Les scandales de l'abattage des animaux
d'élevage se succèdent, dénoncés par une belle association nommée
L214. Ses vidéos sont largement relayées par des media toujours
avides de scandales. Elles provoquent dans chaumières et châteaux
une juste indignation. Seulement, peu de gens sont conscients de ce
que défendent en réalité ces âmes sensibles.
J'entendis leur porte-parole l'autre
jour sur France Inter. Cette hystérique, se sentant en terrain sûr
dans ce media ouvert à tout ce qui peut précipiter la disparition
de notre civilisation, ne cacha pas les buts réels de son
association : promouvoir le véganisme et à terme abolir non
seulement l'abattage, fût-il opéré avec la plus grande des
délicatesse, mais aussi tout élevage, même pour la production de
produits laitiers ou d’œufs car consommer ces aliments est
obsolète.
Ainsi, pour ces âmes sensibles, la
personne qui élève dans d'excellentes conditions de confort et
d'hygiène quelques poules qu'elle nourrit de bon grain bio pour
avoir de beaux œufs avec de gros jaunes bien jaunes et laisse ces
dites volailles mourir de leur belle mort avant de leur offrir une
sépulture digne (sans nécessairement organiser une cérémonie
religieuse) serait aussi coupable que la brute qui martyriserait un
porc, un bœuf, un veau ou un canard.
Cela dit, ces « amis des
animaux » ne brillent pas par leur honnêteté. Le nom qu'ils
se sont choisi est celui de l'article L214 du code rural de 1976,
lequel déclare que « Tout animal étant un être sensible
doit être placé par son propriétaire dans des conditions
compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. ».
Il n'y s'agit donc aucunement là de bannir tout élevage mais de
prôner des condition d'élevage respectueuses des besoins et du
confort des animaux. Que dirait-on d'une association en faveur de la
sécurité routière nommée R412-12 qui aurait pour but d'abolir
toute circulation automobile alors que l'article éponyme ne traite
que des distances de sécurité ?
Toutefois, comme
je le signalais naguère l'homme et la femme urbains, ayant perdu
contact avec la réalité de la vie campagnarde sont devenus d'une
grande sensibilité. Leur montrer des images plus ou moins choquantes
d'abattage leur soulève le cœur. Et leur cerveau, empli de pensées
nobles et délicates se met en action. Pas de viande sans assassinat.
En manger, c'est être complice. Ainsi les idées de L214 font leur
petit bonhomme de chemin dans les têtes boboïdes...
Imaginons un instant que les fous du
légume (apparemment insensibles à la douleur d'une carotte qu'on
arrache) finissent par arriver à leurs fins. Que fait-on alors des
animaux d'élevage ? On pourrait attendre qu'ils meurent de
vieillesse (après les avoir stérilisés car les laisser se
reproduire serait une forme d'élevage). Il faudrait subventionner
les éleveurs pour qu'ils les accompagnent jusqu'au bout de leur
existence. Ainsi disparaîtraient veaux, vaches, cochons, couvées*.
Car qui voudrait d'une vache, d'un canard ou d'un porc pour
compagnie ? Et pendant qu'on y est, pourquoi ne libérerait-on
pas les chevaux ? Car, même si la consommation de leur viande
va en s'amenuisant, il n'en reste pas moins qu'on contraint ces
pauvres bêtes à être montées ou à travailler dans les champs ou
forêts ce qui n'est qu'un esclavage... Et les éleveurs que
deviendraient-ils ? L'élevage se pratique généralement sur
des terres peu propices à l'agriculture ! Ils pourraient
crever, comme ils ont commencé de le faire.
Ainsi, sous des dehors mignons et
sensibles, ces abrutis visent-il à détruire un pan de notre
civilisation comme certains hurluberlus s'attaquent à d'autres. Rien
d'étonnant à ce que nos media les chouchoutent !
* Notons qu'une amitié des animaux qui mène à leur extinction a quelque chose de paradoxal.