Il y a maintenant plus de cinq ans que j’ai fait sa
rencontre. C’était en août 2007. J’en avais vu et connu bien d'autres. Dès que
je l’ai aperçue, elle m’a plu. Elle était petite, simple mais elle portait les
stigmates d’années de misère. J’ai tout de suite su qu’elle avait en elle tout
ce que j’attendais. Ce ne serait pas facile, il faudrait longtemps de soins et
d’attentions pour qu’elle retrouve sa fraîcheur. Oh, j’ai bien
hésité. Je passais dans son voisinage, juste pour l’apercevoir, je n’étais pas
insensible au charme de certaines autres. Et puis fin septembre, j’ai failli la
perdre. Un autre la voulait. Je me suis trouvé au pied du mur : je ne
pouvais laisser passer cette chance, c’était elle qui me fallait. Coûte que coûte.
Trois mois plus tard un contrat fut passé devant notaire.
Au début, ce ne fut pas facile. Elle était d’une froideur
glaciale. Trop d’années de mauvais traitements avaient laissé leurs traces. Il fallut faire appel à des
spécialistes. Ils firent ce qu’il fallait. Le travail de reconstruction pouvait
commencer. Vu que j’habitais loin, il me fallait faire 500 km chaque week-end
pour m’occuper d’elle. Mes vacances aussi étaient pour elle. Petit à petit,
elle s’améliorait devenait plus accueillante, moins froide, plus jolie aussi. Mes
soins lui donnaient comme une nouvelle jeunesse. J’avais eu raison de croire en elle, tous les
efforts que j’avais faits pour qu’elle renaisse étaient récompensés.
Le temps des grandes vacances est venu pour moi. Il y a un
an et demi que je ne la quitte plus. J’en suis à me demander comment je faisais
avant. M’éloigner d’elle, même pour quelques jours me devient pénible. J’ai peur qu’il ne lui
arrive quelque malheur. Elle me manque très vite. J’aimerais ne la quitter que
pour la mort. Elle me survivra et fera encore, je l’espère, le bonheur de bien d’autres.
Après tout, elle n’aura que 157 ans l’an prochain ma petite
maison.