La
connaissance approximative qu’avait ce vieux noceur de La Fontaine du
comportement de la bête s’explique par le fait qu’à son époque celle-ci était
mal connue. Il fallut en effet attendre 1827 pour que la première arrivât en France.
Saluons au passage l’étonnante patience de nos aïeux. Cadeau du vice-roi d’Égypte
Méhémet-Ali à Charles X ( à l’époque, quand un dirigeant Égyptien voulait faire
plaisir à son homologue français, il lui offrait une girafe. Aujourd’hui il lui
achète quelques Rafales. Les temps ont bien changé !), cette girafe se
rendit de Marseille à Paris en partie à pied et provoqua sur son passage un
engouement populaire qui ne se démentit pas lorsqu’elle fut exhibée trois ans
durant au Jardin des plantes.
Au
fond, il valait peut-être mieux qu’on ne la connût pas trop. Taciturne au point
qu’on pourrait la croire muette, son éternel silence est dû à une fierté peu
commune doublé d’un total manque de conversation et d’une tendance très marquée
à la bouderie. Une autre curieuse caractéristique de ce ruminant est qu’il ne
dort pratiquement pas : deux heures par jour lui suffisent et encore ne
fait-il que somnoler, gardant l’œil ouvert. Du coup, la girafe est le seul
mammifère terrestre qui ne baille pas. Il faut dire à sa décharge que sur les
lieux qu’elle hante on reçoit très mal ARTE.
Le mâle girafe en conçoit une grande amertume car, pour lui, il est difficile
de courir la gueuse ou d’aller faire la bringue avec ses potes sans que sa
femme s’en rende compte et se mure dans un silence réprobateur. Une fois par
an, la femelle met bas et, comme on pouvait s’en douter, se montre très
mauvaise mère : si au bout d’une heure son petit n’est pas debout, elle l’abandonne
et parfois même le tue.
Orgueilleuse,
mère indigne et épouse tyrannique, vous vous doutez que la girafe n’a pas
beaucoup d’amis. Curieusement, elle semble ne pas avoir beaucoup d’ennemis non
plus. Ses seuls prédateurs seraient le lion, la hyène, le lycaon, le léopard,
le crocodile et le milliardaire Nord-Américain. Seul ce dernier s’en prend aux adultes en
pleine santé. Les autres, trop lâches, s’attaquent de préférence aux petits,
surtout quand ils portent de lunettes (et que ceux-ci ont échappé aux tentatives d’infanticide
de leur maman), et aux adultes malades ou vieillissants. Quoi qu’il en soit, l’animal
est protégé et dans certaines régions elle est même en progression. Ce n’est
pas le cas du Mortainais où elle stagne.
Pour
finir, intéressons-nous à une expression populaire : « Faire ça ou peigner la girafe… ».
Pour M. Robert, « peigner la girafe »
signifierait « faire un travail
inutile et long ». Je n’en suis pas d’accord et ceci parce que peigner
une girafe n’est pas inutile. En effet, si le coiffeur est talentueux, la girafe,
sans devenir séduisante, devient un peu moins répugnante, ce qui est déjà ça…
Vous
en savez désormais plus qu’il n’est nécessaire sur ce mammifère, remerciez-moi
puis partez, enseignez toutes les nations. De mon côté, je vais jardiner.
Il ne faut pas médire d'Arte, les programmes de l'après-midi se laissent regarder alors que chez les concurrents ils sont absolument imbuvables. Ils ont en plus une préférence marquée pour le sud-est ou nord-est asiatique, bref pour l'Asie en général et cela intéresse énormément mon mari vietnamien..
RépondreSupprimerJe ne saurais dire vu que je ne regarde jamais la télé l'après-midi.
SupprimerMon mari dépendant, oui; c'est ainsi que je l'ai su.
SupprimerJ'espère que votre prochain billet traitera du lycaon car mes connaissances sur cet animal sont minces pour ne pas dire tout à fait nulles.
RépondreSupprimerN.B. On ne peigne pas la girafe chez monsieur Littré !
Certes mais on peut coiffer une girafe de mille dreadlocks ...
SupprimerM. Robert, lui, en parle.
SupprimerPour ce qui est du lycaon, j'espère, vu le côté sympathique et peu agressif de la bête, qu'on l'introduira bientôt dans nos collines. Ça compenserait l'absence, provisoire, de loups et me permettrait d'effectuer et de transmettre des observations de première main.
Girafe rimant avec épitaphe, ne pas confondre six girafes avec "Ci-git Ralph" ...
RépondreSupprimerD'un autre côté, il faut avoir la vue bien basse pour confondre un tombeau et un groupe de girafes.
SupprimerOn attend un reportage ronflant sur le dodo....
RépondreSupprimerAh oui, ça m'intéresse au plus haut point!
SupprimerIl paraitcque ce serai un grafon qui aurait invente le parachute. On se demande bien pourquoi.
RépondreSupprimerJe ne vois vraiment pas...
SupprimerJ ' ai l ' impression que la méchanceté sarcastique de l ' auteur à l ' endroit de ce pauvre animal
RépondreSupprimervient d ' un très vieil incident : vers 5 ou 6 ans , sa petite amie lui a brutalement préféré Sophie , sa
girafe en caoutchouc ! Cette rumeur étant colportée par BHL ou Patrick Cohen , elle est bien sûr à
prendre avec de très longues pincettes , s ' pas ? : )
Jérôme
J'apporte à vos insinuations un ferme démenti ! Ne serait-ce que parce qu'à six ans je n'avais pas de petite amie. Ensuite, parce que de mon temps, Sophie la girafe n'existait pas, du moins que je sache. Ces temps étaient rudes : pour Noël, les plus fortunés avaient une orange, les pauvres devaient se contenter d'un dessin ou, dans le meilleur des cas, d'une photo d'orange en noir et blanc découpée par leurs parents dans un journal récupéré dans une poubelle de riches. C'était comme ça mais nous étions heureux, ne serait-ce que d'avoir miraculeusement survécu jusqu'à un nouveau Noël
Supprimer"De mon côté, je vais jardiner".
RépondreSupprimerAh, si un certain Nicolas bien incertain pouvait en faire autant, tel Raymond Mondet ...
"J'apporte à vos insinuations un ferme démenti !"
RépondreSupprimerCher Jacques !
J'ai souvenir, sauf mémoire flanchante, qu'à une époque giscardo-marchaisienne le démenti se voulait catégorique et méprisant ...
Peut-être, mais moi je ne sais être que ferme !
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