Nos commentateurs, à l'occasion du
mouvement des gilets jaunes et après mure réflexion, sont arrivés
à une conclusion : il existe deux France : la périphérique
et celle des métropoles que l'on pourrait aussi appeler France des
Ploucs et France des Bobos. Les deux ayant bien du mal à se
comprendre.
Je ne partage pas ce constat. Ne
serait-ce que parce que bien des ploucs habitent les métropoles et
qu'il existe des bobos au sein de nos vertes campagnes. De plus, si
on suivait ce découpage, il serait aisé de gouverner le pays. On
créerait un Parti Métropolitain et un Parti Périphérique qui
s'opposeraient lors des élections et, suivant le résultat des
scrutins, la France deviendrait Périphérique ou Métropolitaine.
En fait, à mes yeux, il n'existe pas
deux mais une multitude de France. Il y a, par exemple, des réacs de
droite, de gauche et du centre comme des progressistes extrémistes,
modérés ou rétrogrades. Et au sein de ces sous-groupes de
multiples nuances. C'est probablement ce qui rend le pays de moins en
moins gouvernable car si un gouvernement y obtient assez facilement
une large majorité de rejet, c'est une toute autre paire de manche
que d'y bénéficier d'une majorité d'adhésion.
« On ne peut pas avoir le
beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière(j'ajouterai
« ou du crémier », car il faut tenir compte du sexe et
des orientations de chacun et de chacune) ». Tout le monde en
convient en théorie mais bien peu dans la pratique. Souvent, on
voudrait moins d'impôts (l'argent du beurre) mais garder les mêmes
services ou aides (le beurre). Beaucoup s'imaginent que la solution
serait de mettre uniquement à contribution les riches qui, au lieu
de fuir la spoliation, prendraient ça avec le sourire ( comme la
crémière sodomisée). Resterait à avoir une claire notion de ce
qu'est un riche car, pour certains, la richesse commence bien bas.
Il faut bien comprendre qu'une fois
supprimés une grande partie des taxes, impôts et cotisations
sociales on aura certes plus d'argent disponible mais qu'en cas de
coup dur il faudra y faire face seul et que bien des services
deviendront payants (routes, hôpitaux, écoles, etc.). De même si
on veut davantage de services et d'aides, il faut bien cracher au
bassinet. Dans l'état providence qu'une majorité continue de
souhaiter les seules marges de manœuvre dont on dispose sont
l'assiette et l'usage qu'on fait des prélèvements. Là encore
arriver à un consensus n'est pas simple car chacun a ses priorités
et son idée de la « justice » fiscale.
Cela dit, on s'étonnera de me voir
soutenir le mouvement des gilets jaunes. Si je le fais, c'est qu'il
existe quand même des évidences : ajouter inconsidérément de
nouvelles taxes qui pèsent autant voire plus sur des gens déjà en
difficulté est TRÈS maladroit et ne peut mener qu'à une juste
révolte. Bien que fumeur, retraité, me chauffant au fioul et
roulant en Diesel, je ne me plains pas de mon sort car même si mon
pouvoir d'achat se trouve chaque jour un peu plus amputé, cela ne me
met aucunement dans une situation délicate, ne serait-ce que parce
que j'ai des goûts simples, des revenus acceptables, des charges
réduites et un peu d'argent devant moi. Ce n'est pas le cas de la
mère de famille isolée, payant un loyer et occupant un poste à
temps partiel payé au SMIC. Ventre affamé n'a pas d'oreilles,
c'est bien connu, alors lui parler de transition énergétique et
penser que sa révolte est due à un manque de pédagogie, c'est se
foutre de la gueule du monde et cela que le ventre en question soit
métropolitain ou périphérique.