« Tu ne seras
jamais un vieux con, papa ! »
Oh qu’il est doux d’entendre une telle phrase ! Quoiqu’à y réfléchir elle
puisse être ambigüe. En me disant cela il y a quelques années ma fille
voulait-elle exprimer ses doutes quant à ma capacité à vivre vieux ?
Faisait-elle preuve de sa bonne éducation ? Voulait-elle me signifier qu’elle croyait en mon
aptitude à garder un esprit jeune ou du moins à vieillir sans trop me laisser
envahir par la connerie ?
Allez savoir pourquoi, je préfèrerais que la seconde partie
de la troisième hypothèse soit la bonne. Reste à déterminer ce qu’est un vieux con. Quitte à faire de la
peine à mes amis réacs, je crains que le symptôme principal de la maladie
vieilleconnique consiste à faire du passé un âge d’or où les jeunes
respectaient leurs aînés, les élèves écoutaient leurs maîtres, les jeunes
filles cultivaient toutes une austère vertu (ou étaient de sacrées
cochonnes, suivant les goûts), la société était harmonieuse, les saisons
arrivaient pile-poil au jour indiqué par le calendrier, les illettrés ne
faisaient aucune faute d’orthographe, bref où tout allait comme sur des roulettes.
Personnellement, je n’ai pas eu la chance de connaître ce
monde de rêve. Peut-être n’étais-je pas aux bons endroits aux bons moments ?
Autour de moi, les jeunes trouvaient leurs aînés bien cons, on comptait nombre
de cancres, il y avait toutes sortes de filles, la société allait comme elle
pouvait, certains Noëls ignoraient la neige, la culture des analphabètes n’avait
rien d’encyclopédique, bref, tout allait à la va-comme-j’te-pousse. Il est
indéniable que ces dernières cinquante années bien des choses ont changé, les
unes en mieux, d’autres en pire. Comme elles avaient changé dans les cinquante
précédentes (par exemple, en 1915, respirer certains jours à Ypres présentait plus de risques qu’en
1965 ou qu’aujourd’hui, quoi qu’en disent les écolos). Nous connaissons de nouveaux problèmes,
certes, mais ce n’est pas dans le passé que se trouveront leur solution. A nous
et à ceux qui suivront de construire un avenir sinon parfait du moins
supportable. Si nous échouons, nous n’aurons à nous en prendre qu’à nous-mêmes
et non à je-ne-sais-quelle fatalité.
Mais peut-être qu’en considérant les choses ainsi ne suis-je
qu’un vieux con atypique ?
Voilà. Ainsi prend fin mon homélie dominicale . A ceux qui
comme moi se sont toujours emmerdés pendant le sermon, je propose pour me faire pardonner cette chanson
de l’immortelle Berthe Sylva : « Si
on pouvait arrêter les aiguilles » (Titre auquel j’ajouterais : Ça serait un beau bordel ! »).
J'avais lu quelque part: " on devient un vieux con quand on insulte les autres de jeunes cons"
RépondreSupprimerAlors qu'en fait les jeunes ne sont ni plus ni moins cons qu'avant.
RépondreSupprimerTout l'art consiste, même si on est vieux, même si on est pris pour un con, à ne pas accepter d'être un vieux con !
RépondreSupprimerJe ne vois pas au nom de quoi j'accepterais une contre-vérité !
Supprimer"Le boulevard du temps qui passe", Georges Brassens:
RépondreSupprimer"A peine sortis du berceau,
Nous sommes allés faire un saut
Au boulevard du temps qui passe,
En scandant notre " Ça ira "
Contre les vieux, les mous, les gras,
Confinés dans leurs idées basses.
On nous a vus, c'était hier,
Qui descendions, jeunes et fiers,
Dans une folle sarabande,
En allumant des feux de joie,
En alarmant les gros bourgeois,
En piétinant leurs plates-bandes.
Jurant de tout remettre à neuf,
De refaire quatre-vingt-neuf,
De reprendre un peu la Bastille,
Nous avons embrassé, goulus,
Leurs femmes qu'ils ne touchaient plus,
Nous avons fécondé leurs filles.
Dans la mare de leurs canards
Nous avons lancé, goguenards,
Force pavés, quelle tempête!
Nous n'avons rien laissé debout,
Flanquant leurs credos, leurs tabous
Et leurs dieux, cul par-dessus tête.
Quand sonna le " cessez-le-feu "
L'un de nous perdait ses cheveux
Et l'autre avait les tempes grises.
Nous avons constaté soudain
Que l'été de la Saint-Martin
N'est pas loin du temps des cerises.
Alors, ralentissant le pas,
On fit la route à la papa,
Car, braillant contre les ancêtres,
La troupe fraîche des cadets
Au carrefour nous attendait
Pour nous envoyer à Bicêtre.
Tous ces gâteux, ces avachis,
Ces pauvres sépulcres blanchis
Chancelant dans leur carapace,
On les a vus, c'était hier,
Qui descendaient jeunes et fiers,
Le boulevard du temps qui passe."
Georges n'a pas parcouru bien longtemps ce boulevard, le pauvre !
Supprimer"à la va comme je te pousse" café ou râpière ?
RépondreSupprimerQu'Ypres ne s'est elle jamais posée en concurrente de Dijon ?
Comme je le répondais lorsque mon épouse avait l'idée délicate de me traiter de gros con devant nos enfants:
"Con je veux bien, mais pas gros !"
Ce qui vu mon embonpoint les amusait beaucoup ...
Vous étiez bien marié !
SupprimerVous êtes assurément trop raisonnable et primesautier à la fois pour être un jour un vieux con.
RépondreSupprimerVotre perspicacité est sans failles !
SupprimerMat: ne serait-ce que pour "primesautier", vous m'êtes sympathique !
SupprimerC'est un des trucs les plus éculés des progressistes que de paraitre croire que ceux qui n'aiment pas trop notre époque prétendent que TOUT était mieux avant.
RépondreSupprimerIl est tellement plus facile de réfuter son adversaire en lui attribuant des opinions indéfendables.
C'est vrai mais force est de reconnaître que beaucoup enjolivent le temps passé !
SupprimerJacques Bertillon, fondateur de l'alliance nationale pour l'accroissement de la population française, déclara en 1911 "un problème angoissant devrait seul occuper toute la pensée des français : comment empêcher la France de disparaitre ? Comment maintenir sur terre la race française ?"
SupprimerDiable, on croirait lire le blog d'un reacosphériste ... mais non, les mêmes délires déjà au début du 20eme siècle.
Bien sûr que c'était mieux avant! Avant, j'avais vingt ans
RépondreSupprimerJe ne regrette pas mes vingt ans !
SupprimerElle exagère la Berthe, moi je voudrais juste un peu les ralentir les aiguilles!
RépondreSupprimerA part ça, oui, "vieux con", tout est relatif. Pour les jeunes gens le vieillard semble con en vertu de sa gueule ravagée et de sa façon de s'exprimer surannée et parfois chevrotante...et bien souvent ils ont raison les jeunes...mais certainement pas dans votre cas, ni dans le mien. D'ailleurs nous ne serons jamais vieux, c'est l'évidence même!
Amitiés.
Vous parlez d'or !
SupprimerA voté , circulez , pour le reste, ma foi, j'ai jamais vraiment trouvé que c'était mieux avant, j'ai pas eu le temps d'apprécier ce foutu temps qui passait
RépondreSupprimerJe l'ai vu passer, moi. Je trouvais qu'il n'allait pas assez vite !
SupprimerIl faut avoir l'esprit vraiment tordu pour entendre dans la phrase de votre fille le présage d'une mort précoce -ou alors la marque d'une chose qui vous a touchée tant c'est gentiment dit, et s'en rappeler encore quelques années après montre qu'elle a visé juste.
RépondreSupprimerEn revanche, je mets un point d'honneur à être le vieux con paré de ses atours les plus flamboyants lorsque je croise un jeune (ou pas) crétin progressiste et sûr de son fait. Mais il ne faut JAMAIS prendre les gens pour des cons. C'est souvent difficile, parfois impossible, mais c'est ainsi.
On sent que vous prenez sur vous !
SupprimerVieux cons ça dure moins longtemps que jeunes cons.
RépondreSupprimerMarie-france
J'en ai connu qui sont restés très longtemps vieux.
SupprimerVotre pudeur vous perdra !
RépondreSupprimerVotre rêve ne me plait pas vraiment...
RépondreSupprimerJe signale au petit malin qui écrit des commentaires en usurpant l'identité de blogueurs amis (Corto et aujourd'hui Didier Goux) qu'il ne trompe personne et que ceux-ci seront systématiquement supprimés. De plus ses mauvaises actions lui vaudront probablement d'aller en enfer ce qui n'est pas très agréable, surtout au début car on doit finir par s'y faire comme à tout le reste.
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