J’apprends par le truchement de mon récepteur de télégraphie sans
fil que, ces derniers temps, le nombre
de morts sur les routes aurait baissé. Excellente nouvelle. Seulement, ça pause
un problème de logique. En effet, chaque fois que ces chiffres sont à la hausse
on nous propose de nouvelles mesures visant à corriger leur courbe :
augmentation du nombre de radars, nouvelles limitations de vitesse,
renforcement des amendes, baisse du taux d’alcoolémie toléré, etc. Lorsqu’on
constate une baisse, même avant que les nouvelles mesures aient été mises en
application, ne serait-il pas logique qu’on les supprimât ? Ne pourrait-on
pas même envisager qu’on enlevât quelques radars, qu’on augmentât la vitesse
autorisée, qu’ont baissât les amendes, qu’on se montrât plus tolérant avec les
poivrots ?
A ces dernières questions, la réponse est évidemment non.
Car de nos jours, si on en excepte la politique judiciaire de Mme Taubira, les
réglementations ne se font que dans un sens : celui qui tend à limiter
nos libertés afin de mieux assurer notre sécurité. Pour notre bien, on nous impose
un carcan réglementaire de plus en plus étouffant et cela avec le consentement
d’une majorité de nos concitoyens pour qui tout accident est devenu
inadmissible.
Pendant ce temps, à la maison, on meurt avec ardeur. Les
accidents domestiques envoient bon an mal an 11500 habitants de notre beau pays
ad patres et font plusieurs millions de blessés. Cela dans l’indifférence générale. Ces
derniers temps, on a bien pris quelques mesurettes : détecteurs de fumées,
protection des piscines, normes électriques renforcées, bannissement des
peintures nocives, etc. Tout cela est bien timide. Mais si l’on suit la pente « naturelle »
des sociétés occidentales, il est certain que ce n’est qu’un début et que de
plus en plus la privation de liberté envahira nos foyers. Pour notre plus grand
bien, toujours.