Il m'arrive de regarder certains
talk-shows (émissions de débats, pour les francophones). Parmi
ceux-ci, mon préféré, et de loin, le seul en fait que j'apprécie
vraiment et que je suis avec régularité est celui de M. Pascal
Praud intitulé L'Heure des pros
que propose Cnews en semaine entre 9 h et 10 h 30. Son grand
avantage est qu'il réunit des gens de toutes sortes représentant à
peu près toutes les nuances politiques existant dans le pays.
Souvent, le ton monte, tout le monde parle en même temps, on
s’interrompt et ça tourne au bazar. Mais l'un dans l'autre ça
reste intéressant.
Cependant,
et malgré toute la bonne volonté du maître de céans, il n'en
demeure pas moins qu'on constate une absence criante : celle des
indifférents. Car les participants, quelles que soient leurs
préférences politiques, ont toujours un avis sur les sujets
traités. Je n'ai jamais entendu un seul dire qu'il ou elle s'en
foutait complètement, n'en avait rien à cirer, rien à battre, rien
à foutre, qu'il s'en battait les couilles ou s'en tamponnait le
coquillard.
Et
c'est bien dommage car une partie importante de la population n'est,
de ce fait, pas représentée. Cette absence a de graves
conséquences : en effet, n'entendant jamais la voix de leurs
semblables, les indifférents, les j'm'en foutistes, se sentent
seuls, pensent que personne ne partage leur profond désintérêt. Du
coup, quand on les sonde, ils se sentent obligés de prendre parti
et le font en fonction de ce qu'ils pensent correct de penser,
histoire de ne pas trop passer pour des cons. Ils se voient
contraints de paraître préoccupés par les problèmes à la mode.
Alors qu'en réalité la faim dans le monde, le chômage, le
réchauffement global, l'affaire Benalla, les gilets jaunes, le
référendum d'initiative populaire, la dette publique, l'extinction
annoncée du boutiflard à pattes bleues et bien d'autres questions,
ils s'en foutent comme de l'an quarante. S'ils exprimaient le fond de
leur pensée, ils passeraient pour des monstres alliant une totale
insensibilité à une regrettable superficialité.
La
conséquence ultime de cette absence est que les politiciens passent
leur temps à s'occuper de problèmes qui n'intéressent pas grand
monde et que le peuple finit par se persuader que son bonheur ou son
simple bien-être sont liés à la solution par les dirigeants de
questions auxquelles, en réalité, ils portent un intérêt très
relatif.