Minou, cet animal griffu, jovial autant
que plaisantin qui lacérait avec entrain le cuir de tes fauteuils
n'est plus. Ta douleur est immense. Tu t'apprêtes à faire incinérer
sa dépouille tandis qu'avec angoisse tu te demandes quel quadrupède
pourrait le remplacer. J'ai la solution a tes problèmes : le
diable de Tasmanie.
Entendons nous bien : il ne s'agit
pas d'un véritable démon auquel on pourrait vendre son âme :
ce brave marsupial n'a pas plus le rond qu'il ne collectionne les
âmes. S'il s'est vu attribuer ce curieux nom c'est parce que son cri
strident effraya les premiers Blancs qui accostèrent sur cette île
au sud de l'Australie. Notons au passage que cette particularité
vocale est d'un grand intérêt. Grâce à elle, Témoins de Jéhovah,
huissiers et autres fâcheux hésiteront à venir vous déranger.
Ce petit animal, de la taille d'un
chien, est le plus grand des marsupiaux carnivores depuis que le
tigre de Tasmanie (qui n'était pas plus un tigre que notre diable
n'en est un) a disparu en 1932 dans des circonstances qui restent à
éclaircir. Trapu, de couleur noire, il emmagasine ses réserves de
graisse dans sa queue boudinée (particularité que Dieu nous a épargnée). Ses pattes antérieures, plus
longues que les arrière, lui donnent un faux air de ce doux
compagnon que nous évoquions
ici en décembre 2015. Il n'est pas très rapide, ne pouvait que
sur de courtes distances atteindre 13 km/h. Ainsi, si le vôtre
s'avérait fugueur vous n'auriez pas de mal à le rattraper. Mais
plutôt que de longs discours, un portrait serait de nature à vous
faire apprécier sa bonhomie :
Mignon, il l'est mais il n'est pas que
ça. Je signalais qu'il était carnivore et donc chasseur car en
Tasmanie, les alouettes ne vous tombent pas plus toute rôties dans
le bec qu'en notre beau pays. Si votre appartement ou votre maison
sont infestés de rats, de serpents ou des tout autre animal, votre
diable vous en débarrassera bien vite. Opportuniste, il est
également charognard. Ainsi, du cadavre de ce pauvre Minou, il ne
vous laissera rien car en plus de la chair et des entrailles, il
dévore avec entrain fourrures et os. Ainsi, il vous épargnera
déplacement et frais d'incinération, ce qui est toujours bon à
prendre.
Nul n'est cependant parfait. Bien
qu'appliqué, Dieu, vue l'ampleur de la tâche, n'a pu éviter que
ses créatures présentassent de menus défauts. Ainsi le bar (ou
loup) a trop d'arêtes, le crapaud un physique ingrat et les Rolls
Royce sont un peu chères. Notre diable n'échappe pas à la règle :
il ne faut pas l'agacer car, stressé, il répand une puanteur digne
de celle de la moufette (ou sconse). De même, à moins que vous
n'ayez à faire disparaître rapidement le cadavre embarrassant de
quelque ennemi, nous vous déconseillons d'en adopter plusieurs, car
lorsqu'ils dévorent de conserve une charogne, ils tendent à se
disputer et poussent des cris audibles à des kilomètres. Ce qui
risquerait de ternir votre images auprès de vos voisins.
En résumé, un Nouvel Animal de
Compagnie quasiment parfait.