..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 12 avril 2016

Résistance des matériaux

Mon goût de l'expérimentation scientifique me perdra. J'ai voulu pas plus tard que samedi matin comparer les résistances relatives de la lame de scie circulaire et de la pulpe d'index. Le résultat fut incontestable : c'est la lame qui l'emporte. Insister eût été le fait d'un entêté et m'eût probablement privé de quelques phalanges, le fait d'en posséder une trentaine ne justifiant aucunement que je m'en déleste : je mis donc immédiatement fin au test.

Les conséquences de mon expérimentation ne se firent pas attendre : du sang se mit à couler abondamment de l'endroit meurtri, Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course vers la salle de bains non des rimes mais force gouttes écarlates. Un passage sous l'eau me permit de constater que la blessure n'était pas très profonde : aucun os en vue. Je roulai mon doigt dans le poivre afin d'arrêter l’hémorragie, me fis un pansement et repris le travail.

Le lendemain, dûment lavée, la plaie n'avait rien de sympathique : mon bout de doigt était tout écharogné (mot que je dois à mon ex-belle-famille vendéenne et que, selon le Wiktionnaire les Québécois auraient conservé avec le sens de « mal coupé » qui est le sien). Visiblement, la lame, gourmande de viande, s'était un peu servie et deux millimètres séparait les bords de la coupure principale. Ce constat et les alarmes de ma fidèle compagne à qui je narrai l'aventure me firent me résigner à rendre visite au bon docteur local. La fréquentation des praticiens n'est pas de mes préférées. Et dans le cas présent, ce que m'en avait dit un voisin n'arrangeait rien : il ne le jugeait « pas humain ». Rendez-vous pris, je m'attendais donc à rencontrer quelque bizarre chimère mélange de reptilien et de bête. Il n'en fut rien : l'homme s'avéra très sympathique et me prescrivit un traitement ainsi qu'un vaccin antitétanique, mon dernier rappel datant d'une bonne quarantaine d'années.

Compagne rassurée, mort dans d'atroces douleurs éloignée, je pus donc, l'esprit libre et la main gantée de latex reprendre mes menus travaux qui avancent à grand pas.

Je prie mes aimables commentateurs d'excuser mon absence de réponses car je suis très pris en ce moment.

dimanche 27 mars 2016

L'artisanat, terre de contraste

On a beau être un vieux fou que (presque) rien n'arrête, on n'en a pas moins ses limites. Ainsi, moi qui vous parle suis-je sujet au vertige et même si je parviens à surmonter ma peur, monter sur une échelle n'est pas mon passe-temps favori et me promener sur un toit l'est encore moins. Je déplore d'autant plus cette phobie que mon toit de Corrèze s'est avec le temps couvert de mousse et que les gouttières s'en sont trouvées bouchées avec pour conséquence des chutes d'eau le long des murs. Il fallait y remédier. Le gougnafier qui devait refaire le plancher s'était également porté volontaire pour pallier ce défaut mais notre brouille laissa le problème irrésolu.

En novembre dernier, je contactai deux couvreurs afin qu'ils m'établissent des devis. Le premier me dit venir le lendemain même et je n'en entendis plus jamais parler. Le second, moins disponible, passa quelques jours après puis m'envoya ses employés afin qu'ils prissent les mesures de mon toit. Quand je lui avais demandé une estimation à la louche du coût des travaux, le brave artisan s'en était déclaré incapable. Je recevrai le devis et me déciderai à sa lecture. Je le reçus et me décidai. Le démoussage était estimé à un peu plus de 1600 € mais débouchage, réparation des gouttières et éventuel remplacement de tuiles abîmées m'étaient offerts. Je me trouvai profondément ému par tant de générosité. D'autant plus que sa proposition était quatre fois supérieure à celle du gougnafier. Je ne donnai donc pas suite.

Je m'étais presque résigné à faire le travail moi-même lorsque, avant-hier, par curiosité, j'allai voir si durant ma longue absence quelque courrier ne serait pas arrivé dans ma boîte aux lettres. Hypothèse fort improbable. Je ne fus pas déçu. Seuls s'y trouvaient l'agenda officiel de la commune et deux prospectus. L'un d'eux attira mon attention en ce qu'il vantait les mérites et spécialités d'un couvreur parmi lesquels figurait en bonne place le démoussage. Noms et prénoms semblaient plus britanniques que limousins. J'appelai et une jeune femme, que l'on peut présumer charmante, me répondit en anglais. Je la priai de me mettre en relation avec Mr Banks mais celui-ci n'étant pas rentré de sa longue journée de labeur, elle me pria de lui laisser mes coordonnées afin qu'il me rappelât dès son prochain retour. Ce qu'il fit et, mon adresse prise, m'annonça arriver dans quelques minutes. Je rencontrai donc ce brave jeune homme, lui exposai mes besoins, lui indiquai la surface du toit et lui demandai une estimation approximative de sa prestation. Il l'estima peu ou prou à 300 €, réparation des gouttières comprise, tout en m'indiquant que le prix exact serait fonction du prix du produit de traitement. Nous parlâmes de choses et d'autres et nous quittâmes sur sa promesse d'effectuer le travail sous huitaine si les conditions atmosphériques le permettaient.

Que les mêmes services puissent voir leur prix passer du simple au quintuple me laisse perplexe. Je conçois qu'un entrepreneur débutant comme ce jeune anglais ait à se créer une clientèle et qu'un artisan établi ait de nombreux frais (charges, piscine couverte, maîtresses, etc) mais tout de même... Il se peut également que ce genre de travaux ne présentant que peu ou pas d'intérêt pour une entreprise ne manquant pas d'ouvrage, elles établissent, par politesse, des devis un rien dissuasifs...

Quoi qu'il en soit, d'ici mardi ou mercredi, je devrais recevoir la visite de Mr Banks, dûment muni d'un devis et constater, à l'usage, si c'est un homme non seulement de parole mais d'actes.
es.

mercredi 23 mars 2016

Les « progressistes » ? Toujours une guerre de retard !

Que penseriez-vous d'une personne pour qui la meilleure façon d'assurer la sécurité de notre pays serait de restaurer la ligne Maginot et de renforcer nos garnisons de l'Est ? Qu'il se trompe d'ennemi et d'époque ? Qu'il souffre de dérangement mental ? 

Pourtant, en matière religieuse, nos chers "de gauche" rappellent cet abruti. Pour quelqu'un d'un peu observateur, il semblerait que l'Islam et pas seulement l'Islamisme, à l'heure actuelle, pose un peu plus de problèmes que le catholicisme à notre société. Sans parler des actes qui ensanglantent le monde ici et là et jusqu'au sein de notre irréprochable république, il faudrait, sans jeu de mots, se voiler la face pour ne pas constater que le monde musulman est parcouru de mouvements fondamentalistes. Chez nous (je sais, se déclarer chez soi est devenu blasphématoire), à voir la façon dont se développe le port du voile, à constater que dans les écoles des sujets deviennent délicats voire impossibles à aborder et que dans les « quartiers » femmes et filles se voient imposer des tenues « correctes », à écouter certains zélateurs du prophète exprimer leur désir d'une islamisation de notre pays, on peut se sentir inquiet. Les plus modérées de nos autruches socialistes parlent de faire s'épanouir un Islam « à la française ». Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? S'agirait-il d'une sorte de fac-simile du catholicisme que nous connaissons aujourd'hui ? Des religieux ouverts à tous les vents de la modernité et dans le peuple peu ou pas de pratique, encore des baptêmes, des communions, des mariages et des enterrements mais tout cela sans grande ferveur ? Pas plus de pratique du ramadan qu'on ne constate d'observance du carême ?

Il y aurait cependant un hic à tout cela car l'église catholique d'aujourd'hui n'en reste pas moins en butte aux attaques féroces de nos chers « démocrates » de gauche. On lui reproche parmi bien d'autres choses de refuser le mariage pour tous, de ne pas encourager contraception et avortement, de ne pas dénoncer suffisamment les pédophiles en son sein. Se donne-t-on seulement la peine d'interroger rabbins et imams sur leur position vis-à-vis de ces questions ? Au cas où celle ci ne serait pas notablement différente, journalistes et « humoristes » les accuseraient-ils d'obscurantisme et noieraient-ils leurs convictions sous des flots de sarcasmes vulgaires ? Permettez-moi d'en douter !

Parce qu'au sein de la gauche demeure un anti-catholicisme rabique hérité de la période révolutionnaire. Pour eux, la guerre contre l'Église n'est pas terminée. Pour parodier la sœur d'Horace, « Voir le dernier catho à son dernier soupir » est leur rêve. Moyennant quoi, et peut-être inspirés par Machiavel, ils tolèrent les menues incartades des ennemis de Leur Ennemi...

Athée sans états d'âme bien qu'issu d'une famille très pratiquante, cet acharnement me désole. Non seulement parce qu'il est le fait de lâches qui savent que leurs insultes et leur haine ne risquent aucunement d'avoir pour réponse des rafales de kalachnikov mais aussi parce que leur aveuglement de gâteux permet que se développent en toute impunité des menaces bien plus sérieuses pour l'idéal laïque qu'ils prétendent incarner et défendre.

Là dessus, je vous dis à je-ne-sais-trop-quand car demain, dès l'aube, à l'heure ou blanchira la campagne, je partirai vers la belle Corrèze où je crains d'être trop occupé pour venir bavarder ici. L'avenir nous dira si ces inquiétudes sont fondées.

vendredi 18 mars 2016

Le suis-je, l'êtes-vous, laiton même jamais* ?

J'ai de tout temps apprécié cet alliage généralement composé de cuivre et de zinc qu'on nomme laiton ou, abusivement, cuivre jaune. Tout petit, déjà, ma mère m'accordait l'honneur insigne de « faire les cuivres » (ou se déchargeait sur moi de cette corvée). Depuis, voir rutiler les nombreux objets en comportant disséminés dans la maison est resté pour moi une source de joies ineffables. Aussi, dans le cadre du GMH (Grand Ménage d'Hiver) ci-évoqué, me suis-je mis en devoir d'astiquer lampes, bougeoirs, et vases. Armé de mâle courage, de Miror et de chiffons, j'ai rendu son lustre passé au métal que quelques années de négligence avaient terni. Plus qu'un long discours, la photo qui suit montrera la profonde mutation qu'une séance à base d'huile de coude peut opérer sur un chandelier :

Sauras-tu, sagace lecteur, distinguer l'astique de celui qui ne l'est pas ? (Jeu gratuit sans obligation d'achat)

Les lampes à pétrole, vestiges d'une collection qui occupa un temps mes loisirs avant que les effets conjugués de la lassitude et d'une mauvaise passe financière ne m'en fassent vendre l'essentiel, connurent le même sort :



Il en alla de même pour les vases ornant la cheminée mais pas pour le lustre qu'une impardonnable flemme me découragea de démonter (mais ce n'est que partie remise) :


(Presque) tout étant dûment fourbi, la pelouse tondue, les carrés du potager bêchés, c'est donc l'âme sereine que je devrais, la semaine prochaine quitter la Normandie pour le le Limousin où d'autres tâches encore plus exaltantes m'attendent.

*jeu de mots !

jeudi 17 mars 2016

Parlons flexibilité

Nos chers (à tous les sens du terme) syndicats défendent les salariés. Quoi de plus estimable, de plus noble, de plus magnifique ? Et le bon peuple de les suivre. Car défendre le salarié c'est maintenir ses droits si chèrement acquis. Tout le monde vous le dira. Qu'est-ce qu'il veut le salarié ? DE LA SÉ-CU-RI-TÉ ! Il lui faut donc un emploi pérenne. Grâce à ce dernier, il pourra croquer la vie à belles dents : s'endetter sur des décennies afin d'acquérir l'appartement ou la maison sinon de ses rêves du moins de ses moyens, s'offrir le dernier modèle de chez Peunault, assurer l'avenir de ses chèreux-têteux-blondeux et tous les ingrédients d'un bonheur parfait (à condition cependant qu'un divorce ne vienne pas le contraindre à vendre son nid d'amour, à devoir se contenter d'une Regeot pourrie et à voir ses chers enfants le considérer comme un moins que rien. Car force est de constater que la précarité familiale, elle, connaît une expansion remarquable*.).

Donc, on défend le salarié. C'est à dire qu'on fait en sorte qu'il puisse justement rester salarié avec un maximum de garde-fous même s'il s'avère incapable d'assumer ses tâches (Être traîné aux prud'hommes par un employé si incompétent soit-il donne des sueurs froides à bien des employeurs dont le rêve secret, rappelons-le, est toute de même de se défaire de ses employés sans raison valable). Seulement, cette défense d'un salariat indéboulonnable présente de menus désavantages pour qui n'en participent pas et même pour ses bénéficiaires.

Dans une société « flexible » trouver un emploi est un peu comme jouer aux chaises musicales. On quitte son siège au risque de le voir pris par un autre et de n'en retrouver aucun. Mais ce n'est pas grave car au prochain tour on pourra s'asseoir sur un autre. Dans une société sclérosée, comme en Doulce France, un maximum de « joueurs » a le cul vissé à sa chaise et ceux qui tournent ont bien du mal, de ce fait, à trouver siège au leur. Ainsi la stabilité de l'emploi a-t-elle pour conséquence la stabilité du chômage. Ce que sachant, celui ou celle qui auront eu l'heur d'obtenir un CDI s'y cramponneront comme un naufragé à son épave quel que soit le mal-être qu'il retire d'une fonction qui a fini par lui sortir par les yeux. Dès lors comment s'étonner que le fameux « Modèle Français » que le monde entier nous envie sans pour autant aller jusqu'à le copier, ait pour résultat de faire de notre beau pays le recordman mondial du pessimisme ?

Notre bon gouvernement dont la compétence n'a d'égale que le courage a récemment sorti une réformette visant à instiller une dose de flexibilité dans le marché du travail. Aussitôt, les syndicats des élèves de maternelle, du primaire, du collège, du lycée, des étudiants et des salariés se sont fâchés tout rouge et le cabinet a battu en retraite sans pour autant les satisfaire. Car contrairement à l'opinion du héros de Tomasi de Lampedusa, aux yeux de nos progressistes, « Il faut que rien ne change pour que tout change ».


Mais, me direz-vous, dans cette société flexible, voire précaire, que vous semblez prôner, comment fera-t-on pour s'offrir le logement, la voiture, le bonheur familial et les frais de divorce de ses rêves ? Mais rien de plus simple, cher contradicteur : il faudra que le système bancaire s'adapte et accepte de financer ceux à qui leur adaptabilité et leur courage permettra de trouver des emplois sinon pérennes du moins quasi-constants. Cela demanderait, bien sûr, un profond changement des mentalités qui ne semble pas à l'ordre du jour tant l'adage selon lequel « On ne change pas un système qui perd » connaît d'adeptes en notre patrie...

* A ce propos il m'arrive de me demander pourquoi la rupture d'un contrat matrimonial n'implique pas de la part de la partie demanderesse le versement d'une forte indemnité en plus de l'éventuelle pension alimentaire. Ce ne serait que justice, non ? Comme le CDI refrène l'embauche, ça risquerait de rendre certains rétifs à l'engagement matrimonial mais si on veut de la sécurité...

dimanche 13 mars 2016

Qu'elle est belle !

Un bonheur n'arrivant jamais seul, rentrant de Vire je trouvai dans ma BAL un mail de M. Amazon m'annonçant que mon colis était arrivé à Sourdeval. J'y descendis donc et récupérai le paquet dont la légèreté m'étonna un peu. Une fois déballé, je compris la raison de ma surprise : elle était toute petite, bien plus que celle qu'elle est appelée à remplacer et dont les batteries devenues faiblardes justifient qu'elle fasse valoir ses droits à une retraite bien méritée. Mais ne faisons pas plus languir les amateurs de belles choses, la voici :


Eh oui, il s'agit bien de la magnifique perceuse-visseuse Black et Decker ASD 184 KB capable de régler elle-même son couple et à laquelle ses deux batteries lithium de 18 v assurent une autonomie fabuleuse. Et ce n'est pas tout ! Figurez vous que, comme par magie, cette prodigieuse machine s'arrête dès que la tête de votre vis est parvenue au niveau de la surface du support . Souhaiteriez-vous qu'elle s'enfonçât un peu plus ? Il vous suffira d'appuyer sur la « gâchette » et, à raison d'un quart de tour par pression, vous serez exaucé. Comment passer de la fonction de visseuse à celle de perceuse ? Rien n'est plus simple : une pression sur un bouton suffit ! Vous trouvez-vous dans un rabicoin sombre ? Qu'importe, une petite lampe est là qui viendra éclairer votre travail ! Astucieux, non ?

Mais me direz-vous une telle merveille doit coûter un bras voire la peau des rouleaux ? Eh bien non ! Le prix affiché est d'environ 160 € mais une offre promotionnelle le ramène à moins de 130 ! Dès lors comment pourrait-on continuer de déplorer l'état d'un monde où de tels outils sont proposés ? Bien sûr, s'en porter acquéreur ne se conçoit que lorsqu'on a bien des choses à visser ce qui se trouve être mon cas présent. La réfection du plancher, le doublage des murs de ma maison corrézienne vont bientôt m'offrir l'occasion d'en tester les performances comme la fiabilité qui, si elles s'avèrent à la hauteur de mes attentes, rendront mon bonheur complet.







samedi 12 mars 2016

Examen réussi !

Or donc, hier, je fus à Vire. Eh bien, je dois vous dire que les mœurs du Virois sont pour le moins surprenantes. J'allais y subir un examen. Rien de bien nouveau pour qui a passé 6 ans à l'Université. Pourtant je dois à la vérité de dire que je fus surpris.

L'examinateur vint me chercher dans la salle d'attente et m'amena dans une petite pièce dont il me demanda de fermer la porte au verrou, ce qui éveilla ma méfiance. Ensuite il me pria de me déshabiller. Je lui demandai de préciser de quels vêtements je devrais me défaire. De tous, répliqua-t-il. Je lui fis remarquer que nous ne nous connaissions qu'à peine. Pour toute réponse, je n'eus droit qu'à un rire, même pas sardonique. Il faut croire que de telles pratiques lui étaient familières. Docile, je m'exécutai. Et passai une sorte de chemise en sorte d'intissé que je déconseillerais aux Inuits d'adopter comme costume national.

L'être maléfique revint et, après un bref passage au toilettes m'invita à m'allonger sur une espèce de table, qui par la suite s'avéra coulissante et mener son prisonnier faire des aller-retours sous un anneau parlant. Mais avant que ne se déclenche ce système infernal, mon tourmenteur se livra sur ma personne à des manœuvres dont la décence m'interdit de préciser les détails mais dont le but avoué était de dilater mon côlon en y introduisant force gaz carbonique. Je ne fus cependant pas pris en traître vu que le bougre (le mot dans son acception littérale lui convient parfaitement) me prévint que l'expérience serait douloureuse.

Ensuite commença un curieux manège où, après m'être tour à tour placé sur le dos, le ventre, le côté droit puis le gauche, la table coulissa tandis qu'une voix m'intimait l'ordre d'inspirer, de retenir ma respiration et en fin d'aller-retour de respirer à nouveau. La séance ne dura qu'un quart d'heure mais serait à classer dans la catégorie qualifiée de « sale » parmi ces fractions d'heures. J'eus l'heureuse surprise de retrouver l'intégralité de mes vêtement et les remis avant de sortir (on a sa dignité, que diable!). Mon bourreau me demanda de me rendre dans la salle d'attente de l'entrée afin que le bon docteur me communiquât les résultats. J'espérais être reçu.

Quelques minutes après que je me fus assis, une personne sortit du bureau du médecin. Je crus alors innocemment que j'étais sur le point d'être invité à lui succéder. Mais en fait l'attente se prolongea plus d'une heure durant. A mesure que le temps passait, augmenta mon inquiétude. Quelles insignes anomalies le praticien avait-il décelées ? Avait-il contacté ses collègues pour qu'ils s'éberluassent sur icelles ? Le retard qu'il mettait à me convoquer était-il dû à la difficulté de totaliser les diverses lésions et autres métastases qui peuplaient mon côlon ?

La porte s'ouvrit et l'homme de l'art prononça mon nom avant de m'inviter à entrer. A la différence de mon organe artificiellement dilaté, je n'en menais pas large. Le brave homme commença par m'avouer qu'un anormal développement musculaire et de nombreux spasmes avaient rendu l'exploration de la partie basse de l'organe impossible mais que, vu que son collègue en gastro-entérologie était, lors de sa tentative malheureuse d'examen, parvenu à l'inspecter, je pouvais être rassuré : aucun cancer, pas le moindre polype à signaler. La prise d'un rendez-vous avec le prescripteur de l'examen était donc inutile. OUF !

Cependant, avant de le quitter je lui signifiai que tout cela était bel et bon mais que je ressentais tout de même au quotidien et depuis des lustres certaines douleurs qui sans faire que je me roulasse par terre n'en étaient pas moins dérangeantes. Il convint que celles-ci du fait de la dysmorphie des lieux et de la sensibilité de ses parois n'avaient rien d'étonnant mais qu'en l’occurrence à part prendre son mal en patience on ne pouvait rien y faire. Le syndrome du côlon irritable est un compagnon fidèle dont on ignore l'origine comme le remède. Me voilà rassuré.

Je vais donc bientôt pouvoir rejoindre la Corrèze pour m'y livrer aux plaisirs ineffables de la réfection de plancher. Elle est pas belle, la vie ?

jeudi 10 mars 2016

Tout ça, c'est la faute à Gerhard !




Gerhard Schmidt, prussien d'origine, dirigeait une unité de production pharmaceutique de la société Bayer en la bonne ville d'Épernon. Sous sa débonnaire férule officiaient deux chimistes anglais, Ann et John. Le couple britannique avait conçu une animosité certaine voire une certaine haine vis-à-vis de leur supérieur lequel les traitait avec ce mépris amusé que ressent parfois le Teuton vis-à-vis de nos voisins d'Outre-Manche.Il se trouva que je fus amené à faire profiter de mon savoir en Français Langue Étrangère au trio et que ma nature joviale fit que se développèrent entre les trois ennemis et moi des rapports amicaux. Situation quelque peu délicate car, durant les cours individuels que je leur dispensais ou lorsque l'un m'invitait en quelque bon restaurant ou que les autres me conviaient à dîner, j'étais inévitablement contraint d'entendre tout le mal que pensait chacun de la partie adverse tout en me gardant bien de prendre vis-à-vis des récriminations réciproques une position nette. Ménager la chèvre, le chou et jusqu'au cul de la crémière est un de mes rares talents...

Cette situation prit fin lorsque, avant de fermer, l'usine fut cédée à un concurrent. Gerhard retourna en Germanie prendre une retraite bien méritée ; Ann et John restèrent en France. Nous continuâmes donc à nous fréquenter tandis que je recevais au nouvel an de bons vœux de Leverkusen. Et puis les liens se distendirent, comme il est d'usage. Nous nous vîmes moins. Plus de cartes d'Outre-Rhin. Ainsi va la vie. Pourtant, un jour que je passais près d'Épernon, je m'arrêtai saluer mes amis anglais. Nous parlâmes de choses et d'autres autour d'un verre avant que la conversation ne vienne, comme de juste, à évoquer ce diable de Gerhard. Tandis que John ressassait son amertume, Ann l'interrompit en déclarant qu'on ne disait pas de mal des morts. Je crus avoir mal entendu et demandai confirmation de la triste nouvelle. Il me fut alors narré que, subissant une intervention chirurgicale, le brave homme ne s'était pas réveillé de l'anesthésie. Ainsi s'expliquait son silence.

Cette nouvelle provoqua en moi une allergie peu commune aux anesthésies, surtout générales. Car s'il y a une chose qui m'ennuierait au plus haut point c'est bien de ne pas voir la mort venir. A la différence de nombre de mes contemporains, je préférerais , quitte à souffrir, que sa venue me laisse le temps de m'organiser un peu : ranger mes papiers, faire un peu de ménage, indiquer les démarches utiles à effectuer par mon héritière, etc.

Demain, après l'échec de la tentative d'octobre dernier je vais donc subir une coloscopie virtuelle par scanner. Seulement, là où les choses se corsent, c'est qu'au cas où un ou des polypes seraient détectés (ce qui fut le cas il y a déjà quelques années de ça) il faudra les éliminer par voie endoscopique avec à la clé une anesthésie... Aurai-je reculé pour mieux sauter ? J'espère que non !

Quand je pense que si ce bon Gerhard n'avait pas eu l'idée saugrenue de mourir sur le billard ces angoisses m'eussent été épargnées, j'en viens à penser qu'il eût été préférable que nos rapports se fussent bornés au domaine strictement professionnel.

mercredi 9 mars 2016

Cinéma




Hier soir, je me suis régalé devant un film français ! Oui, je sais, c'est honteux. Mais, que voulez vous, quand on a l'âme mauvaise ça affecte tous les domaines. Je pourrais utiliser le terme par trop galvaudé de « chef d’œuvre » au sujet d'Une affaire de femmes que le bon M. Chabrol nous offrit en 1988 avec la délicieuse Isabelle Huppert* en vedette. Mais bon, plutôt qu'établir je-ne-sais quel hit parade, je me contente d'apprécier des films qui, comme les livres, ne suscitent pas mon mortel ennui et effacent la sensation du temps qu'ils occupent.

MM. Chabrol, Lelouch, Lautner, Blier, Leconte, Mocky, Becker, Chatiliez, de broca, par exemple, réalisent souvent ce tour de force comme le font quelques réalisateurs italiens ou anglais. On pourra m'objecter que les « divinités » de mon « Panthéon » sont bien vieillottes quand la mort ne nous en a pas privé. Et alors ? Je ne suis pas non plus de première fraîcheur, je suis de mon époque, comme le sont ceux qui me suivent et le seront d'autres suivants. Je ne ressens aucune tentation de jouer les gars dans le coup ni les curieux de tout.

De manière générale, mes goûts cinématographiques me portent vers la comédie. Je laisse le « sérieux » et l'exploration des sombres recoins de l'âme humaine à qui ça intéresse. C'est pourquoi quand des films comme le sus-mentionné ou La fille sur le pont parviennent à me captiver et je m'en trouve ravi autant que surpris.

Quoi qu'on en dise, la France ne manque pas de talents. Ceux que j'apprécie sont de « mon temps » mais il y en a certainement d'autres en gestation, qui finiront bien par éclore voire exploser. Et puis que nous propose-t-on d'autres ? Des âneries étasuniennes, en général, où des personnages sans consistance s'agitent comme vers coupés sur fond d'effets spéciaux ? Où de graves psychopathes filment une violence débridée autant que gratuite ? Je laisse ça aux amateurs d'une modernité qui tend à transmuer l'aberrant en norme.

Je suis un vieux con franchouillard, bien ranci, fier de l'être et si aveuglé qu'il ne saurait renoncer à la confiance qu'il place en l'avenir de son pays et de sa culture.

*Je dois devenir gâteux (ou sage?) avec l'âge. Je me souviens qu'il y a quelques décennies le parrain de ma fille m'étonnait par le culte qu'il déclarait vouer à cette actrice que j'avais tendance à trouver bien fade. En la voyant hier évoluer entre triste mère de famille prolétaire, joyeuse femme adultère débordante de vitalité et finalement condamnée en total désarroi sans rien perdre ni en conviction ni en cohérence, je me suis dit:quel talent !

vendredi 4 mars 2016

Curieuses manières



J'apprends avec étonnement qu'afin de protester contre l'évacuation de la « Jungle » de Calais ou la fermeture de la frontière macédonienne des « migrants » se cousent la bouche. Ces malheureux seraient Iraniens. Par delà la compassion qu'on peut ou non ressentir vis à vis de ces braves gens impatients d'aller s'installer dans des ghettos britanniques ou allemands, on ne peut que se trouver intrigué par cette manière curieuse d'exprimer son mécontentement. Ma surprise se mue en consternation quand je lis dans Le Parisien « huit migrants iraniens, selon deux responsables associatifs et deux selon la préfecture, se sont cousu la bouche avec des aiguilles et du fil. Une initiative renouvelée ce jeudi par neuf Iraniens, sans que l'on sache si parmi eux certains s'étaient déjà fait coudre la bouche la veille. La scène se passait, au milieu d'un attroupement, devant des photographes et cameramen, juste en face de l'abri de Médecins sans frontières.  Sur une pancarte, on pouvait lire en anglais «Est-ce que vous allez nous écouter, désormais ?»»

Qu'ils aient été deux, huit ou neuf ne présente guère d'intérêt. De même préciser que ladite couture fut effectuée à l'aide d'aiguilles et de fil me paraît superfétatoire car à part l'utilisation d'une machine, peu envisageable vu la nature et la configuration des pièces à joindre, c'est généralement à l'aide de ces deux éléments que ce genre d'opération s'effectue. Ce qui est consternant c'est le texte de la pancarte : avoir la bouche cousue empêchant de s'exprimer avec clarté, on voit mal comment une telle action pourrait faciliter l'écoute.

Le problème est donc au niveau symbolique. Pour nous, l'expression « motus et bouche cousue » est utilisée pour conseiller de taire un secret. N'oublions cependant pas que les revendications des « migrants » s'adressent aux Anglais qui ignorent une telle locution. Je me suis donc mis en devoir d'apprendre quelle(s) signification(s) pouvait avoir le fait de se coudre la bouche chez nos voisins d'Outre-Manche. Selon Wikipedia, version anglaise, cette curieuse pratique peut être motivée par des raisons esthétiques (!) ou religieuses ou constituer une manière de protestation. Vous pouvez grâce à elle vous donner une allure de zombie, chasser l'ennui, favoriser votre méditation, ou montrer à d'éventuels sceptiques que votre grève de la faim n'est pas du bidon.

Dans le cas qui nous intéresse (ou pas) il s'agit surtout d'impressionner. Les images bouleverseront les âmes sensibles, en ce qu'elles les ressentiront comme une manière désespérée d'exprimer une détresse abyssale. Reste à savoir si, au-delà de l'apparence, ces travaux d'aiguille sont réellement douloureux. Je me souviens, tout gosse, avoir assisté, à la fête du quartier de l'Union à Sartrouville, au spectacle d'un « fakir » qui se transperçait différentes partie du visage ou du corps à l'aide de fortes aiguilles. Intrigué autant qu'impressionné et toujours à l’affût d'une ânerie, je me mis en devoir de vérifier si l'exercice était ou non pénible. Armé d'aiguilles, je pus constater qu'on pouvait se transpercer les joues et bien d'autres endroits sans douleur et sans, heureusement pour moi, la moindre septicémie. Mon goût des expérimentations stupides s'étant émoussé avec le temps, je ne tenterai donc pas de me coudre la bouche. Je me contenterai d'exprimer des réserves sur le côté réellement dramatique de l'opération.

Quoi qu'il en soit, l'important est d'impressionner le bon peuple toujours avide de sensations fortes et d'apitoiement. De ce point de vue, il semble que la manœuvre ait réussi. S'il s'avérait que le geste est surtout symbolique et n'a rien de particulièrement héroïque, on finira par s'en lasser. Il faudra alors trouver du nouveau comme se broder les joues ou se piquer le nez... Ira-t-on jusqu'à s'arracher les ongles ? Permettez moi d'en douter.

vendredi 26 février 2016

Nouvelles de Mongolie

Je reçois à l'instant un e-mail que m'a adressé Damdin Enkhbayar, le président du club des lecteurs de « Vu des collines » de Dalanzagad.

Dalanzadgad, le 25 février 2016

Salut à toi, Ô phare de la pensée universelle !*
Puisse les dieux t'accorder la beauté du chameau de Bactriane , la force du mazaalai, les attributs virils de l'hémione et l'agilité du saïga !**

Comme tu le sais, j'éprouve une admiration sans bornes pour ton président, l''honorable M. Hollande. Je collectionne ses photos en cachette de mon épouse car je crains que sa beauté ne fasse naître en elle une passion torride qui viendrait troubler un bonheur conjugal jusqu'ici sans plus de nuages que le ciel du Gobi. Toutefois une chose m'intrigue : il semblerait que où qu'il aille, il provoque les trombes d'eau. Est-ce bien vrai ou est-il constamment accompagné d'un Arroseur Présidentiel chargé de répandre sur lui une bienfaisante ondée?

Cette particularité m'intéresse car au cas où cet homme magique attirerait naturellement les précipitations, j'aimerais l'inviter à venir passer l'été dans une yourte installée sur les quelques milliers de kilomètres carrés que je viens d'acheter dans le désert de Gobi pour une poignée de tugrigs. Ces terrains sont trop arides pour être cultivées mais copieusement arrosés, vu la chaleur estivale, on pourrait y obtenir de riches moissons. Au passage, ça me permettrait, pour reprendre la formule de Bernanos, de me faire des couilles en or !

Tu vois à quel point une réponse confirmant ce don exceptionnel conforterait mes espoirs. Si M. Hollande acceptait ma requête, il n'obligerait pas un ingrat : à lui les flots de lait de jument fermenté et les petites mongoles !

Reçois, Ô etc., l'expression de mon inconditionnelle admiration.

* Le Mongol juge les hommes avec une sévère objectivité
** respectivement : chameau sauvage, ours de Gobi, âne sauvage et antilope des steppes.

Je lui adresse ce jour la réponse suivante :

Salut Mon Brave !

Eh bien sois rassuré, M. Hollande attire bien la pluie. Seulement, la mise en œuvre de ton projet devra attendre un peu car cet été il aura fort à faire : continuer sa lutte victorieuse contre le chômage, passer trois fois par jour à la télé et encourager les actrices méritantes prendront tout son temps. Toutefois si tu sais te montrer patient, il devrait dès le printemps 2017 se trouver bien moins occupé. Nul doute qu'il se rendra avec plaisir à ton invitation. Il se pourrait même qu'il reste passer l'hiver au désert car ce serait pour lui une occasion rêvée de revêtir son costume favori et de retrouver ces hommes des steppes qu'il aime tant et qui ne le huent pas :



Je te laisse le soin de lui adresser ta requête qui devrait séduire son côté soiffard comme son tempérament de feu.

Bien le bonjour,

Jacques Étienne

PS : Il me semble que la formule que tu attribues à Bernanos serait plutôt de Paul Claudel.

jeudi 25 février 2016

Rééducation

Depuis quelque temps, on constate autant en Russie que dans certains pays de l'ex- bloc de l'Est de très mauvaises attitudes. N'entend-on pas l'infâme Poutine défendre les racines culturelles de son pays, ne voit-on pas le répugnant Orban empiler des réformes inadmissibles à coups de révisions constitutionnelles et renforcer indûment la protection des frontières de son pays avec la complicité de ses voisins polonais, slovaques et tchèques, ne voit-on pas des Allemands de l'Est se mobiliser par dizaines de milliers pour protester contre l'arrivée d'un petit million de migrants dans leur patrie réunifiée, un ministre polonais n'ose-t-il pas déclarer (horresco referens !) son scepticisme par rapport à certaines évolutions pourtant évidentes « Comme si le monde ne devait automatiquement aller que dans un seul sens, selon un modèle marxiste – un nouveau mélange de cultures et de races, un monde de cyclistes et de végétariens, qui ne mise que sur les énergies renouvelables et combat toute forme de religion. Tout cela n’a rien à voir avec les racines polonaises traditionnelles » ?

Comme vous et tous les vrais démocrates progressistes, de tels constats ont, dans un premier temps provoqué mon indignation comme ils ont provoqué les foudres de Bruxelles. Le plus inexplicable est que ces gouvernants semblent bénéficier d'un soutien populaire largement supérieur à celui que recueille, par exemple, un homme d'exception comme le président Hollande ! Ma colère se mue alors en stupéfaction ! Comment expliquer que des êtres que l'on peut supposer humains osent apporter le moindre soutien à de si nauséabonds régimes ?

Seulement, passées les premières réactions effarées, vient le temps de la réflexion. Il doit bien exister une explication rationnelle à ces phénomènes apparemment incompréhensibles ! Qu'ont en commun,ces brebis égarées ? Curieusement, ces Allemands, Polonais, Russes, Hongrois, Tchèques et Slovaques ont vécu des décennies durant sous la bienveillante férule du communisme dur. Peut-être en ont-ils conçu une certaine méfiance vis-à-vis de la variante rampante de cette merveilleuse idéologie qui s'est progressivement installée ces dernières décennies en Occident ?

Il ne faudrait pas oublier que le merveilleux système idéologique qui nous gouverne est le fruit d'un long travail. Ce n'est pas du jour au lendemain que l'on prend conscience que le loup est l'ami de l'agneau ou que le roi n'est pas nu, comme le croit cet imbécile d'enfant du conte, mais qu'il porte un magnifique habit de douche dont on ne peut qu'admirer la magnificence du papayou. L'esprit frustre se tient à de trompeuses apparences, confond invasion et enrichissement, prend des progrès incontestables pour des signes de déliquescence. Il faut l'éduquer ou plutôt le rééduquer.

Accepter l'adhésion à l'UE de certains pays sans qu'ait été préalablement observée une longue période de rectification des esprits fut probablement une erreur. Est-il encore temps d'y remédier ? On peut se le demander tant on peut constater, jusqu'au sein des plus avancées des nations occidentales, d'inquiétantes désaffections vis-à-vis de la bonne parole. Gardons cependant espoir : si nul n'est prophète en son pays, peut-être qu'en envoyant nos chantres du bien-penser dans les Pays de l'Est ils y remporteront l'adhésion des foules et sauront remettre ces âmes errantes sur le droit chemin...

La situation est grave mais pas désespérée.

mercredi 24 février 2016

Laos

Voilà un pays dont on parle rarement pour ne pas dire jamais. Et à juste titre. A la différence de son voisin chinois, le Laos est de taille bien réduite. Comparé à celle du Vietnam, sa population d'à peine 6,5 millions est ridiculement faible alors que leurs superficies sont voisines et que 1000 km de frontières communes permettraient sans problème aux Laotiens d'observer la manière dont les Vietnamiens s'y prennent pour être si nombreux. Du coup, ce pays connaît une densité ridicule, surtout pour un pays d'Asie. Coincé entre, au Nord, la Chine et le Myanmar (plus connu sous le nom de Birmanie), à l'Est le Vietnam, au Sud, le Cambodge et à l'Ouest la Thaïlande, le pays est totalement enclavé avec pour conséquence une totale absence de plages de sable blanc bordées de cocotiers. Ce qui n'est pas le moindre de ses nombreux handicaps.

Du point de vue géographique, on ne peut pas dire que la nature l'ait gâté. Un climat tropical alternant saison des pluies, grosso-modo en été et saison sèche le reste du temps. Bordé par le Mékong, fleuve inutile parce que difficilement navigable, on y trouve quand même quelques montagnes mais rien de vraiment significatif, vu qu'elles culminent à 2820 m.40% de son territoire est couvert de forêts sans que pour autant le pays soit un exportateur majeur de champignons.

L'histoire de ce pays commencerait, selon Wikipédia, au XIIIe siècle. Curieux, non ? A croire qu'avant ce pays n'était peuplé que d'éléphants, animaux dont l'inutilité est particulièrement marquée. En effet, en 1353 le royaume prit le nom de Lan Xan, ce qui en charabia local signifie « Pays du million d'éléphants ». De deux choses l'une soit le Laotien était vantard, soit ce pays en était littéralement infesté. Mais passons. Après avoir avoir été progressivement dominé par ses voisins, à la fin du XIXe siècle la France fit l'erreur de l'intégrer à l'Union Indochinoise avant de prendre la sage décision de lui accorder l'indépendance en 1954. S'ensuivit une guerre civile et pas mal de chaos jusqu'à ce que les Étasuniens jettent à leur tour l'éponge après avoir copieusement bombardé le pays comme ils aiment à le faire un peu partout. Une de leurs cibles favorites fut la Plaine des Jarres ainsi logiquement nommée à cause de la multitude de grandes jarres taillées dans la pierre qui la parsèment. D'une efficacité stratégique inexistante, ces bombardements ne sont cependant pas parvenu à les détruire toutes :


Depuis 1975, le pays est passé sous la bienveillante férule d'un régime communiste avec toutes les heureuses conséquences que l'on peut deviner.

Une des caractéristique de la population laotienne est son extrême diversité. Recenser l'ensemble des ethnies et de leur divers dialectes découragerait le plus zélé des Bénédictins. Malgré cela, et aussi étonnant que ça paraisse, le pays n'est pas vraiment riche. 163e pays du monde en terme de Parité de Pouvoir d'Achat, 73% de la population s'adonne avec plus ou moins d'enthousiasme à la culture du riz. Pour mettre un peu de beurre dans leur riz, les laotiens produisent également de l'opium. Ils en seraient le 3e producteur mondial. Sinon, ils exportent leur production minière.

Résumons nous : si vous aimez la misère, les étés pourris, le communisme, les éléphants, les langues incompréhensibles, la forêt et les grosses jarres de pierre, c'est la destination idéale. Si aucun de ces éléments ne vous attire, tout autre pays et même certaines régions françaises seront préférables.

lundi 22 février 2016

Lecture...

J'envie les lecteurs avides ! Je l'ai été. Ma soif de lecture me poussait, avant même l'école, à supplier mon frère aîné de lire pour moi. Ce qui, évidemment, l'ennuyait bien qu'il accédât parfois à mes demandes. Grand lecteur devant (et peut-être même derrière?) l'Éternel, je crois qu'à l'adolescence ce fut lui qui, achetant des livres tandis que mon père n'en lisait jamais et que ma mère se complaisait dans d'ennuyeuses bondieuseries, stimula cette passion.

L'été, à notre maison du bord de mer, je préférais rester à lire sous ma tente plutôt qu'aller à la plage. J'achetais une pile de livres de poche et passais la journée à lire, parfois plusieurs ouvrages par jour. Mes lectures furent désordonnées. Après une période Simenon vers onze douze ans, je me pris de passion pour les romans d'aventures. Dire que je comprenais tout serait exagéré. Je me souviens même, lisant Germinal en mon âge tendre, avoir pensé que la maîtresse d'un des fils était son institutrice ! Mais qu'importe ? Le livre était pour moi comme une porte de secours battant sur les étoiles, pour citer Ferré. Une échappatoire vers un monde moins terne que celui où je m'ennuyais. Cette passion fut plus qu'un feu de paille. Mais, comme bien des choses, le temps l'a affaiblie à mesure que d'autres occupations s'y substituaient.

Le temps est loin où j'attendais presque tout du livre. Sagesse, connaissance de l'âme humaine, savoir, dépaysement. Peut-être me suis-je si bien réconcilié avec la vie que le besoin se fait moindre d'en sortir ? Peut-être suis-je devenu exigeant ou blasé au point que peu d'auteurs trouvent grâce à mes yeux ? Peut-être aussi que, mon sens de la dérision s'exacerbant, je ne supporte plus que les livres légers ? Toujours est-il que, ces dernières années, seuls quelques auteurs m'ont vraiment rendu le goût de lire. Avec gloutonnerie, allant jusqu'à la quasi-indigestion, je me suis tour à tour empiffré de Terry Pratchett, de Robert Rankin ou de P G Wodehouse. Tous trois Anglais et humoristes à leur manière originale. Je lis bien de ci de là d'autres livres mais je transgresse de plus en plus la loi que je m'étais fixée de terminer tout livre commencé. S'il faillit à me donner une fringale de connaître la suite, j'abandonne l'ouvrage.

Le temps où je n'aurais su concevoir un jour sans lecture est révolu. Cuisine, bricolage, jardinage sont, entre autres, venus s'ajouter à mes intérêts. Maintenant, c'est une journée sans une quelconque activité manuelle qui me paraît perdue... Je continue cependant de ressentir une certaine envie quand j'entends ou lis quelqu'un décrire ses enthousiasmes vis-à-vis de livres qui me sont tombés des mains ou que je n'ai aucune envie de découvrir. Regret d'un paradis perdu ? Peut-être mais qu'importe si j'en ai découvert de nouveaux ?

Tiens, en prime, une chanson de Jean-Roger Caussimont à qui, ne l'oublions jamais, l'on doit les meilleures de Ferré. Je n'ai su trouver de version par l'auteur mais il n'en demeure pas moins que le texte reflète bien la légèreté venant de l'âge même si la mienne prend d'autres aspects.


dimanche 21 février 2016

Troll et buse ! (jeu de mots)

Depuis quelque temps déjà une personne (qui s'est revendiquée féminine) s'amuse, du moins je l'espère, à déposer force commentaires sur mon blog. Il semblerait que je ne sois pas le seul bénéficiaire de ses délicates attentions. Vu le côté totalement inepte de ses interventions, j'en retire une certaine perplexité.

Au temps béni des multiples et divers Léon, l'intention était maligne. Quels qu'ils soient, les Léon se montraient agressifs, critiquaient le manque d'intérêt de ma prose. Mais là, c'est tout autre chose. Ça va du néant à l'incompréhensible en passant par l'intempestif. Au point qu'on est amené à se poser des questions. La personne serait-elle démente ? Cherche-t-elle à nuire ? Ou au contraire, émue par la relative oisiveté qu'impose une météo défavorable, cherche-t-elle, en toute charité à me procurer un peu d'activité ? Supprimer ses interventions m'occupe, c'est vrai...

Pourtant, à la longue, ces suppressions s'avèrent un rien fastidieuses et quelque nobles que soient les motivations de la dame, s'installe une certaine lassitude. Seulement, comment s'en débarrasser ? Modérer les commentaires ne fait pas partie des habitudes du lieu et ne me dispenserait aucunement de la corvée d'effacement. Mettre des captchas ne ferait que compliquer l'accès à tous et n'empêcherait aucunement l' « Anonyme » d'intervenir.

La seule solution me paraît donc de prendre mon mal en patience. Tout finit par lasser... S'il faut pour cela des mois, eh bien on attendra. Le proverbe ne dit-il pas que « Si tu t'assois au bord d'une rivière et que tu attends assez longtemps, tu verras passez les corps de tes trolls » ?

PS : Il se peut qu'emporté par ma fougue épurative  je supprime des commentaires qui n'émaneraient pas de la personne en question. Je prie les éventuelles victimes  de ces inadmissibles censures de m'en excuser. Tant il est vrai que, comme disait mon professeur d'histoire-géo en Terminale, "on ne fait pas d'omelettes sans casser d’œufs" (il parlait en l’occurrence des menues erreurs du stalinisme).

vendredi 19 février 2016

Grave décision !

Il est des moments dans la vie d'un homme où de graves décisions s'imposent. Ils ne sont pas nombreux mais marquent des étapes. Il font qu'existe un avant et un après. Ainsi, moi qui vous parle, me suis-je récemment trouvé contraint à prendre position. Il y a un peu plus de huit ans, j'ai acquis cette modeste demeure qui me permet de profiter pleinement des agréments du bocage normand et de son climat vivifiant. Après plusieurs années de travaux, j'en ai fait un logement confortable. Seulement le temps passe et il me fallut bien reconnaître qu'avec lui la fraîcheur de la décoration s'étiolait. Soumis aux assauts des fumées de cigarette, tout commençait à perdre de son éclat. Que faire ? Se résigner à une lente déchéance ? Refaire à neuf les premiers aménagements ?

L'une comme l'autre solution me parurent inacceptables. Accepter que peu à peu tout se détériore est peut-être le fait du sage mais je lui en laisse le plaisir. Me lancer dans de nouveaux et coûteux travaux n'est pas très raisonnable à l'heure où je m'apprête à partir pour la Corrèze retaper ma nouvelle maison. C'est alors que me vint l'idée d'un compromis : l'opération GMH ou Grand Ménage d'Hiver. Elle consisterait à tout nettoyer du sol au plafond. Murs, meubles, tout serait récuré afin de retrouver un peu du pimpant originel. Depuis deux semaines, à raison de quelques heures par jour, armé d'éponges, de chiffons, de seaux, d'une serpillière, d'un escabeau, je déplace les meubles, récure jusqu'au moindre coin et peu à peu, pièce après pièce, tout s'améliore.

Dire qu'il s'agit d'une partie de plaisir serait exagéré. En fait, ménage et entretien m'ennuient profondément. Je préfère probablement créer mon environnement à y vivre. D'où l'idée de ma rénovation corrézienne. Et puis ça occupe plus utilement que les mots-croisés et la belote sur Internet qui m'aident à tuer l'ennui de cette interminable mauvaise saison.

jeudi 18 février 2016

De la neige, encore !

La Normandie est connue pour son climat doux mais quelque peu humide. Humide, c'est indiscutable mais doux... Enfin si on se base sur Cherbourg, ça se tient : souvent ville la plus chaude en hiver et la plus fraîche en été (du moins pour le Nord de la France). Seulement, au sud de la Manche, nous sommes a une centaine de kilomètres de ce port. Et puis, il y a l'altitude. 360 m, ça fait sourire mais ça se sent : les collines normandes sont souvent enneigées quand les vallées restent vertes. En  8 ans, je n'ai pas vu d'hiver sans neige. Que ce soit une mince pellicule ou que plusieurs dizaines de centimètres viennent bloquer les routes, elle est toujours là. Rien que cette année, réputée sans hiver, elle a du tomber quatre à cinq fois. Celle d'hier laissa le plus épais manteau.

22 h 40, ça tombe dru ! (ça continuera jusqu'à 4 h passées)



Dur lever du soleil pour les oiseaux !


Comme pour le camélia en fleurs,

les artichauts,

les bruyères,


ou les choux.

Les pas s'y enfoncent.

J'ai déneigé les bruyères car la neige ne leur réussit pas .


Certains m'envieront, mais j'ai la neige en horreur !

DERNIÈRE MINUTE :

Un de nos aimables commentateurs ayant exprimé son scepticisme quant au fleurissement du camélia, nous nous sommes empressés, dès la neige fondue sous les ardents rayons du soleil des collines de prendre une photo propre à dissiper ses doutes : 


mercredi 17 février 2016

Surgissements inattendus

Dans un excellent roman  dont j'ai déjà parlé (ici et ), à la page 180 d'icelui, Evremont aperçoit  la maigre bibliothèque de sa défunte mère. Parmi les auteurs dits « oubliés » qui la composent, un nom retient mon attention : Jean Hougron. Au début des années soixante-dix, j'avais apprécié l'exotisme de ses romans indochinois. Des années plus tard, je découvris, par le truchement de mon épouse, son Histoire de Georges Guersant qui me parut de loin supérieur au reste. Ma mémoire n'en conserve que le très vague souvenir d'un jeune homme qui s'échine à débrouiller l'inextricable contentieux qui existe entre la maison de commerce qui l'emploie et un client. Y consacre-t-il des mois ou des années avant qu'on ne lui fasse connaître la totale vanité de ses efforts ? Je ne saurais dire.  Mais ce côté absurde du travail m'avait séduit...

Toujours est-il que ma curiosité en fut piquée et que j'allai regarder si, par bonheur, ce roman ne se trouverait pas parmi mes livres. Ce n'était pas le cas. Des deux ouvrages, achetés en janvier 73, je décidai de relire Tu récolteras la tempête

En l'ouvrant, j'y trouvai une carte postale qui devait m'avoir servi de marque-page lors d'une précédente tentative de relecture. Elle se trouvait dans les premières pages, illustrant l'échec de cette entreprise. Datée d'octobre 79, la carte, une vue de la mosquée bleue d'Istambul, sous le message « Bon baisers de Russie » portait la signature de Béa et Babou. Tout d'un coup resurgit une époque. Celle qui me vit rencontrer ma première épouse dans un troquet de Tours dont le nom a déserté ma mémoire. Inséparables amies, les deux filles y tenaient leur QG.

 Quelques années plus tard j'épousai la plus vive et l'autre se maria avec le surnommé Babou, un gars qui fréquentait assidument ce même bar, vague étudiant en je-ne-sais-plus-quoi à qui le père de Béa finit par procurer un emploi dans l'entreprise qu'il dirigeait. La vie nous éloigna (c'est une des choses qu'elle fait le mieux) sans que les liens ne disparaissent. 

Bien avant le nôtre, leur couple battit de l'aile, l'un plongeant dans l'alcool, l'autre dans la mouise. Pour l'aider un peu nous embauchâmes un temps Béa au magasin. Expérience peu concluante. Babou, lui, vint un jour nous démarcher. Dire qu'il représentait bien sa société serait abusif. Portant des vêtements d'une propreté plus que douteuse, il nous narra ses errances hospitalières suite à ses menus excès et nous remercia d'avoir tendu la main à son ex. Nous n'entendîmes plus parler ni de l'un ni de l'autre. Que sont-ils devenus ?

Il arrive qu'au hasard d'une phrase, un mot ou un nom provoque une chaîne de retours inopinés, cependant le passé ne provoque en moi aucune nostalgie.

mercredi 10 février 2016

Un excellent livre ! (2)

M. Blogspot ayant jugé bon de remplacer mes tirets de dialogues par des puces, je prie mes éventuels lecteurs d'excuser ce désagrément qu'un manque de patience m'a prévenu de corriger.



Le quadragénaire entra dans la librairie J'aime l'ire *. Il avait ce regard un rien désabusé de qui a essuyé bien des typhons et fréquenté les bordels de Ouagadougou.

Ne voyant personne, de la prothèse métallique qui remplaçait un bras perdu lors d'un adultère un peu compliqué avec une naine malgache, il frappa le comptoir afin d'attirer l'attention.

Une jeune personne apparut de derrière les rayonnages et, l'ayant salué lui demanda si elle pouvait l'aider.

  • Eh bien mademoiselle, j'aimerais que vous me conseillassiez un bon roman. Quelque chose de couillu, si vous avez...
  • Qu'entendez-vous au juste par là, s'enquit la brunette potelée qu'une coquetterie dans l’œil n'empêchait aucunement d'être appétissante comme un brugnon de Touraine (ou comme un plat de tripes à la mode de Caen, suivant les goûts) ?
  • Disons pas un de ces livres qui ne visent qu'à déclencher les rires gras à coups de plaisanteries de garçon de bains comme la Recherche ou La Guerre et la paix, quelque chose de sérieux sans être austère...
  • Mais encore ?
  • Ben, un roman avec des personnages bien campés, dont les destins s'entrecroisent sans qu'une vache soit en mal d'y retrouver son veau comme chez Dos Passos. Où l'on moquerait à l'occasion les travers de notre époque sans tomber dans le prêchi-prêcha. Où seraient évoquées les difficultés de communication inter-générationnelles. Où l'amour adolescent croiserait la solitude de l'âge mûr et la pholie** pathétique d'un jeune homme en recherche floue...
  • Certes, certes, mais dites m'en un peu plus : voudriez-vous de l'aventure, du sexe débridé ?
  • Pourquoi pas, mais pour l'instant je recherche surtout un bon roman...

S'apercevant de l'ambiguïté de sa question, Brigitte, car tel était son nom, précisa :

  • Je voulais dire dans le livre...
  • Ah oui, excusez ma bévue. Du sexe, il en faut bien un peu mais sans excès, on oscille entre la bête et l'ange, pas vrai ? Comme il faut quelques cuites héroïques, un service municipal de la clownerie et du bord de Loire. Très important, le bord de Loire, voyez Balzac. Si en plus pouvait venir se mêler aux personnages de fiction un écrivain célèbre bien déglingué dont serait peint un portrait croquignolesque, ce serait bien...
  • Je crois que j'ai quelque chose susceptible de satisfaire vos attentes , dit l'avenante Brigitte.
  • Je n'en doute pas, déclara l'homme en plongeant un regard ravivé dans son généreux décolleté.

S'étant dirigée vers le rayon des romans français, Brigitte en revint avec à la main un volume couvert de rouge qu'elle posa sur le comptoir :

  • Je viens d'en terminer la lecture : vous y trouverez ce que vous souhaitez et tout ça dans un style léger, élégant, sans être précieux.
  • Le Chef-d'oeuvre de Michel Houllebecq ? J'en ai déjà lu, sur un excellent blog une magistrale critique mais elle ne concernait que l'objet-livre. Le ramage se rapporte-t-il au plumage ?
  • Il le surpasse, il le surpasse ! Et de loin !
  • Je le prends, tant votre votre jugement littéraire me paraît sûr, dit l'homme tout en découvrant les rondeurs fessières de Brigitte qui s'était un instant retournée pour décrocher un sac plastique de la liasse fixée au mur, avant de rajouter :
  • Tant que j'y pense : Appréciez-vous le troc ?
  • Le troc ?
  • Oui. Si vous le vouliez, je vous montrerai comme on danse en Afrique en échange de vos impressions de lecture...
  • Je termine à dix-neuf heures répondit une Brigitte toujours avide de parfaire ses connaissances exotiques et de parler bouquins.

    *Jeu de mot dû à Algide Dubreuil, fondateur dans les années trente du siècle dernier de la librairie, qui voulut ainsi combiner les allusion à son caractère irascible, et à sa passion du livre et des mots croisés.
    ** Moi aussi je réforme !


lundi 8 février 2016

Jusqu'où descendront-ils ?


Je me suis rendu sur le site facebook de soutien au général Piquemal. J'ai voulu inviter mes amis à m'y rejoindre. Ce ne fut pas possible. Voici le message que j'ai obtenu :



A croire que les ordis de facebok sont trop faibles pour satisfaire la demande !Curieusement, il y a quelques minutes, le message était différent, il ne parlait que de blocage sans justification. Qui bloque ? Peu importe : Apportez votre soutien, partagez ce billet, diffusez ce lien :https://www.facebook.com/soutiengeneralpiquemal/?fref=ts

dimanche 7 février 2016

Combien de temps tiendra la digue ?

La gauche est aux abois. J'en veux pour preuve la manière musclée dont elle a fait disperser par la police une manifestation pacifique et interpeller un général de corps d'armée de 75 ans dont le comportement au moment de son arrestation n'avait rien de commun avec celui des hooligans des soi-disant ZAD. Car si un rassemblement d'un petit millier de braves gens se mobilisant de manière festive (défilé-carnaval, bris de vitrines, jet de projectiles sur les forces de l'ordre) est tout à fait tolérable, une centaine de protestataires pacifiques contre la présence de migrants à Calais mettent en danger la paix civile. Si vous en doutez, les chiffres parlent d'eux-mêmes : 20 interpellations à Calais, 5 à Rennes.

Un autre signe en est que nos chers journaleux d'État ou du privé, ayant de plus en plus de mal à dissimuler que leur doxa est remise en question et pas seulement par des abrutis dégénérés au discours inarticulé, prennent une posture victimaire : la « pensée unique », ce n'est pas eux, ce sont ces intellectuels dévoyés qui éructent leur parole nauséabonde devant des micros qu'une coupable indulgence laisse leur tendre. Leur superbe méprisante passée se mue en héroïsme résistant. Ils mènent désormais un combat inégal contre la horde montante des putrides. Ils continuent d'utiliser la même rhétorique qui leur a valu de multiples défaites mais laissent ouvertement poindre leur crainte d'être vaincus et de voir le FN prendre le pouvoir avec les conséquence apocalyptiques que tout esprit sain ne peut manquer d'imaginer.

Tant bien que mal, la digue idéologique tient. Car des décennies d'efforts conjugués du système politico-médiatique ont su inspirer une sainte trouille d'un « fascisme » entièrement fantasmé au point que bien des gens dont l'esprit s'est, comme on dit, « lepenisé » continuent de porter leurs suffrages sur des candidats qui prônent des politiques contraires à leurs aspirations. Seulement, une telle attitude qui frise la schizophrénie peut-elle réellement perdurer ? Combien de temps pourra-t-on nier certains problèmes qui mettent de manière évidente en cause la cohésion de notre nation ? Pourra-t-on longtemps continuer de criminaliser certaines opinions ?

En faisant passer le général Piquemal qui n'a fait que braver les diktats d'un état d'urgence à géométrie variable en comparution immédiate, ne risque-t-on pas de favoriser la prise de conscience qu'il existe deux poids et deux mesures ? Ne risque-t-on pas ainsi de faire sourdre dans certaines esprits l'inouïe conscience que les sectaires, les intolérants, les autoritaires, les haineux ne sont pas ceux que l'on croit ?

vendredi 5 février 2016

De quelques innovations linguistiques

Ayant largement exprimé mon opinion sur l'inutile et négligeable réformette de l'orthographe prônée par Mme Vallaud-Belkacem dans des commentaires chez Suzanne, ceux qui seraient intéressés de la connaître peuvent s'y rendre.

Tel n'est pas l'objet de ce billet. Je voudrais plutôt évoquer certaines tendances qui pour des raisons obscures se répandent dans les media.

Une d'elle est celle de placer l'accent sur la mauvaise syllabe. M. de Closets me semble avoir été l'initiateur de cette innovation. Une des caractéristiques principales de la langue française est d'avoir , suite au renforcement de l'accentuation de l'antépénultième latine par nos envahisseurs germaniques, vu la chute des syllabes finales créant ainsi de nombreux homonymes et accessoirement faisant porter l'accent sur celle qui était devenue finale d'un groupe d'articulation. En résumé, en français, on accentue uniquement la dernière syllabe d'un groupe de mots. Eh bien, afin de donner à leurs énoncés un peu de relief, journalistes et commentateurs divers se sont affranchis de cette règle et accentuent volontiers la première syllabe des mots. Exemple : alors qu'un locuteur normal dirait « Envisageons le délicat problème de la raréfaction du topinambOUR » un chroniqueur digne de ce nom prononcera, s'il est en grande forme « ENvisageons la RAréfaction du TOpinambour ». Un peu dopé, il ira jusqu'à « TOpiNAMbour » mais une telle prouesse requiert un entraînement rigoureux et n'est donc pas à la portée de tous.

Une autre curieuse tendance est la modification du degré d'aperture des voyelles. Ainsi, la dame de la météo annoncera-t-elle qu'il devrait pleuvoir sur les [kɔt] de la Manche ( tu parles d'un scoop!) et non comme il conviendrait sur les [kot] laissant ainsi supposer que ceux qui ne portent pas de cottes de travail pourront sortir sans parapluie. Il n'y a pas que la prononciation du o qui se trouve modifiée sur les ondes. Ainsi ai-je noté de curieuses réalisation des phonèmes [e] et [a] qu'on a tendance à ouvrir de bien curieuse manière donnant des sons jusqu'ici inouïs en français standard.

Je ne sais si vous avez remarqué ces phénomènes mais personnellement leur fréquence grandissante me choque autant que mes considérations phonétiques vous endorment. A ceux qui ont eu le courage de me suivre jusqu'ici, un grand merci !

jeudi 4 février 2016

Rions avec la CGT !

Depuis le départ de Mme Taubira du ministère de la justice, la scène comico-politique connaissait une crise grave. Bien sûr, il nous restait Mmes Royal et Vallaud-Belkacem ainsi que M. Cazeneuve. Mais, soyons lucides, si leurs efforts pour nous distraire sont méritoires leurs résultats sont mitigés. Les éternelles tergiversations et autres promesses de « remises à plat » de l'une, la réforme du collège et les études de genre de l'autre, l'interdiction de manifester à Calais sous prétexte de risque de trouble à l'ordre public du dernier (comme si un calme olympien régnait dans la cité!) sont des tentatives louables, certes, mais tout au plus font-elles s'esquisser de pâles sourires. Il nous fallait quelque chose de plus fort.

Vous en aviez rêvé, la CGT vous l'offre ! En ce mardi 4 février de l'an quatre de la moi-présidence, ce syndicat, par solidarité avec les « Goodyear » condamnés, organise une grève du métro. Bafouant le droit imprescriptible que toute personne ou tout groupe a de séquestrer son prochain, une justice de classe a en effet osé infliger des peines de prison à des gens qui ont agi, avec le succès qu'on a pu constater, pour le bien commun. Il était urgent que l'on marquât le coup. Seulement, à part à la SNCF ou à la RATP, malgré une lente érosion, les bastions du syndicat cryptocommuniste se font rares et son pouvoir de nuisance se réduit, ce qui nuit à sa capacité de destruction de l'emploi. C'est donc la RATP qui s'est dévouée.

L'idée est excellente et gagnerait à se généraliser. En effet, ce ne sont pas les occasions de se solidariser avec les malheurs d'autrui qui manquent. On pourrait donc envisager que plutôt que d'organiser, avec un succès parfois mitigé, des grèves là où se posent les problèmes, ces dernières se trouvent centralisées soit à la RATP, soit à la SNCF où elles connaissent d'autant plus de succès qu'il est aisé de bloquer le système en mobilisant une partie des conducteurs tandis que les autres personnels pointent consciencieusement. Des licenciements dans les conserveries de sardines ? Grève à la RATP ! Une remarque désagréable adressé par un cadre à un employé du gaz ? Grève à la SNCF ! On pourrait multiplier les exemples.

Et puis à l'heure de la mondialisation, ne pourrait-on pas envisager que la CGT centralise dans ses bastions toutes les revendications de la planète ? Les « Durex » de Qingdao souhaiteraient une petite augmentation ? On bloque le RER B ! Des licenciements à Detroit chez General Motors ? Plus de TGV 15 jours durant ! L'heure est à la spécialisation, se concentrer sur son cœur de métier est d'actualité, or dans quel domaine ces entreprises excellent-elles sinon dans celui de l'arrêt de travail ? La grève d'aujourd'hui n'est qu'un premier pas dans la bonne direction.

Et puis ne boudons pas notre plaisir : voir de braves Parisiens de gauche contraints de marcher des heures sous la pluie sans que leur conscience politique leur permette d'oser critiquer la cause de leurs déboires est d'un comique irrésistible.