Après avoir dans un premier temps
soutenu les Gilets Jaunes, j'ai remis le mien dans la boite à gants.
Parce que le mouvement me paraît devenir essentiellement populiste
et que le populisme et moi ça fait deux. A mes yeux, les ressorts
principaux de cette tendance politique sont l'envie, une foi de
charbonnier dans le Père Noël et la petite fée bleue et une forte
propension à suivre aveuglément les joueurs de flûte..
Je m'explique. Définitions de
l'envie : « Sentiment de désir mêlé d'irritation, de
haine qu'éprouve quelqu'un contre ceux qui possèdent ce qu'il n'a
pas » ou encore «Désir de jouir d'un avantage, d'un
plaisir égal à celui d'autrui. » . Un sentiment qui
m'est entièrement étranger et qui me semble basé sur l'illusion
que les avantages dont bénéficie la personne enviée seraient le
seul et unique moyen d'atteindre la félicité.
La croyance au père Noël et à la
petite fée bleue consiste à penser que tous les problèmes peuvent
être aisément et rapidement résolus, conception qui relève de la
pensée magique.
Quand aux joueurs de flûte, pas
toujours incarnés, ce sont les idées démagogiques apparemment
généreuses qu'il est plus aisé d'embrasser que des conceptions
rationnelles.
Parti d'une protestation contre la
hausse des taxes sur les carburants, progressivement, le mouvement
des Gilets Jaunes a vu ses revendications enfler visant entre autres
joyeusetés à l'extinction du paupérisme (idée chère à
Louis-Napoléon Bonaparte), à une démocratie directe ou à
l'exigence du départ immédiat des dirigeants élus. Tout cela est
bel et bon.
Seulement, ces exigences sont-elles
raisonnables ?
L'égalitarisme économique n'a guère
mené qu'à des résultats catastrophiques là où il a été tenté.
A quoi mèneraient une dissolution de
l'Assemblée suivie d'une destitution du président sinon à d'autres
élections dont les vainqueurs ne seraient, quel que soit le mode de
scrutin, guère plus représentatifs que les précédents* et en cas
de proportionnelle intégrale à l'impossibilité d'une majorité
autre que résultant du mariage de la carpe et du lapin ?
L'idée du recours au référendum
d'initiative citoyenne me paraît plus dangereuse qu'utile, car plus
une question sera démagogique, plus elle aura de chances de réunir
une majorité en sa faveur. Sans compter qu'une forte abstention
pourrait nuire à la valeur de la réponse.
Pour résumer, il me semble que le
désir des Gilets Jaunes radicaux est de mettre le pays cul par
dessus tête, c'est à dire de faire une ènième révolution comme
si les précédentes n'avaient pas mené d'abord au chaos puis à des
régimes autoritaires sans avoir pour autant résolu les problèmes
qui les avaient provoquées.
Bien que n'ayant pas plus voté pour
l'actuel président que pour sa majorité, je continue de croire,
comme Winston Churchill, en une démocratie représentative certes
imparfaite mais préférable à l'anarchie populiste.
*En ce qui me concerne, le seul député
qui puisse me représenter vraiment serait moi-même et je ne suis
pas plus candidat que je n'ai de chances d'être élu.