Figurez-vous qu'on a vu des lycéens à
genoux les mains sur la tête entourés de robocops haineux !
Quelle humiliation ! Tout ce que la France compte de belles âmes
et de crétins en est bouleversifiée. C'est ainsi que la France
traite ses malheureux tits nenfants ! La dictature est en
marche ! Aux armes citoyens, etc. !
Des lycéens donc. Pacifiques par
définition. Des enfants (notons au passage la géométrie de plus en
plus variable du terme. Le lycéen n'est qu'un enfant quand on le
réprime et un citoyen totalement responsable quand il dégoise)
assoiffés de savoir qui ne demandent qu'à exceller à condition
qu'il n'existe aucune sélection.
Certaines mauvaises langues mettent en
doute qu'il ne s'agisse que de lycéens. Il vont jusqu'à suggérer
que nombre de ces humiliés seraient en fait des racailles mettant à
profit un innocent monôme estudiantin pour se livrer à leurs
hobbies. C'est d'autant plus absurde que chacun sait qu'il ne saurait
y avoir de racailles dans les lycées et encore moins à l'extérieur,
surtout dans de coquettes et paisibles cités comme Mantes-la (si
bien nommée)-Jolie.
Maintenant, et quelle que soit la
nature véritable des trublions « humiliés » et les
actions qui aient amené la police à les faire s'agenouiller mains
sur la tête, est-ce que c'est si grave ? Peut-on réellement
considérer qu'il se soit passé quoi que ce soit de vraiment
révoltant ?
Les mêmes personnes qu'attristerait
l'incendie de leur voiture, qui disent soutenir les forces de
l'ordre, qui souhaitent que l'ordre public soit maintenu se mettent à
pousser les hauts cris dès que leurs forces chéries entrent en
action pour neutraliser les (potentiels dans le meilleur des cas)
incendiaires et maintenir un semblant d'ordre. J'aimerais les voir à
l’œuvre ou simplement qu'ils suggèrent des manières efficaces de
calmer cent-cinquante chérubins exaltés. Ces héros qui baissent
les yeux devant la moindre racaille, ces courageux qui laissent se
dérouler sous leurs yeux des agressions dans le métro sans
intervenir, se révoltent à la vue de scènes anodines et
nécessaires. On ne peut que constater que l'héroïsme est lui aussi
à géométrie variable : forts face à un État qu'on sait
faible, faibles avec la racaille. Toujours contradictoires, il sont
pour l'ordre et contre les moyens de son maintien.
Ces contradictions ne sont qu'un signe
parmi tant d'autres de la décadence de notre pauvre pays.