..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 16 septembre 2014

Incroyables excès !



Peu de gens le savent (j’ai réussi à échapper aux paparazzis !) mais en plus de la célébrissime Daimler, je suis l’heureux et fier propriétaire d’un magnifique break  Ford Focus nommé Bôbrèque II, roi des Bôbrèques (il a succédé à Bôbrèque, premier roi des Bôbrèques, un break Ford Escort qui me servit avec zèle et fidélité des années durant). Né en 2002, B II se montre d’une fiabilité exemplaire si ce n’est que son compteur de vitesse a, depuis les quatre années  qu’il est à mon service, toujours eu une légère tendance à poser des problèmes : il lui arrive de brusquement tomber à zéro. Ça ne dure que de quelques secondes à quelques minutes, mais c’est toujours ennuyeux car vue la manie qui a pris ces dernières années, pour notre bien, nos chères autorités de placer des radars un peu partout et de préférence là où rouler un peu vite ne pose aucun problème, être ignorant de la vitesse à laquelle on circule peut être coûteux en argent comme en points. Surtout que votre serviteur, quand ses pensées sont absorbées par les grands problèmes de ce monde (voracité de la piéride, fourberie de l’Islandais ou du Mongol, problèmes de cœurs de ses lectrices, etc.), tend à confier la conduite de son véhicule à un pilote automatique situé dans des zones reculées de son cerveau, lequel a le pied un peu lourd sur l’accélérateur, ce qui l’a parfois amené à des excès de vitesse qui, s’ils avaient eu des témoins malveillants, lui eussent valu un retrait de permis immédiat.

Il est particulièrement délicat de remédier à ces pannes très intermittentes (elles peuvent s’espacer de plusieurs mois) car la seule approche d’un garage  les fait  immédiatement disparaître. De plus, il est facile de palier ses effets : le compte-tours fonctionnant parfaitement, je sais qu’à 2000 tours, en 3e je roule à 50, en 4e à 70 et en 5e à 90 km/h. Je m’en accommodais donc… Jusqu’à ce que vendredi dernier le compteur se mit à donner à ses facéties ordinaires une dimension nouvelle : non seulement il tombait à 0 mais ensuite l’aiguille se mettait brusquement à passer de l’autre côté du cadran pour indiquer l’improbable vitesse de 220 km/h avant de retomber à zéro et que toute indication de distance parcourue (partielle comme totale) cessât de s’afficher digitalement. De même un Voyant Orange Non Identifié (VONI) s’alluma. Je crus prudent de m’arrêter afin de vérifier s’il annonçait la prochaine désintégration  du véhicule ou une simple usure anormale de la glafougnette de girovagation, problème d’autant moins grave qu’une telle pièce a le défaut capital de ne pas exister. La consultation du manuel m’apprit qu’il s’agissait du voyant de moteur, qu’au cas où il demeurerait allumé lorsque ce dernier tourne il serait bon de rendre une visite au concessionnaire du coin et qu’au cas où il se mettrait à clignoter la prudence conseillerait qu’on se rendît fissa-fissa chez M. Ford. Vu qu’il ne clignotait pas plus que la proverbiale courbe ne s’inverse, je poursuivis ma route.

Il n’empêche que voir que, selon l’instrument de bord, je parcours les routes sinueuses du bocage à 220 à l’heure a un côté amusant. Toutefois, mon mépris des voyants et des bruits intempestifs m’ayant plusieurs fois amené à me retrouver sur le bord de la route ou de l’autoroute auprès d’un véhicule au moteur fumant, j’ai pris la sage décision de convenir d’un  rendez-vous avec le bon garagiste afin qu’un diagnostique soit établi avec le faible espoir qu’il trouve une origine à ces petits maux.  Il faut croire que vieillir me rend bien frileux…

dimanche 14 septembre 2014

Papillon de nuit…



Hier soir par hasard, je suis tombé sur un documentaire de la chaine Arte (oui, c’était moi leur téléspectateur) consacré à Amy Winehouse. On y retraçait sa courte vie faite de succès mondiaux et de petits scandales. Sa mort, suite à une overdose d’alcool lui avait fait rejoindre le Club des 27 regroupant des artistes influents du rock ou du blues morts à 27 ans comme Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin ,Jim Morrison et Kurt Cobain, pour ne citer que les plus connus. Drogue, alcool, accident divers emportèrent ces jeunes gens vers un monde qu’on peut espérer meilleur pour eux.

Les témoignages de proches, l’interview qui ponctuait les chansons du concert qui suivit le documentaire, le look de la jeune femme, sa curieuse manière de s’exprimer  (en plus d’un fort accent londonien), tout concourait à créer une impression de mal être intense. L’image du papillon de nuit s’imposa à mon esprit : comme ces lépidoptères stupides qui viennent se brûler à la flamme d’une lampe à pétrole, la gloire médiatique attire irrésistiblement des gens qui ne sont pas armé pour la vivre. D’ailleurs qui l’est ? Il se trouve que par d’heureux concours de circonstance ou aidés par une forte constitution, bien des rockers dépassent allègrement le cap des vingt-sept ans. Certains même, après une vie d’excès en tous genres, continuent avec succès leur carrière à un âge canonique. Ça a un côté pathétique, mais ça ne semble pas gêner leurs fans. Amy n’a pas eu leur « chance »…

La jeunesse  est souvent un cap délicat à passer. Quand vient s’y ajouter la starisation, ça n’arrange rien. Capricieuse, de tempérament violent, dépressive, Amy se trouva portée au fait de la gloire médiatique à vingt-trois ans avec son fameux Rehab (No, no, no) où elle déclarait son refus de suivre une cure de désintoxication. Ça se vendit à des millions d’exemplaires à travers le monde. Succès à double tranchant vu qu’ensuite elle se verra traquée par les paparazzis toujours avides d’images-chocs d’une star à la dérive. Qu’on déraille, qu’on se laisse aller, relève du mal être,  mais pour le commun des mortels ça ne porte pas forcément à conséquence. Tandis que lorsque vos ivresses, vos prises de drogue, vos disputes conjugales, vos hospitalisations, l’annulation de vos concerts font la une d’une presse avide de sensation, ça se corse.

Quand on voit l’engouement que suscitent les émissions de télé où s’affrontent des candidats à la staritude (que ce soit dans la chanson, la danse ou la cuisine), ils semblent pourtant nombreux les papillons attirés par les feux de la rampe. Ne pourrait-on pas envisager qu’en cas de réussite, ces vedettes se voient accompagnés comme le sont les gros gagnants du Loto ?  Car après tout, faire un tube s’apparente financièrement à toucher le gros lot avec en bonus la « gloire ». Si on n’y est pas préparé (et comment le serait-on ?), si on est fragile, plus que d’une bénédiction, ça peut s’avérer une source de malheurs divers…

samedi 13 septembre 2014

Pêche aux huitres




La pêche à pied est une tradition familiale. Du plus loin que je me souvienne je l’ai pratiquée avec mon père et mon oncle à Louannec. Ce dernier, métallurgiste, confectionnait les outils nécessaires à la capture des proies que nous offraient les grèves de Louannec, particulièrement celle de Nantouar. Nous capturions ormeaux, poulpes, crabes rouges, dormeurs, étrilles, anguilles (dans les herbiers à l’embouchure d’un ruisseau côtier), et blontecs, sortes de poissons-chats bruns dont je n’ai jamais connu le nom français. Nous revenions généralement musettes et sacs bien garnis. Du moins jusqu’au début des années soixante où un hiver très rigoureux fit disparaître les poulpes. Puis vinrent les marées noires qui n’arrangèrent pas les choses. Et puis aussi les marées humaines. Dans les années cinquante, seuls quelques locaux  se livraient à cette activité. Puis le littoral s’est construit et tout le monde s’y est mis, pêchant tout et n’importe quoi, ne remettant pas les cailloux en place. On a même aménagé un parking à Nantouar pour éviter les problèmes que posaient les dizaines de voitures anarchiquement garées le long de la route étroite qui y menait. Moins il y avait de prises possibles, plus il y avait de monde !  A la fin des années quatre-vingts j’initiai ma fille à cette activité. Mais le cœur n’y était qu’à moitié. Retourner des tonnes de roche pour revenir avec trois malheureux crabes ou étrilles manquait un peu d’attrait. Et puis nous avons vendu la maison du bord de mer que nous avions en indivision et j’ai cessé d’y aller.

Il y a plusieurs années déjà, nous étions allés à Gouville-sur-mer et, sur les rochers, nous avions trouvé des huitres en quantité. C’était à cause de l’activité ostréicole qui s’y pratiquait. Je suppose que des sacs s’éventraient et que des huitres en profitaient pour reprendre la vie sauvage. Le temps étant particulièrement beau et le coefficient de marée encore haut, nous décidâmes hier d’aller en pêcher… Seulement tout change et, loin d’être couverts d’huitres comme jadis, les rochers ne montraient plus que leur pierre noire tachée ici et là de quelques berniques. Mais, comme faute de grives on  se contente de merles, nous avions un plan B :  la coque. Seulement de coques à Gouville il n’y avait point. Quelques coups de râteau au hasard me permirent de récolter quelques coquillages dont je n’étais pas certain qu’elles fussent des palourdes. J’en acquis l’assurance auprès d’un gars qui passait. Il était équipé d’un râteau spécial-palourdes et du seau réglementaire et me dit se diriger vers un coin où elles abondaient. Nous le suivîmes et nous arrêtâmes en un lieu ou, après quelques coups  de griffe elles se trouvèrent  foisonner. Seulement, elles n’avaient que rarement les 4 cm autorisant leur prise. Toutefois, en insistant, nous finîmes par en récolter plus d’un kilo. Nous complétâmes notre butin par des berniques, animal délicieux quoique coriace qu’il est nécessaire, comme l’ormeau, de battre avant de le préparer, sauté au beurre avec ail et échalotes. Ces gastéropodes étant injustement méprisés*, il est aisé d’en ramasser en frappant un coup sec à leur base. Si on rate le premier coup, inutile d’insister : elle devient indécollable. Vu que j’avais apporté un burin pour les huitres sauvages, en un rien de temps, j’en fis une bonne collecte.

Et voilà le travail :


La chasse au haricot vert et à la tomate cocktail de ce matin ne fut pas mauvaise non plus :


*En Bretagne personne ne les ramassait et par conséquent les rochers étaient couverts d’énormes spécimens. Lors de mon mariage, les vendéens du côté de mon épouse n’en crurent pas leurs yeux, un peu comme des avares découvrant l’Eldorado. Ils repartirent après en avoir rempli de pleins sacs à patates !

jeudi 11 septembre 2014

11 septembre



Cette date reste souvent attachée à l’étourderie  d’un contrôleur aérien stagiaire à l’aéroport de New-york qui créa bien des dégâts en 2001. Cependant ce jour qui, pour les vrais républicains reste le 25e du mois de Fructidor (officiellement jour de l’écrevisse), fut marqué au fil des siècles par bien des événements majeurs.

C’est un onze septembre qu’ 

  • en 1217 fut signé le traité de Lambeth dont tout le monde se fout comme de l’an 40
  • en 1349 Jehan Debain inventa son célèbre maillot  qui ne trouva d’usage que quelques siècles plus tard
  • en 1609 M. Ravaillac découvrit que le bon roi Henry lui faisait porter des cornes et qu’il commença à concevoir des idées de vengeance
  • en 1619 fut découverte l’île de Manhattan
  • en 1638 Tiburce Lampion prit la décision de ne pas renouveler son abonnement à la Gazette de Théophraste Renaudot qui selon lui ne publiait qu’ « un ramassis de conneries »
  • en 1709 que le Maréchal de Villars infligea une sacrée déculottée  au général Marlborough à Malplaquet
  • en 1747  Léonce Labourdingue, peintre en bâtiment, conseilla à son apprenti Pierrot de s’accrocher au pinceau tandis qu’il enlèverait l’échelle, action devenue depuis un gag hilarant
  • en 1802 Napoléon Bonaparte annexa le Piémont
  • en 1862 Fulgence Chafouignard gagna haut la main le tournoi municipal de bilboquet organisé par la mairie de Romorantin
  • en 1914 se termina la bataille de Lemberg durant laquelle l’armée russe mît la pâtée à ces bouffons d’Austro-hongrois
  • en 1932 Ernest Savello, boulanger à Châteauroux, créa un pain qui donna l’idée à un de ses clients d' un accessoire très apprécié des cyclistes

Depuis rien de bien notable si ce n’est qu’en ce 254e jour de l’an de grâce 2011 fut créé ce blog qui, depuis,  quasi-quotidiennement, participe modestement à l’édification des masses populaires comme des élites les plus raffinées.  

mercredi 10 septembre 2014

Mon père, ce héros ? (Reconstitution d’un puzzle) (2)



Comme disait l’autre, "les sirènes du port d’Alexandrie chantent encore la même mélodie (wowo), les lumières du phare d’Alexandrie font naufrager les papillons de ma jeunesse (Ha !)"… Tout ça c’est bien beau mais la mélodie des sirènes lasse à la longue et une fois que les papillons ont fini de naufrager, on s’emmerde en Égypte. Et puis on est bien ennuyé. Car l’Amiral est fidèle à Pétain et il suffirait de descendre la passerelle du cuirassier pour rejoindre la France Libre. On vous y encourage même. J’ai lu un jour un tract que mon père avait conservé : il enjoignait aux marins de déserter afin de retourner au combat sous peine de se voir, la victoire venue, invités à quitter la marine. Seulement, contrairement à aujourd’hui, à cette époque les héros étaient rares. Il faut dire que jusqu’en quarante-trois, l’issue de la guerre était plus qu’incertaine, miser sur le mauvais cheval pouvait porter à conséquences. Et puis surtout, je crois qu’un jeune homme entre vingt et vingt deux ans qui a passé sa jeunesse en pension et le reste dans la Marine préférerait découvrir un peu ce qu’est la vie plutôt que d’aller au casse-pipe pour une cause si noble soit-elle…

Mon père ne déserta pas mais en juin 1943 l’amiral se rallia à Alger où depuis le débarquement allié de novembre 1942 s’était déroulé un mic-mac politique d’une complexité rare. L’amiral Darlan une fois assassiné, la préférence américaine alla au général Giraud avant que sous l’impulsion de Jean Moulin un accord soit trouvé entre Giraud et De Gaulle qui se partageront un temps le pouvoir. Entrer dans les détails de cet imbroglio politique serait long mais instructif tant à l’époque les lignes sont encore bien délicates à tracer et changeantes  entre gaullistes et crypto-pétainistes. Donc, l’escadre quitte, non sans mal, Alexandrie : trois ans d’immobilisation avaient permis à des colonies de coquillages d’en bloquer les hélices. Traversant le canal de Suez, via le Cap de Bonne-Espérance et Dakar, le  Lorraine rejoindra l’Algérie et son armement y sera  modifié à Oran en 1944 avant de participer au débarquement de Provence et à la libération de Toulon. Je suppose que mon père a participé à ces opérations bien qu’il n’en ait jamais parlé. Auparavant, l’amiral Godfroy, dans le cadre de l’élimination des giraudiste se verra mis en retraite d’office par décret  en décembre 43 (ce décret sera annulée par le conseil d’état en 1953).

La guerre finie, toujours marin, il rencontra ma mère et l’épousa en novembre 1945. Le 26 mars 1946, fut votée la loi de « Dégagement des cadres ». La démobilisation avait pour conséquence logique la réduction de l’encadrement. Dire que le choix des dégagés ait été totalement exempt d’arrière-pensées politiques serait faire preuve d’une grande innocence. Officier marinier, mon père se retrouva sur le carreau. Enfin, pas tout à fait : on lui laissa le choix entre la porte et le volontariat pour l’Indochine. Jeune marié, ayant eu sa dose d’exotisme, il choisit la porte. Ainsi s’achevèrent sept ans et demi d’ « aventures ».

Résumons-nous : mon père ne fut pas de ceux qui, habités par un idéal supérieur (ou simplement dévorés par l’envie d’en découdre), se ruèrent vers les combats. En fait, il suivit le  mouvement. Un amiral gaulliste en aurait fait un Français Libre et par conséquent un héros (peut-être même un héros mort, ce qui est encore plus beau). La prudence  amena son chef à un ralliement relativement tardif qui ne lui valut rien de bon. A terme, ceux qui lui avaient obéi connurent le même sort. Ces temps étaient aussi complexes que troublés. Que les Américains aient porté au pouvoir Darlan, qu’ils aient ensuite accordé leur préférence à Giraud, deux grands chefs militaires dont l’hostilité à Vichy manquait  pour le moins d’évidence, en est la preuve. Dieu merci, soixante-dix ans ayant passé, tout est devenu limpide et d’une simplicité biblique : les alliés n’ont jamais cessé d’être droits dans leurs bottes et le camp du bien clairement défini.

Qu’aurais-je fait en de telles circonstances ? Je n’en sais rien. Sauf invention de la machine à remonter le temps je n’aurai jamais 18 ans en 1938 (et même en ce cas, au cas où on me le proposerait, je ne suis pas certain d’avoir envie de monter dans ce foutu engin). Je pense que comme l’immense majorité des gens, je serais resté dans l’expectative en tentant de survivre là où les hasards de l’existence m’auraient placé.

Oh, et puis tiens, puisqu’en France tout est censé se terminer par des chansons, un petit Brassens en guise de conclusion. A noter que cette chanson, en nos temps de grand héroïsme, aurait bien du mal à connaître le succès…