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dimanche 4 août 2019

M. Georges

Contrairement à ce que certains pourraient penser, je ne vais pas ici parler d'un patron de boxon mais d'un mien professeur. Un de ceux qui vous aident à ne pas trop penser. 

Alors que je suivais des cours au CFPEG de Tours, je l'aperçus sous le préau. Il était grand, un peu voûte comme ceux qu'une rapide croissance a voûtés. Je m'approchai de lui et, pensant que le flatter sur son enseignement lui plairait, je lui adressai la parole. A ma surprise, mon enthousiasme le laissa de marbre. De sa voix douce et un peu lasse, il me déclara : « Voyez-vous, nous approchons des vacances et, quand on y réfléchit, des vacances, on n'en a pas tellement dans une vie... » Mes louanges en furent douchées mais se créa entre nous une sorte d'amitié.

Je me souviens que, lui demandant pourquoi il s'était donné la peine d'être agrégé, il me répondit que, sa femme étant promise à sortir majeure de sa promotion de Normale Sup, il n'avait pas le choix. Une autre fois, il se déclara l'agrégé le plus ignare de France. Toutefois, je me souviens de l'entendre me dire que s'il avait à emporter des livres sur une île sans espoir de retour il emporterait des classiques grecs et latins. On ne se refait pas...

Avec mes meilleurs copines, nous fûmes invités dans son beau studio du vieux Tours, il nous invita dans des restaurants classieux et nous l'invitâmes chez moi.

Quand j'épousai Nelly, je l'invitai. Il assista à la cérémonie mais, plutôt que de participer aux agapes, il préféra nous inviter le lendemain à l'Hostellerie du Roi à Guingamp où nous nous régalâmes d'une araignée magnifique.

Nous nous revîmes un peu plus tard dans sa maison de bord de mer où son épouse encouragea Nelly à me pousser à préparer l'agrégation comme si ç'avait été une chose capitale. Il n'empêche que c'était gentil de sa part.

Quelques années pus tard, je l'aperçus dans un supermarché de Lannion. Il avait l'air bien affaibli. Il m'apprit qu'il avait subi une opération à cœur ouvert. Il nous convia à dîner. Les choses avaient bien changé. Arrivant en Mercedes, sa villa de bord de mer me parut une bicoque. Nous dînâmes autour d'un feu, buvant du Four Roses puis de bons vins. Il me rappela qu'un temps fut il m'arrivait de tenir des propos cryptocommunistes. Eh oui, les temps changent et j'avais bien changé...

Plusieurs années passèrent. Mes heures de « gloire » aussi. Me trouvant dans la panade, j'essayai de le contacter des fois qu'il eût pu me conseiller. Sa femme me répondit qu'il était hospitalisé pour des problèmes cardiaques. Ce furent les dernières nouvelles que j'eus de lui.

Je suppose qu'il est mort aujourd'hui, ce serait de son âge... Peu importe au fond, ce qui reste, M. Somerville, c'est que vous fûtes pour moi un maître.

PS : Je rouvre les commentaires de manière à ce que les sous-merdes qui viennent déposer ici leurs anémiques étrons puissent exposer à qui veut les lire l'incommensurable néant de leurs tentatives d'expression.

6 commentaires:

  1. Quand les vieux souvenirs vous remontent en mémoire comme des bouffées de chaleur incontrôlables, c'est que le spleen ou, pire, l'âge font des leurs.
    Je connais ça également, il m'arrive même de rougir encore en me remémorant des faits et gestes datant de plusieurs décennies.
    Trop tard...

    Le Page.

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    1. Le spleen ET l'âge, peut-être. Il m'arrive également d'être assailli de remords pour des faits insignifiants et prescrits de longue date.

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  2. Voulant savoir ce que ce CFPEG pouvait bien cacher, j'eus l'idée de m'adresser à M. Google qui me conseilla d'essayer CFPET ou d'aller voir "Vu des Collines : août 2019". J'étais bien avancée !
    Que nous raconte l'Oncle Jacques aujourd'hui ? Encore jeune homme il veut flatter un de ses professeurs, prend une bâche, et s'en fait un ami de toute la vie.
    Mais je suis retournée chez M. Google et j'ai tapé : Georges Somerville.
    Et là j'apprends qu'un certain Pierre Prigent a écrit un ouvrage intitulé : "Mon grand-père le Pasteur Georges Somerville (1868- 1945). Ce n'était évidemment pas de notre "M. Georges" qu'il s'agissait, mais je lus : "Au soir de sa vie, l'auteur se sent appelé à brosser le portrait de son grand-père, PIONNIER DE L'ÉVANGÉLISATION EN BRETAGNE…"
    Quelle coïncidence !
    Et voilà que demain je pars en vacances dans le Côtes d'Armor non loin de Lannion.
    Autre coïncidence !
    Grande différence : je n'emporterai, classique ni grec, ni latin, seulement un Foenkinos ("Vers la Beauté"), qu'on m'a offert et que je réservais à la lecture dans le train !

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    1. CFPEG signifie Centre de Formation des Professeurs d'Enseignement Général. On y formait les professeurs de collège.

      Il se trouve que le Georges Somerville dont vous avez trouvé la trace était le grand-père du mien, pasteur d'origine anglaise venu s’atteler à la tâche ardue de convertir au protestantisme les mécréants catholiques du Trégor à partir de Tremel village d'où était originaire mon grand-père maternel à qui il arrivait de converser avec lui. Je doute que ce brave homme ait connu beaucoup de succès dans son apostolat...

      Vous allez non loin de Lannion ! Il se trouve que mon père était natif de Louannec où il voulut être enterré après avoir vécu une vingtaine d'années à Perros-Guirec. Nous avions une maison de vacances en bord de mer à Trestel (en Trévou-Tréguignec). Mon frère aîné naquit à Lannion en 1947 un peu avant que mes parents n'émigrent à Paris. C'est vous dire si je connais le coin. Je n'y suis pas retourné depuis la mort de mon père voici bientôt 8 ans et je ne pense pas y retourner jamais. Sait-on cependant ce que la vie nous réserve ?

      Où allez-vous exactement ?

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    2. Je vais à BERHET où ma plus jeune fille fabrique des savonnettes, et j'irai voir ma sœur en vacances à COATREVEN :

      https://marcel-cosmeticsoaps.com/

      Je suis très attachée à cette région, depuis que ma sœur a épousé un Breton de QUINTIN - venu faire ses études à l'École des Mines de Saint-Etienne où mon mari était médecin - qui s'est acheté une maison à COATREVEN près de Tréguier, où j'ai passé mes plus belles vacances avec mes petits-enfants dans les années 80-90.

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  3. Eh oui, hélas, les gens disparaissent, j'ai l'impression du type, dans le train qui part et qui regarde ceux du quai..ils s'éloignent et puis on les perd de vue, souvent on ne las verra plus jamais...la vie, quoi, pas très sympa, au bout du compte.
    Amitiés.
    PS et que les sous-merdent s'en retournent dans leur égout!

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