..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 5 février 2019

Grand Débat

Tous les Français sont conviés à participer au Grand Débat. Il s'agirait de faire part à nos gouvernants de nos diverses revendications afin que ceux-ci, plutôt que de faire ce qu'ils jugent bon pour le pays, s'attachent à répondre aux véritables aspirations du peuple. Quoi de plus beau, de plus noble, de plus démocratique, de plus et tout et tout ?

Pourtant, ce Grand Débat se fera sans moi. Non que je pense que son véritable but soit de noyer le poisson comme il est de bon ton de l'affirmer mais pour diverses raisons dont la première est, qu'étant satisfait de mon sort, je ne revendique rien de précis. De plus, si mon sort ne me convenait pas, je ne compterais pas sur une quelconque mesure gouvernementale pour l'améliorer. D'autre part, au niveau politique, mes sujets de mécontentement ne sont pas si originaux que j'en vienne à penser que nul ne songera à les formuler ni suffisamment partagés pour que je puisse rêver de les voir portés par une majorité de participants et encore moins pris en compte par le gouvernement. Dans ce cas, à quoi bon aller bavarder à la mairie ou en tout autre lieu où l'on débattrait ?

La fameuse « crise des Gilets Jaunes » m'a fait réaliser à quel point je me sentais éloigné des idées qui courent rues et rond-points. Si, au départ, ce mouvement avait rencontré ma sympathie, ne serait-ce que parce qu'augmenter les taxes sur les carburants à un moment où le prix de ceux-ci atteignait des sommets me paraissait aussi maladroit qu'absurde, qu'avoir amputé le pouvoir d'achat déjà en régression de modestes retraités n'était pas souhaitable et que l'aspiration de certaines catégories particulièrement défavorisées à plus de bien être était parfaitement justifiée. Ensuite, quand on en est venu à réclamer une démocratie participative ou le RIC, quand les revendications sociales sont devenues totalement irréalistes, quand la démission du président et/ou la dissolution de l'assemblée devinrent des priorités, mon enthousiasme premier s'est bougrement refroidi. Il disparut totalement quand je vis, de toute part, s'élever la condamnation des violences policières d'un "État totalitaire ».

J'ai eu de plus en plus nettement l'impression que se créait une majorité de mécontents n'ayant en commun que le rejet d'un homme, une coalition hétéroclite ne partageant que la haine d'un pouvoir aussi récent que sont anciennes ses raisons et qu'en admettant qu'on exauce ses vœux de destitution ou de dissolution cela ne mènerait qu'à montrer de manière encore plus évidente que notre pays est devenu ingouvernable.

Tout cela m'amène à me demander si, plutôt que d'attendre le salut de l'avènement de Bidule ou de Machin, voire d'un peuple souverain qui part dans tous les sens, on ne ferait pas mieux de s'éloigner des débats qui agitent les foules et de se contenter de consacrer le peu de temps qu'il nous reste à cultiver notre jardinet et, comme le préconisait Brassens, faute d'un idéal surhumain, à se borner à ne pas trop emmerder ses voisins.

mercredi 23 janvier 2019

Série grise (la noire est à venir) !

Il y a de cela une quinzaine de jours, je me rendis faire des courses au Leclerc de Vire. Au moment de déverrouiller les portes de ma voiture, et après la fouille répétée de toutes mes poches, impossible de retrouver ma clé. J'en suis assez ennuyé mais je me dis que si je l'ai perdue dans le magasin, il se peut que quelqu'un l'ait ramenée à l'accueil. Je m'y rends donc, demande si par hasard on n'avait pas trouvé une clé de voiture Peugeot. L'employée ouvre un tiroir et en sort ma clé. Je me confonds en remerciements et demande s'ils savent qui l'a trouvée que je puisse remercier cette personne. Il n'en savent rien et je m'en vais tout content.

Hier matin, je retourne au même supermarché, y trouve mon bonheur et, au guidon d'un caddie bien rempli, me dirige vers la voiture et commence à fouiller mes poches en vue d'en ouvrir les portes. Et là, rebelote. Impossible de mettre la main sur ma clé. Une telle répétition me paraît incroyable autant qu'inquiétante. Je m'aperçois cependant que les rétroviseurs non rabattus indiquent que les portes sont ouvertes. Triste andouille (n'oublions pas que nous sommes à Vire) me dis-je in-petto (patois du bocage), tu auras dû laisser ta clé sur le tableau de bord. Malheureusement, je m'aperçois qu'il n'en est rien. Je me mets à fouiller frénétiquement le véhicule, des fois qu'elle m'aurait échappé des mains : rien. Un peu penaud craignant au cas où j'aurais affaire à la même personne d'être pris pour un pauvre vieux yoyottant de la touffe dont l'innocente manie serait d'égarer ses clés, je me rends à l'accueil, exprime ma demande, le tiroir idoine est ouvert mais il ne contient qu'une clé de verrou.

La gentille dame me conseille de regarder dans mes sacs, mais vu que ceux-ci étaient pliés dans le caddie avant que je n'y place mes achats, ça me paraît impossible. Toujours aimable, elle me conseille de faire le tour des endroits où je me suis rendu dans le magasin. Je n'y crois pas trop, mais je fais un rapide tour, des fois qu'entre temps... Mais non.

Aux grands mots les grands remèdes : je demande à la dame si elle peut m'appeler un taxi. Elle le peut et le fait. Malheureusement, le taxi ne pourra venir que dans deux heures et est la seule entreprise de ce genre de la ville. Le cauchemar s'installe.

Histoire de m'occuper, je décide d'aller inspecter de nouveau ma voiture et d'y entreposer mes achats. L'inspection approfondie ne donne rien. Je décide de vider mes sacs. Rien, sauf que je remarque, une fois vidé, que le caddie contient un paquet de rasoirs jetables que je ne me souviens pas avoir vus passer à la caisse. Je vérifie sur mon ticket et constate en effet que j'ai volé M. Leclerc. Je pense d'abord aller signaler cette erreur à l'accueil puis je me dis que je me suis suffisamment ridiculisé pour la journée. Je le mets donc dans un sac et aperçois alors que les rasoirs dissimulaient... ...cette foutue clé ! Suite à quelle distraction l'y avais-je laissé tomber ? Mystère mais soulagement. J'allai annoncer la bonne nouvelle à mon amie de l'accueil et la remercier de son extrême obligeance.

Cette passionnante anecdote s'inscrit dans une série de minimes désappointements qui me conduisent à penser que, décidément, ce n'est pas ma semaine. Le premier fut, lundi, une panne de batterie, le mardi, « perte » de clé, aujourd'hui à l'extraction d'une molaire et à une panne d'Internet est venue s'ajouter une panne de chauffage. Les ennuis allant croissant, je me demande de quoi demain sera fait.

dimanche 20 janvier 2019

Mes revendications

Le grand débat va commencer et j'avoue avoir du mal à trouver des revendications à exprimer du moins des revendications qui amélioreraient le sort de TOUS les Français. En effet la plupart des demandes formulées ici ou là n'en concernent qu'une partie, parfois très minoritaire voire même infime. Par exemple, le RIC n'intéresse que les gens qui ont envie d'aller voter tous les trois quatre dimanches ; le rétablissement de l'ISF ne concerne que les riches actionnaires ; l'éradication de l'ours en Béarn n'a les faveurs que d'une partie des Béarnais ; la VIe république n'a d'attraits que pour M. Mélenchon et les perroquets de sa volière ; etc.

Il est en effet difficile et même impossible de trouver des mesures qui satisferaient tout le monde. Comme à l'impossible nul n'est tenu, les exigences ne peuvent être que catégorielles. Plus la catégorie concernée est réduite plus il est aisé de la satisfaire. On m'opposera que ce faisant, on ne contentera que peu de gens. Certes, mais à une époque ou tous se plaignent faire quelques heureux n'est pas négligeable.

Je pense donc proposer les mesures suivantes :

  1. Gratuité totale des cigarettes pour les Français nés dans la dernière décade du mois de septembre 1950 à Suresnes (92) et dont le prénom commence par J et le nom par E.
  2. Installation d'entreprises de plus de 1000 employés chacune dans les communes de Sourdeval (50150) et du Lonzac (19470) avec obligation pour leurs salariés de résider dans lesdites communes et d'y occuper des logements anciens de plus de 62 ans ou, en cas de pénurie, de s'acquitter d'une pénalité de 2000 à 40 000 € en fonction des revenus du ménage permettant de constituer un fond à répartir entre les propriétaires ayant aimablement cédé leur logement aux nouveaux arrivants.
  3. Réception automatique sans contre-visite des véhicules Peugeot 407 SW de plus de 12 ans au contrôle technique durant les mois de mars 2019, 2021 et 2023.
  4. Attribution de 25 bons d'achats de 1000 € à tout retraité dans sa soixante-neuvième année pouvant justifier avoir en sa possession une perceuse Metabo, une visseuse Black et Decker ainsi que nombre d'autres outils et cela depuis plus de deux ans.
Quatre mesures simples à mettre en œuvre. Les plus fins et les plus assidus de mes lecteurs auront remarqué qu'elles pourraient favoriser l'auteur de ce blog. Je ne le nierai pas. Je soulignerai toutefois que d'autres personnes en bénéficieront et que bien d'autres revendications (hausse du SMIC, indexation des retraites, revalorisation du point dans la fonction publique, etc.) sont défendues par les catégories qui en bénéficieraient. Si l'égoïsme est général, le mien a cependant l'avantage d'être peu onéreux.

samedi 19 janvier 2019

Vers un enterrement de première classe ?

Après une nuit de 12 heures, ce qui pour moi est quasi-inoui, je me lève et, histoire de voir si nous sommes toujours en république, j'allume le téléviseur. Cnews m'apprend que c'est le cas. Nous sommes même dans une république « bon enfant » et non « sale chiard » ou « mauvais vieillard ». Les Gilets jaunes se sont organisés, ont un service d'ordre dûment brassarisé, des secouristes pour soigner les éventuelles victimes des charges de la police sanguinaire du dictateur Macron, les personnes fragiles (vieillards, nains ou moribonds) sont signalées en rose et les casseurs en noir. Ce qui facilite grandement le travail de la police qui pourra tabasser les Roses et assister les Noirs comme ils y sont naturellement enclins. On a déposé une déclaration, indiqué un itinéraire, bref on s'est civilisé.

Seulement, ces bonnes résolutions n'ont pas que de bons côtés. En rentrant dans le rang, on devient aussi efficace que la CGT dont les innombrables cortèges n'ont pas toujours obtenu les merveilleux résultats escomptés. Pour qu'une manifestation obtienne le moindre résultat, il faut qu'elle réunisse des centaines de milliers voire un ou deux millions de participants et encore ce n'est pas garanti.

L'alternative est évidemment la violence et même l'hyper-violence. On met les villes à feu et à sang, le pouvoir craint l'insurrection et lâche du lest. Ils avaient commencé comme ça et obtenu des choses. Seulement, en incendiant, en pillant et en bloquant les routes, on se met le parti de l'ordre à dos et le soutien diminue. Ce qui est bien dommage, vu que, au-delà du nombre restreint des protestataire actifs, ce qui inquiète le pouvoir c'est le soutien qu'ils rencontrent dans la population.

Comme Rodrigue, Les Gilets Jaunes sont confrontés à un dilemme. Soit on continue les émeutes et on perd en soutien, soit on rentre dans le rang et on perd en efficacité. On ne sait trop que choisir...

Organiser des manifestations monstres n'est pas chose facile. Il faut avoir des troupes prêtes à marcher. Les GJ en ont-ils ? D'après un récent sondage, 51% des personnes interrogées seraient pour la poursuite du mouvement soit 15% de moins qu'à la fin novembre. Ce soutien reste certes important mais il s'érode et reste à déterminer la part de ceux qui au-delà d'un soutien pour la forme (qui n'est pas en faveur de la baisse des taxes et/ou de l'amélioration du pouvoir d'achat?) seraient prêts à prendre une part active au mouvement ?

Nous sommes donc à la croisée des chemins. Sauf à multiplier de manière significative leurs effectifs, les GJ vont vers une mort lente. Le retour à des méthodes plus rudes risquerait de rendre cette dernière violente.

dimanche 13 janvier 2019

Boys don't cry !

Je vous avais mitonné un billet ironique sur les GJ qui à force de se promener et d'émeuter dans le VIIIe avaient fini par devenir une attraction touristique avant de se transformer en spectacle où des comédiens avaient remplacé GJ et CRS. On venait du monde entier pour voir chaque samedi le Rioting Paris Show. Sur les gradins entourant l'immense arène construite au Champ de Mars, on applaudissait à tout rompre les barricades enflammées, les plus belles charges de CRS, les lanceurs de pavés les plus adroits...

Et puis ça m'est tombé sur le coin de la gueule, comme ça, sans crier gare. Pendant la cérémonie du petit dèje. Normalement, celle-ci consiste à boire un grand bol de café au lait accompagné de deux tartines en croisant les mots tandis que Cnews distille son ronron habituel. Ce matin pas de Cnews. J'en ai plus que soupé des inepties du GJ de service, des flics syndicalistes, des spécialistes de la question et des experts en com qui commentent ce que Tartempion ou Bidule n'auraient pas du dire. C'est donc dans le silence que les larmes me sont venues aux yeux. Elles m'ont pris en traître. Y'a que comme ça qu'elles peuvent m'avoir, ces salopes. Oh, ce ne fut pas le Niagara, juste un voile humide. Les glandes lacrymales, c'est comme les muscles : si on ne s'en sert pas, elles s'atrophient.

Il y a plus de quarante ans, sur mon chemin chaotique d'alors j'ai croisé une fille. Elle était jeune, très jeune. Je l'étais aussi mais moins au vu de l'état civil. Ce fut le début d'une histoire de quatorze ans qui, après des débuts agités se mua en un bonheur rare avant que la vie...

Mariage, enfant, fortune, avec elle tout devint possible. On vivait en osmose. On finit par vivre ensemble 24 h sur 24 au grand étonnement de ceux dont on se demandait comment ils pouvaient se supporter cinq minutes d'affilée. Elle me voyait Pygmalion, elle était ma source de force. Et puis la merde a atteint le ventilo, tout s'est gâté. Suivirent bien des années d'amères rancœurs. Seule notre fille permit que subsistât un lien ténu qui se rompit quand la petite vola de ses propres ailes. En août 2016, les fiançailles de cette dernière vinrent mettre un terme au silence. On se reparla. On se téléphonait. Nous avions chacun notre vie, bien sûr, après 26 ans d'absence mais j'étais heureux de ces retrouvailles. Et puis il y a quelques mois elle m'apprit que le crabe l'avait attaquée. Elle prenait la chose avec sa dignité et sa force coutumière de petit soldat de la vie. Suivit un traitement qui échoua. Un pronostic sans appel. Et tout s'est dégradé, organe après organe. Des douleurs atroces se sont installées que la morphine ne sait calmer. Et je suis là, comme un con impuissant, n'osant pas l'appeler, de peur de déranger. Et pour dire quoi ?

Qu'est-ce qu'il vient nous faire chier, ce con, avec son pathos de merde se demanderont certains. C'est indécent ! C'est possible, et alors ? Peut-être que j'écris pour moi, pour endiguer le Niagara. Boys don't cry, c'est bien connu. Le boy, il a quelques courses à faire, un plafond à réparer. Sa vie, au boy, jusqu'à nouvel ordre, elle continue !