Voyager instruit. Visiter des endroits populaires encore
plus. Une promenade à Collioure même en morte saison inspire à l’esprit distingué
une foule d’émotions esthétiques mais aussi d’amers constats et le désir de
mettre fin à certains abus.
A ceux qui l’ignoreraient j’apprendrai que ma compagne,
Nicole, possède un petit animal de compagnie appartenant à la sous-espèce Canis lupus familiaris de race Yorkshire
terrier. J’ai ailleurs
dénoncé la nature sanguinaire de cette bête qui comme bien des criminels
dangereux bénéficie d’une physionomie avenante apte à tromper les braves gens
sur sa véritable personnalité. Et c’est là la source du problème que je
voudrais évoquer. Sa taille réduite, sa frimousse sympathique ont pour effet
que, dès lors qu’on se trouve en un lieu passager on est en butte à de
multiples agressions. La plupart venant d’enfants ou de vieilles dames. On ne
peut pas faire un pas sans, dans le meilleur des cas, entendre des commentaires flatteurs sur les
qualités esthétiques de l’animal, et, dans le pire, voir enfants ou mèmères à
chien-chien s’accroupir afin de lui caresser la tête après s’être assuré qu’une
telle manœuvre n’entraînerait aucun danger de morsure.
C’est tout simplement inadmissible. Voilà une bestiole qui ne demande à la vie que
de pouvoir aller renifler de ci-de là à la recherche de traces olfactives
laissées par ses congénères et qui ce faisant se voit perpétuellement dérangée
dans son innocente quête par ce qu’il faut bien appeler des harceleurs sans
vergogne.
Mettez-vous à sa place. Imaginez que chaque fois que vous sortez
acheter votre baguette ou votre journal vous vous voyiez apostrophé tous les
trois pas par des personnes saluant vos atouts physiques ou s’arrêtant pour
vous caresser la tête ou le dos ? On me dira que certaines (plus ou moins)
jolies femmes sont en partie victimes ce genre de harcèlement. Elles se voient
adressé des sifflets ou de lourds "compliments" de la part de rustres. Toutefois,
si l’ouvrier du bâtiment ou le teneur de murs s’aventuraient qui à descendre de
son échafaudage, qui à quitter son point d’appui pour aller caresser les
cheveux ou le dos de la femme en question, cette dernière serait en droit de
faire appel à la force publique pour mettre un terme à ces excès. Pour le Yorkshire,
rien de tel. Si son propriétaire s’aventurait, de la voix ou du geste, à
remettre à leur place les importuns, c’est lui qui se verrait blâmé par une
foule hostile.
Cela dit, que faire ? La solution serait-elle de
renoncer au York et de se rabattre sur le Pitbull ou le Rottweiler qui, bien qu’appartenant
à la même sous-espèce, semblent provoquer nettement moins de ces familiarités
déplacées ? Ne serait-il pas plus
raisonnable que le gouvernement ou le parlement promeuvent une loi apte à
mettre fin à ce scandale ? Ou que,
faute de légiférer, une campagne de sensibilisation du public vise à décourager
ces inadmissibles pratiques et faire accepter par ceux qui s’y livreraient qu’une
magistrale gifle ou un bon coup de pied dans les tibias vienne sanctionner
leurs audaces ?
PS : Vu les nombreuses critique faites à l'air lugubre que révélait ma photo d'hier, je vous en propose une plus souriante :