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samedi 1 septembre 2012

Morts pour des conneries




Le 25 août, Noix Vomique publiait un texte de Michel Audiard consacré à la libération de Paris et aux exactions qui eurent alors lieu.  Cela m’a ramené à la mémoire les récits que ma mère m’avait faits de cette période dans son village du Trégor. Rien de bien glorieux. Et bien des morts inutiles.

Les Américains fonçaient sur Brest. La garnison Allemande quitta le village avant qu’ils n’arrivent, prenant la même direction. Se croyant libérés,  certains s’empressèrent d’aller piller leurs réserves et se promenaient fièrement avec aux pieds de belles bottes allemandes.

Seulement, les allemands rebroussèrent chemin. Probablement pour ralentir l’avancée américaine.  Comme partout, les résistants, qu’ils soient de la première ou de la dernière heure, étaient  sortis de la clandestinité. Ce qui rendait cette armée en quasi-déroute plutôt nerveuse.  C’est ainsi qu’un ivrogne qui titubait entre ses rangs de haricots à rames fut abattu à tout hasard. Des voleurs de bottes furent fusillés.

Je me suis toujours posé la question : ces victimes collatérales des conflits, comment les caractérise-t-on ?  Sont-elles inscrites sur les monuments ? Les déclare-t-on mortes pour la France ? Ça aurait plus de gueule que « mort pour avoir piqué des godasses » ou « pour n’avoir pas eu la sage idée de rester cuver à la maison ».

11 commentaires:

  1. Ayant trouvé un site évoquant le monument de la résistance du bourg, je trouve parmi les victimes un gars qui aurait été blessé par balles sans raison par un soldat allemand alors qu'il coupait du trèfle et qui en mourut quelques jours plus tard. A quelques détails près, l'histoire eszt donc confirmée. Je ne vois d'ailleurs pas pourquoi, ma mère n'étant pas mythomane, elle serait allée inventer une telle histoire... De beaucoup d'autres "héros" ou de victimes de la barbarie nazie il n'y est absolument rien dit.

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  2. Je trouve, toujours inscrit sur ledit monument, un marin mort à Mers El Kébir, tué par les anglais lorsque leur flotte attaqua la flotte française ! Résistant à quoi ? Victime de la barbarie anglaise ?

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  3. Telle que je relis votre histoire, j'imagine plutôt vos braves Bretons à cloche-pied.

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    1. Je ne saisis pas bien pourquoi ils iraient à cloche pied. Éclairez ma lanterne !

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    2. Parce que vous avez écrit : "se promenaient fièrement avec au pied de belles bottes allemandes", alors que de mon point de vue, pour se promener fièrement il vaut mieux avoir des bottes aux pieds !

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    3. Admettons, je corrige de ce pas allègre qui me caractérise! Et non à cloche pied.

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    4. C'est évident que ce n'était qu'une petite connerie de mon esprit primesautier.
      Mais si vous voulez que je vous parle du sujet du jour, il faudrait aussi parler de tous ceux qui ne sont pas morts, parce que par la connerie de leurs dirigeants, ce sont d'autres qui sont morts.
      Ainsi j'ai toujours entendu ma mère me dire que c'était la bombe de Hiroshima qui avait permis que nous soyons encore en vie, alors qu'on entend toujours des horreurs sur la bombe sans jamais que ne soient incriminés les fous responsables du Japon qui ont entrainé leur peuple à subir ce cataclysme nucléaire où il a fallu rien moins que deux bombes pour qu'enfin ils acceptent la reddition.
      C'est vrai qu'on s'est un peu éloigné des Bretons en goguette avec des bottes d'Allemands aux pieds !

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  4. Sur le monument aux morts de Palaiseau, il y a une plaque intitulée "victimes civiles" où figurent les noms d'icelles, mortes dans un bombardement, tuées d'une balle perdue, etc.

    A chaque 8 mai et 11 novembre, les noms des morts au combat sont lus ainsi que ceux de ces fameuses victimes civiles, le maître de cérémonie termine alors l'énumération par un grave et sonore "morts pour la France". Ce qui me fait toujours bondir puisque les victimes civiles sont mortes... pour rien ou pour autre chose que pour la France.

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    1. Avouez que certaines présences que je signale sur un monument à la gloire de la résistance est pour le moins aussi déplacée !

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  5. Voici ce que disait Monsieur Brel sur les inscriptions en bas des statues.

    J'aimerais tenir l'enfant de Marie
    Qui a fait graver sous ma statue
    "Il a vécu toute sa vie
    Entre l'honneur et la vertu"
    Moi qui ai trompé mes amis
    De faux serment en faux serment
    Moi qui ai trompé mes amis
    Du jour de l'An au jour de l'An
    Moi qui ai trompé mes maîtresses
    De sentiment en sentiment
    Moi qui ai trompé mes maîtresses
    Du printemps jusque au printemps
    Ah cet enfant de Marie je l'aimerais là
    Et j'aimerais que les enfants ne me regardent pas

    J'aimerais tenir l'enfant de Carême
    Qui a fait graver sous ma statue
    "Les Dieux rappellent ceux qu'ils aiment
    Et c'était lui qu'ils aimaient le plus"
    Moi qui n'ai jamais prié Dieu
    Que lorsque j'avais mal aux dents
    Moi qui n'ai jamais prié Dieu
    Que quand j'ai eu peur de Satan
    Moi qui n'ai prié Satan
    Que lorsque j'étais amoureux
    Moi qui n'ai prié Satan
    Que quand j'ai eu peur du Bon Dieu
    Ah cet enfant de Carême je l'aimerais là
    Et j'aimerais que les enfants ne me regardent pas

    J'aimerais tenir l'enfant de salaud
    Qui a fait graver sous ma statue
    "Il est mort comme un héros
    Il est mort comme on ne meurt plus"
    Moi qui suis parti faire la guerre
    Parce que je m'ennuyais tellement
    Moi qui suis parti faire la guerre
    Pour voir si les femmes des Allemands
    Moi qui suis mort à la guerre
    Parce que les femmes des Allemands
    Moi qui suis mort à la guerre
    De n'avoir pu faire autrement
    Ah cet enfant de salaud je l'aimerais là
    Et j'aimerais que mes enfants ne me regardent pas.

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  6. Bien souvent ça s'est arrangé à l'amiable, ce genre de
    truc, surtout après la dernière guerre...

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