« Quand
reverrai-je, hélas ! de mon petit village
Fumer
la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je
le clos de ma pauvre maison,
Qui
m'est une province, et beaucoup davantage ? »
J'en suis à me poser des questions comme le pauvre Joachim exilé
en terre romaine. Voilà des semaines que je suis sur le point de
partir pour « mon petit Lonzac ». Le délai qui me sépare
du jour de mon départ a des airs d'asymptote : il tend vers 0
sans l'atteindre. A l'heure où j'écris,je devrais, suite à mes
dernières déclarations, me trouver sur la route, approcher de
Poitiers peut-être. Mais je n'ai pas bougé d'un poil. Je ne cesse
de dire « je pars !» et,comme à l'Opéra, je reste
immobile non à le chanter mais à le dire ou à le projeter.
Il faut avouer que je trouve chaque jour une nouvelle raison pour
retarder mon départ. Avec le reste de colle de la cuisine,j'ai
commencé à poser le papier du couloir. Seulement, l'idée de
laisser ce chantier en plan m'a poussé à le terminer. Et puis il y
avait tous ces cartons de livres qui encombraient le salon depuis
déjà des mois. N'était-il pas indispensable que je l'en
débarrasse ? Pour cela, il fallait que je monte mes
bibliothèques. Mais à quoi bon les monter et les garnir de livres
si le poids qu'elles auraient alors m'interdisait de les déplacer
pour poser le papier ? Je posai donc le papier sur les murs où
elles s'adosseraient avant de les garnir. Seulement, une pièce à
demi-décorée ne ressemblait pas à grand chose. Je terminai donc la
tâche.
Il ne reste plus qu'à remettre dans les tiroirs du tiroir du
bureau ce qu'ils contenaient mais qui en y ayant été placé avant
aurait rendu impossible (pour cause de poids excessif) les
déplacements de ce meuble qu'exigeait la pose du papier. Il serait
également souhaitable, pendant que j'y suis, que je décore ces murs
de gravures anciennes. Aurai-je fini tout ça ce soir ?
N'importe comment, il faudra que je fasse du rangement et le
ménage avant de partir. Donc, il est inconcevable que je puisse
enfin prendre la route avant samedi. Espérons que d'ici là aucune
nouvelle idée ne viendra repousser mon départ...