Treize jours sans le moindre mot de
billet. Ça ne s'arrange pas ! Mais j'ai une excuse, au moins
pour ces derniers six jours : en effet, ma fille est venue
passer des vacances en ma compagnie, avec pour effet de perturber ma
routine mais de manière agréable.
Tout en respectant son besoin de repos,
le séjour fut actif : visite des haras de Saint-Lô et du Pin,
d'une abbaye, d'une ville médiévale (Domfront), du marché aux
bestiaux (moutons et veaux) de Sourdeval. Poissons ou saucisses
grillés au barbecue, pommes de terre nouvelles du jardin sautées au
beurre, petits artichauts de la même provenance, fraises, framboises
et grains de cassis grappillés au même endroit : les papilles furent
à la fête. Pour une fois, le temps consentit à mettre du sien et
démontra que les collines connaissent des jours sans pluie ni neige
ni grésil et que l'été n'y est qu'en partie une légende que se
plaisent à évoquer les vieux à la veillée. De longues
conversations vespérales ne furent pas le moindre piment de ce trop
court séjour. Visiblement ravie, ma fille est partie hier, prenant
le train à la gare de Vire.
Et me voilà de retour à ma routine de
solitaire à temps partiel. Certes, comme elle le souligna, ça n'a
pas que des inconvénients : on peut, entre autres choses, se
promener de nouveau nu dans la maison, des plumes de paon fichées
dans le cul, en imitant la démarche du coq... Hélas, cet innocent
passe-temps n'est pas de ceux que je pratique aussi cette aimable
suggestion ne sut pas dissiper le vague à l'âme qu'occasionna son
départ.
Surtout que ces vacances sont peut-être
les dernières passées seul à seul en sa compagnie à cause de son
prochain mariage. Ainsi va la vie.