Vendredi, le pape François a condamné avec la plus grande
fermeté (et non avec la plus molle hésitation) les massacres des chrétiens d’Orient
et a blâmé la coupable indifférence des Occidentaux face aux exactions jihadistes.
C’est bien. Seulement ça ne fait que souligner une réalité : notre époque
a les papes qu’elle mérite.
Souvenons-nous qu’il y aura cette année mille vingt ans, un autre
pape, Urbain II, lança à l’issue du concile de Clermont un appel à la croisade
qui aboutit moins de quatre ans plus tard à la prise de Jérusalem. Il faut dire
que depuis 17 ans déjà, les Turcs Seldjoukides, soit dit sans vouloir les
critiquer*, s’étaient comportés de manière contestable en Terre Sainte : massacre
de la population de Jérusalem, réduction des chrétiens à l’esclavage, attaques
contre les Byzantins, interdiction de l’accès de Jérusalem aux pèlerins
chrétiens, etc. Ce qu’il faut bien appeler des incivilités (excusez la force du
terme) poussèrent le bon pontife, dont
on est en droit de penser qu’il était de caractère impulsif, batailleur et
expansionniste, vu qu’il encourageait également la Reconquista espagnole, à
appeler les chevaliers de l’Occident chrétien à se rassembler sous le signe de
la croix et à aller infliger aux infidèles la bonne raclée que selon lui ils
méritaient.
Les barons furent précédés par une « croisade des
pauvres » qui, rassemblés en France ou en Allemagne se livrèrent à de
menues exactions avant de se faire anéantir qui par les Turcs, qui par les
Hongrois comme il convenait aux vilains de l’être. Venus de toute l’Europe, les
chevaliers et grands féodaux se regroupèrent à Constantinople d’où ils partirent
pour la ville sainte. Retracer les nombreuses péripéties de ce long et
périlleux voyage serait trop long. Toujours est-il que le 15 juillet 1099, les
croisés s’emparèrent de Jérusalem. Mission accomplie. Enfin, provisoirement…
Un pape ne peut plus guère rêver de regrouper l’occident
sous la bannière de la chrétienté. Qui entendrait son appel ? Il doit se contenter
d’exprimer sa douleur. Les temps ont bien changé me dira-t-on. Mais ont-ils
vraiment changé POUR TOUT LE MONDE ?
N’entend-on pas de toute part des voix s’élever pour appeler à la guerre sainte
sous la bannière de l’Islam ? Ne massacre-t-on pas ici ou là les chrétiens
avec une ardeur digne des Seldjoukides ? L’Occident est devenu bien prudent, limite
timoré, il bombarde bien encore un peu mais refuse le combat de terrain, tandis que pour
certains rien n’a vraiment changé…
Bonnes Pâques quand même !
*Je ne tiens aucunement à finir mes jours dans un cul de
basse fosse pour Seldjoukidophobie !