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jeudi 6 février 2014

Je le regretterai !



L’autre jour, je m’en fus voir mon bon docteur. Dans la salle d’attente j’eus droit à un épisode inédit des Deschiens. En live et gratuit. Un vieux et une vieille qui faisaient succéder des salves de « Y’a plus rien qui va ! C’était pas comme ça dans le temps ! » aux anecdotes du temps où tout  allait et où c’était pas comme maintenant.  Le récit des petites bêtises de leur jeunesse les faisait rire aux éclats. Un « on s’amusait, c’était pas méchant » venait les ponctuer comme il soulignait l’écart entre le bon vieux temps d’alors et le mauvais temps de maintenant. A l’école, au catéchisme, voire à la messe, ils semblaient s’amuser (sans méchanceté) comme petit fou et petite folle. Quant à la politique, pas de doute, il était nul ce président. Au lieu de faire des conneries, il aurait dû tout laisser comme c’était ! Tout un programme…

Mon tour finit par arriver. Le bon docteur me demanda comment ça allait. Je lui fis part des découvertes du gastro-entérologue concernant mon foie. Il n’en fut pas étonné vu qu’il pensait que j’étais moi-même au courant de cette conséquence logique de mon hygiène de vie. Nous conversâmes du rôle du médecin, plus conseiller selon lui que prescripteur-moralisateur.

Cette formalité expédiée, nous pûmes passer aux choses sérieuses : il avait reçu le roman de Michel Desgranges que je lui avais chaudement recommandé mais n’en avait encore entamé la lecture. Il commenta le  curieux mélange d’angoisse et d’humour source du « cynisme » qu’il m’attribue.  Bref, la bien agréable routine qui s’est établie entre nous. Je lui exprimai mon inquiétude vis-à-vis de « notre » avenir. Car ce médecin selon mon cœur a un défaut capital : il a mon âge.

Être né en 1950 n’est pas une tare en soi mais a une inéluctable conséquence : l’an prochain il fêtera ses 65 ans et en profitera sournoisement pour prendre sa retraite. Bien que passionné par son métier et parfaitement à l’aise dans son environnement rural, il voudrait, l’égoïste, profiter un peu de la vie. Il se plaint, ce fainéant, de devenir moins dynamique, de se fatiguer plus vite, que sais-je encore ?

On me dira que je suis mal placé pour le critiquer, que ce calme auquel il aspire j’aurai commencé à en jouir  plus de quatre ans avant lui. Et alors ? Il m’a fallu plus de soixante ans pour rencontrer le médecin de ma vie et Monsieur, sous d’infimes prétextes me planterait là ? N’y aurait-il point de justice ?  N’a-t-il point de cœur ?  La moindre des corrections n’eût-elle pas dû lui faire attendre ma mort ou mon départ du secteur pour oser se retirer ?

Inutile d’argumenter : il n’en fera qu’à sa tête et emportera avec lui les regrets de sa nombreuse clientèle. Qui le remplacera ? Sera-t-il seulement remplacé ? Me faudra-t-il aller consulter à la ville voisine ? Avoir affaire à un jeune qui me parlera comme à un gamin rebelle ?   

Les perspectives sont sombres !

16 commentaires:

  1. En plus, les vieux et vieilles étant probablement à moitié sourds ne savent plus parler normalement, ils glapissent!
    J'ai la même inquiétude avec mes ophtalmologue et dentiste que je fréquente depuis trente ans, en voyant la neige s'installer sur leurs cheveux et en me demandant s'ils seront encore là dans six mois.

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    1. Ayant eu les cheveux blancs depuis mes quarante ans, il y a (peut-être) de l'espoir avec vos praticiens.

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  2. Mon médecin "référent" va se retirer très bientôt après un accident cardiaque. Il ne sera pas remplacé. Il ne me reste plus qu'une solution être en bonne santé jusqu'à ce que mort s'ensuive.

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  3. Moi ce sont mon généraliste et mon cardiologue, dont je redoute la retraite…

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    1. Pour le cardiologue, ça ira : il ne me paraît pas très âgé et de plus pourrait partir sans que je le pleure.

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  4. Pfffft.... Arrêtez de gémir. Vos médecins ont été jeunes, ils n'étaient pas moins bons... Et dites-vous que les jeunes sont plus formés aux techniques modernes... Et si ça ne fonctionne pas, faites comme le dit Pangloss, ne tombez plus malades. C'est vrai, quoi !
    (on se croirait dans un blog hospice, non mais sérieux !)

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    1. Mais, chère Suzanne, je me contrefous des techniques modernes ! Tout ce que je demande à un médecin c'est de m'inspirer confiance et de ne pas trop m'agacer.

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    2. Moi itou! Je suis tombée récemment sur une remplaçante de la généraliste qui a commencé à me sermonner parce que je fume. Je lui ai signifié clairement de s'occuper de ses oignons. Elle a piqué une crise (C'EST MON BOULOT, ÇA, MADAME!). Ne tenant pas à m'attarder dans cet antre hygiéniste, j'ai coupé court mais elle a trouvé moyen de m'asséner une dernière phrase; elle jubilait d'avoir eu le dernier mot et je me suis retenue à quatre pour ne pas lui dire "comme mon chien".

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    3. Orage a raison, c'est le problème avec les nouveaux médecins : ils se croient obligés de vous "prendre en main" ! Les miens savent bien que ce n'est pas la peine de me faire la morale, ni de me renseigner sur les méfaits de l'alcool et du tabac. À la place, on parle de littérature…

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  6. Pour être en bonne santé, rappelons ce précieux conseil de Winston Churchill :
    --No sport !
    (Mais il faut fumer).

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  7. Cela révèle chez votre futur ex-médecin un égoïsme en parfaite contradiction avec le serment d'Hypocrate, croyez moi laissez le à son triste sort, il finira bourrelé de remords une existence qui aurait pu le conduire au Paradis...
    Croyez moi, choisissez en un jeune, j'irais presque jusqu'à dire "une" mais je doute que ce soit une bonne idée.
    Quand je dis jeune, je veux dire un qui soit susceptible de nous enterrer sans toutefois trop activer la manœuvre.
    Amitiés.

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    1. Il est probable que la damnation l'attend, comme vous le dites.
      La longévité du médecin n'est pas toujours très grande. Certains jeunes sont peu résistants. Et puis les jeunes répugnent à s'installer à la campagne...

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  8. Pour la médecine, la campagne, c'est pas le bon plan. Avec un peu de chance, vous aurez droit à une Roumaine diplômée de Bucarest, embauchée par la municipalité pour freiner la perte de lien social et humain de la commune. Encore un peu de chance et elle parlera un peu français.
    Avec moins de chance, la mairie embauchera un Burkinabé, fraîchement lauréat de la faculté de Bobo-Dioulasso, qui forme d'excellents praticiens. Ca tombe bien, ils sont de plus en plus nécessaires pour pratiquer dans les règles les excisions désormais nécessaires en grand nombre dans la jeunesse féminine de feu notre pays. Evidemment, ce détail est sans importance pour votre suivi hépatique et vos conversations.
    Bon courage !

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