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jeudi 20 décembre 2012

Solidarité avec DSK



M. Dominique Strauss-Kahn qui, si la calomnie n’était venue l’abattre, serait probablement celui qui s’emploierait aujourd’hui à relever la France traverse une épreuve que je ne souhaiterais à personne.

En effet, la justice vient de voir rejetées les demandes de nullité de procédure dans l’affaire dite du Carlton. Ce qui signifie que jusqu’à nouvel ordre il reste mis en examen pour proxénétisme !  Et quoi encore ?

Mettez-vous à sa place. Vous êtes un beau gosse. Votre physique avantageux, doublé d’un  irrésistible  charme, attire de jeunes et jolies filles désireuses de passer de bons moments en votre compagnie. Quoi de plus naturel ? Iriez-vous jusqu’à leur refuser quelque instant de bonheur ? J’espère que vous n’auriez pas cet égoïsme !

Et voilà-t-il pas que des fouille-merdes osent avancer que vos rosières seraient des putes ?  Que vous seriez au courant de leur vraie nature ? Qu’en organisant des soirées récréatives entre elles et vos copains vous participeriez d’un réseau de proxénétisme ? C’est tout votre monde qui vacille sur ses bases ! 

Car quoi de plus attristant pour un séducteur-né que de s’apercevoir que ces conquêtes  qu’il attribuait à son magnétisme naturel ne sont que le résultat de sordides transactions ?  Comment aurait-il pu s’en douter ? Rien ne ressemble davantage à une pute qu’une bourgeoise en goguette, non ?

Imaginez-vous apprendre, comme Dominique le naïf, que vos petites amies sont payées pour vous offrir leur corps. N’en seriez-vous pas gravement affecté ?

Dans la dure période qu’il traverse, M. Strauss-Kahn a besoin de notre soutien. La naïveté n’est pas un crime !

Certains mettront en doute sa sincérité. C’est tout simplement impossible : un socialiste ne saurait mentir.

D’autres avanceront qu’un sexagénaire grisonno-bedonnant doit être bien bête pour croire qu’on couche avec lui pour ses beaux yeux aux paupières tombantes. Que c’eût été une erreur de mettre un tel gogo à la tête de l’état.  L’objection ne tient pas : un président doit ressembler à ses électeurs.

Warehouse blues (2)




Le problème avec les belles et chaudes journées ensoleillées c’est qu’elles font penser à tout sauf à l’orage qui finira bien par les suivre. L’orage est parfois tout près. Comme la Roche Tarpéienne l’est du Capitole.  

Nous avions commencé juste avant l’élection du bon Président Mitterrand. Pas par nous.  Son règne avait commencé en fanfare. Populaire comme tout qu’il était le François ! On nationalisa, on augmenta le SMIC et diverses allocations, on embaucha  55 000 fonctionnaires et ce n’était qu’un début ! On allait voir ce qu’on allait voir. Rien que du bon en attendant le meilleur !  Seulement ça ne peut pas être tous les jours fête et le  lendemain dimanche… 

La politique de relance échoue, les dévaluations se suivent en cascade, en mars 83 revient la rigueur, en juillet 84 Maurois s’en va, Fabius, un jeunot, lui succède.  En décembre de la même année la popularité de Mitterrand est à son étiage : seuls 36% des Français lui font encore confiance*. La fête est finie et il faut bien que quelqu’un paye les violons du bal. Les taux d’imposition grimpent : Pour un foyer comme nous, il atteint dans sa tranche supérieure 65% auquel vient s’ajouter une majoration de 3%. Il faut prendre l’argent là où c’quelle est (vieux proverbe socialiste).

Ce n’est là qu’un des nuages. Début 83, le Mammouth de Châteauroux a eu l’excellente idée de brûler. En quoi est-ce une bonne nouvelle ? Eh bien figurez vous que nous nous sommes installés pas loin de son concurrent l’hypermarché Continent. Du coup, la fréquentation de ce dernier  augmente de 20 % et les gens qui s’y rendant passent nous dire un petit bonjour. Après la réouverture courant 84 de Mammouth ils n’auront pas toujours l’idée de continuer à venir nous voir…

D’autre part, le goût des gens change : les jeunes commencent à exiger de la marque et nous, la marque, c’est pas vraiment notre truc. Nos fournisseurs  font  plutôt dans l’import pas cher…

Plus grave, nous faisons des émules. Quelques petits malins, voyant que manifestement dans le vêtement discount il n’y a qu’à se baisser pour les ramasser sont tentés de se pencher sur la question. Ils n’ont pas forcément raison vu qu’on ne va pas tarder à siffler la fin de la récré. Mais qui s’en douterait ? Quand nous avons ouvert fin 82, nous étions deux sur ce créneau à Châteauroux ; quand nous avons fermé boutique six ans plus tard nous étions sept.  Malheureusement le marché n’avait pas plus que triplé…

Ça, c’est pour la conjoncture.
Je me doutais bien (j’ai toujours eu la manie du calcul) que la note de M. Bérégovoy serait salée. C’est afin de pouvoir le payer avec un doux sourire que nous avions ouvert à Bourges. J’avais donc loué un vaste et cher local dont, prudent, je n’avais ouvert que 200 m2, attendant des bénéfices subséquents qu’ils financent en plus de l'impôt l’ouverture des 700 m2 restant.  Seulement, vu qu’on ne peut pas être partout, il avait fallu embaucher du personnel. Ce qui, quoi qu’on en dise occasionne de menus frais…

De même, si nos affaires marchaient bien, en l’attente du bilan de juin 1984, nous étions les seuls à le savoir. Allez faire une demande de crédit avec un seul bilan de  six mois à votre banquier et vous saurez ce qu’est l’hilarité financière. C’est donc sur nos fonds propres que nous avions dû financer les travaux et autres investissements qu’imposait la  mise aux normes de nos locaux tant à Châteauroux qu’à Bourges. Electricité, sécurité, isolation, matériel de vente, etc., tout ça est bien coûteux…  Bref, notre trésorerie était faiblarde.

Seule une progression constante nous permettrait de faire face à l’augmentation considérable de nos charges qu’elles soient de personnel ou fiscales… Nul besoin de sortir de Saint-Cyr pour le réaliser. Mais après trois ans et demi de progression fulgurante comment aurions-nous imaginé que celle-ci s’arrêterait ?

*M. Hollande est beaucoup plus fort : il a fait mieux en 7 mois !

mercredi 19 décembre 2012

Ce Tolstoï, quand même !



Je me suis décidé à lire La Guerre et la Paix de M. Tolstoï. J’y suis allé à reculons tant le volume de l’ouvrage me rebutait : pas loin de 1500 pages écrit petit, ça ne se lit pas en cinq minutes. Sauf à faire comme ce comique qui me fit beaucoup rire il y a longtemps en déclarant « Grâce à une méthode de lecture rapide, j’ai lu  La Guerre et la Paix en une heure : ça parle de la Russie ».

D’autre part, étant d’humeur de plus en plus futile et doutant d’y trouver force gras  jeux de mots, contrepèteries et plaisanteries de garçon de bain, je craignais de m’ennuyer comme un rat mort  à la lecture du puissant chef-d’œuvre de Lev  Nicolaïevitch.

Je m’y lançai malgré tout. Eh bien après plus de cent pages je peux le dire, ce Russe a du génie. Alors que m’attendais à quelque chose de soporifique apte à précéder une sieste réparatrice, le roman me tient éveillé, impatient même d’en connaître la suite.

Et pourtant ce n’est pas évident : tous ses personnages portent des noms russes et pour corser l’affaire ils sont tous princes, comtesses, comtes ou princesses. De plus, ils ont la sale manie de s’appeler par des diminutifs aussi nombreux que variés.

C’est là le grand reproche que je ferais au Comte Tolstoï : autant la présence d’un prince voire d’un comte  vous pose un livre (comme de garenne vous pose un lapin) autant leur multiplication ainsi que celle de leurs épouses, sœurs, tantes et cousines (toutes affublées de la variante féminine de leur titre) désoriente. A mon sens, le bon nombre de Comtes et de Princes dans un roman ne devrait sous aucun prétexte être supérieur  à deux.

De même si Je ne vois aucune raison valable pour qu’on se permette la  fantaisie d’appeler le Prince Nicolas tantôt par son prénom et tantôt par des diminutifs comme Nicolégnka (pas facile à prononcer), Nicolouchka  ou encore Kolia.

Tout cela a pour effet de rendre malaisée l’identification des personnages. J’ai souvent été contraint de retourner  à Saint-Pétersbourg  pour vérifier qui était ce Prince Basile qu’on retrouvait à Moscou.

S’il se trouvait que par hasard M. Tolstoï soit un de mes lecteurs, j’aimerais, au cas où la fantaisie le prendrait d’écrire un nouveau livre, lui donner ce conseil : pas de noms russes, pas de diminutifs, pas plus d’un Comte et/ou d’un prince. A bon entendeur, salut !

mardi 18 décembre 2012

Warehouse blues (1)



Certains lecteurs m’ont écrit apprécier mes « séries ». A la fin de celle consacrée aux marchés ils m’ont réclamé la suite. J’ai longtemps tergiversé. Parce que la suite, si au départ elle s’inscrivit dans le droit fil d’une forme de « réussite », n’en mena pas moins finalement à la période la plus dure de mon existence. Il est des expériences difficiles à narrer sans tomber dans le pathos. Ce qui n’est pas le genre de la maison. On va donc essayer d’éviter ce travers…

Lors du dernier épisode des marchés expliqués à tous, nous avions jeté notre dévolu sur la ville de Châteauroux afin d’y monter un bouclard. Que nous fallait-il ? Un local genre hangar ou entrepôt (warehouse en anglais, d’où le titre) de quelques centaines de mètres carrés. Son emplacement était plus ou moins secondaire vu que nous travaillerions à la pub. Il lui fallait un minimum de parking. Une agence immobilière trouva notre affaire : un ancien atelier de mécanique générale de 400 m2 servant à ce moment d’entrepôt à une chemiserie. Cerise sur le gâteau, la chemiserie y avait installé une chaudière qu’il faudrait bien entendu lui racheter mais cet élément de confort n’était pas négligeable.  Nous signâmes donc un bail.

Tout semblait aller comme sur des roulettes sauf qu’il fallait une autorisation d’ouverture au public délivrée par la commission de sécurité. Nous prîmes donc rendez-vous avec le capitaine des pompiers.  Et c’est là que la merde toucha le ventilo. Le brave homme nous expliqua quels étaient les équipements nécessaires afin d’être en conformité. Outre que, sauf à acheter un petit terrain où se trouvait un garage délabré, lui offrir une sortie de secours aux normes était impossible, notre budget avait été bouffé par l’achat de la chaudière, l’aménagement d’une porte convenable et l’achat d’un minimum de matériel de vente. Voyant notre air consterné face à ces tristes nouvelles, le capitaine nous dit que c’était à la police de s’occuper de contrôler les autorisations d’ouverture et que s’ils ne faisaient pas leur boulot, ce ne serait pas lui qui le ferait à leur place.

Nous ruminâmes ces propos. Le choix était assez clair : soit nous nous retrouvions avec un loyer de plusieurs milliers de francs à payer pour un local inutile et nous courions à la faillite, soit nous tentions le diable histoire de voir si on venait nous fermer.  Dilemme pas si cornélien que ça dans la mesure où une des possibilités était jouable alors que l’autre nous menait à coup sûr dans le mur.  Ce fut donc l’ouverture.

Tout se passa très bien. Une page de pub dans le gratuit local nous amena la foule. Il me sembla bien repérer parmi les clients des premiers jours un capitaine des pompiers que je m’empressai de ne pas reconnaître et qui fit de même. A part comme clients, nous n’eûmes, pendant les 6 années que dura l’aventure, la visite d’aucun flic.

Dès le départ le succès financier fut au rendez-vous. Il n’alla qu’en s’améliorant. Du moins pendant deux bonnes années. On ne gagnait pas des fortunes mais nos revenus s’élevèrent quand même à dix Smic, sans compter de menus avantages : une jolie automobile sur le compte du commerce, en l’occurrence une Mercedes, des séjours dans de jolis hôtel lorsqu’on se déplace pour des achats, de fréquentes invitations dans de bons restaurants par des fournisseurs qui nous aiment d’emblée à un point que c’est pas croyable, de l’argent de poche grâce à des manouches de passage peu friands de factures... Tout baigne.

C’est une expérience que je conseillerais à tous les jeunes. C’est instructif. Bien des gens passent devant restaurants et hôtels chics en se disant que ce n’est pas pour eux. Ils regardent les belles voitures en se sentant condamnés à vie aux tacots d’occasion.  Ça entretient leur envie qui parfois se mue en haine des riches... S’offrir tout ça décomplexe. Surtout que ça passe en frais. On regarde le monde avec confiance.

Ça a aussi des inconvénients. On a tendance à se surévaluer, à attribuer sa réussite à ses seules capacités alors qu’elle est tout de même en grande partie fonction de circonstances extérieures plus  ou moins favorables… Avec pour corollaire, si on est logique, de se juger entièrement responsable quand les choses vont moins bien…

Fin 1984, tout est parfait : j’ai ouvert un second magasin en Banlieue de Bourges, les affaires tournent, nous habitons un vaste appartement dans une résidence avec vue sur le parc. Pour couronner le tout, après trois ans de « fiançailles » et six ans d’un mariage harmonieux, nous avions décidé de nous lancer dans cette grande aventure qu’est la parentalité et en novembre une petite fille nous est née. Le bonheur total.