France. J’en pris deux
cartouches. Et ce fut l’occasion de constater que ce cher vieux pays était en
marche. Traditionnellement, en lieu et place de « Fumer tue » ils
inscrivaient, entre autres avertissements sanitaires, « Fumar puede matar ».
Fumer peut tuer, ça laisse de l’espoir… On peut se dire qu’avec un peu de
chance on peut fumer et s’en tirer,
mourir d’autre chose, par exemple. Il était urgent de corriger. Maintenant c’est
« Fumar mata » qui prévaut. C’est inéluctable : tu fumes, tu en meurs
et puis c’est tout. Il n’y a pas à tortiller face à l’inéluctable. Ça c’est de la mise en garde !
Mon premier voyage en Espagne fut en 1969. 43 ans déjà !
J’y étais allé en stop. Comme je travaillais, je pouvais me permettre de
descendre dans des 3 étoiles tout à fait corrects et de manger au restau. J’y
avais passé la Semaine Sainte. A Madrid
j’avais pu voir armée, croix rouge, phalange, défiler au pas de l’oie suivis d’une
interminable kyrielle de confréries de pénitents différenciées par les couleurs vives de leurs
robes. Les régiments allaient en cœur se confesser en vue de Pâques, créant de longues files d’attente devant les églises.
Un autre monde…
Dieu et UE merci, tout ça s’est arrangé. L’Europe s’uniformise.
En dehors de ses monuments, le seul intérêt d’un pays finira par devenir le
tarif avantageux de quelques produits. Pour combien de temps ?