Comme bien des gens, vous aimeriez
adopter un ornithorynque. Ambition ô combien compréhensible !
Seulement, votre studio du XVIIIe arrondissement ne bénéficiant
aucunement d’un accès à un plan d’eau privatif, vous savez que
ce charmant animal ne pourrait réellement s’épanouir chez vous.
Votre goût pour la faune australienne n’en demeure pas moins vif.
C’est pourquoi à vous comme à tous les citadins disposant de
logements exigus je proposerai une alternative satisfaisante :
le wombat.
Le
quoi, se demanderont certains ? En effet, ce mammifère
marsupial ne bénéficie pas de la notoriété de son compatriote à
bec de canard. Le wombat a une apparence normale, enfin, pour un
animal des antipodes. Avant d’aller plus loin je voudrais vous
signaler que contrairement à une idée reçue, les habitants de
l’hémisphère sud lorsqu’ils viennent chez nous ne marchent pas
au plafond comme on serait en droit de s’y attendre et c’est tant
mieux pour eux car sinon dès qu’ils seraient à l’extérieur ils
disparaîtraient dans l’atmosphère avant de se retrouver en
orbite. Je suppose qu’il en va de même pour leur faune. Ne vous
attendez donc pas à voir votre wombat s’ébattre au plafond. Cela
précisé, il vous procurera bien d’autres joies.
Tout
d’abord, précisons de quel wombat nous allons parler car il en
existe trois espèces : le wombat commun, le wombat à nez poilu
du nord (espèce très menacée) et le wombat à nez poilu du sud.
C’est le wombat commun qui va nous occuper. Mais foin de discours,
admirons le :
Ne
dirait-on pas un ourson obèse et court sur pattes auquel ses parents
auraient négligé de tirer les oreilles ? Quand on voit sur le
continent austral les koala et les wombats, on est tenté de se dire
que le créateur, ayant perdu la formule des ours après en avoir
pourvu l’Europe, l’Afrique du Nord, l’Asie et l’Amérique a
tenté de bricoler quelque chose de vaguement ressemblant pour
l’Australie… Mais revenons à nos wombats.
Ce
marsupial présente, comme bien d’autres, des caractéristiques
étonnantes. Bien que mesurant un mètre vingt de long pour une
hauteur de 70 cm et accusant jusqu’à 40 kilos sur la balance, il
vit dans un terrier mais le plus étonnant est qu’il dispose d’une
plaque osseuse située sur les fesses, sous la peau, qui lui permet
de boucher avec son postérieur l’entrée de son logis lorsqu’il
est poursuivi par un prédateur. Herbivore, il se nourrit également
de racines, de champignons et d’écorces. Vous trouverez de quoi le
nourrir sans problème lors de vos promenades en forêt. Sa digestion
est très lente. Il faut attendre deux semaines jours avant qu’il
produise des crottes de forme cubique. Ce qui peut, mettez-vous à sa
place, expliquer qu’il connaisse des sautes d’humeur.
Si
vous êtes du genre à câliner les animaux, le wombat vous ravira :
il raffole des caresses ! Toutefois, avec l’âge, il devient plus farouche quand ils se sent menacé ou simplement
de mauvaise humeur et ses longues incisives peuvent infliger de
cruelles morsures. Il est donc, pour la raison que j’exposais au
paragraphe précédent préférable de ne pas l’importuner quand il
sort des toilettes. Sinon, l’animal est d’une nature tranquille :
il passe le plus clair de ses journées dans son terrier à lire des
BD ou à regarder la télé*. Peu sociable, il vit seul, sauf pendant
la période de reproduction. Il sort au soir pour se nourrir, sauf à
la saison froide où il aime se réchauffer au soleil, inutile donc
d’installer le chauffage dans son terrier : une lampe à
ultraviolets près de son entrée suffira.
Si
bous disposez d’un tas de terre et habitez près d’une forêt
vous avez tout ce qu’il faut pour son bonheur simple. Quel
compagne, quel compagnon se satisferait de si peu ?
*
En fait, on ne sait pas vraiment à quoi il occupe ses journées, vu
que personne n’a pu l’observer dans son terrier (cf. supra). Il
s’agit donc là d’une simple conjecture...