Parlons poiscaille
Mon
dernier article consacré au parmentier de saumon m’a permis de
constater, dans un domaine de plus, les graves dissensions qui
existent au sein de notre malheureuse nation. Certains ont cru bon de
me signaler qu’on pouvait remplacer le saumon par de haddock ou du
cabillaud.Soit, mai un parmentier de saumon au haddock ou au
cabillaud, ce n’est plus tout à fait ça.
Ma
connaissance des poissons fumés étant très faible, seul le saumon
ayant grâce à mes yeux, j’ai voulu me renseigner sue ce qu’était
au juste un haddock. A ma grande surprise, il ne s’agissait pas,
comme il eût été logique, d’un capitaine, poisson de rivière,
salé, fumé et teint au rocou mais d’un églefin.
Kipper dans toute son horreur |
Cela
me ram ena à l’esprit une mésaventure liée au poisson fumé.
M’étant rendu avec ma compagne à Lowestoft, charmant port de
pêche du comté de Suffolk en vue d’un entretien d’embauche dans
un quelconque collège d’enseignement supérieur, me vint, au petit
déjeuner, l’excellente idée de demander au serveur de
l’hôtel s’il existait une
spécialité locale. Suivant le précepte anglais bien connu, qui
dit qu’à Rome on se comporte
en romain, je pensais qu’à Lowestoft, le bon goût exigeait que je
fasse comme les Lowestoftiens. Mal
m’en prit, car avec un aimable sourire, peut-être teinté d’une
cruelle ironie que je ne sus déceler, il me répondit
positivement et me recommanda le célèbre kipper de Lowestoft.
N’ayant aucune idée de ce que pouvait être un kipper, j’eus la
faiblesse d’accepter la suggestion et me vis servir un grand hareng
entier, fendu en deux de la tête à la queue, évidé, aplati,
débarrassé de ses arêtes, salé et à peine fumé (à froid), ce
qui lui donne une couleur rouge.
Ce fut dé-gueu-lasse. J’eus bien du mal à finir mon assiette et
passai la journée à ruminer du kipper, ce qui me passa l’envie de
tout autre repas. Faute d’être comestible,
le kipper constitue donc un plat économique.
Une
mère pour moi
J’ai
passé une très mauvaise nuit. Les hurlements d’un vent
tempétueux, le fracas qu’il produisait en secouant mes volets, en
furent la cause. Quelle ne fut pas ma surprise en consultant mes
mails après un réveil tardif et malaisé de voir que Mme Aviva, qui
assure avec efficacité, générosité et zèle mes biens automobiles
comme immobiliers avait eu une pensée pour moi, me conseillant la
prudence suite à l’arrivée de la tempête Clara prévue pour la
soirée et la nuit dernières. Elle me mettait en garde contre les
risques que pourraient occasionner des déplacements, me
conseillait de mettre en sécurité les objets susceptibles d’être
emportés par le vent, avant de m’exhorter à suivre les
éventuelles consignes données par les autorités. Mme Aviva, j’ai
pu le constater, avait raison : si Clara est arrivée un peu à
la bourre elle semble se plaire ici vu qu’elle continue de souffler
et que cet après midi, des pointes à 120/140km/h, seront probables
selon le bulletin d’alerte de
Météo France. Toutefois, vues
les circonstances, mes envies de promenades en auto ou à pied dans
le bocage ou de sortie du salon de jardin et de déploiement de mon
parasol sont limitées. L’expérience peut-être… Quant aux
autorités, leurs désirs sont pour moi autant d’ordres. Cependant,
cette sollicitude, si touchante
qu’elle soit, ne me semble
pas exempte d’arrière-pensées économiques autant qu’égoïstes
de la part de la dame.
Plus
que onze ? Quelle horreur !
En
dehors de la saison qui n’est
pas des plus réjouissantes, il me semblait qu’un manque venait
ajouter à ma langueur actuelle. Je n’en pus cerner la nature
jusqu’à ce qu’en début d’après-midi me vint une inquiétude
quant à son origine : M. Goux aurait-il négligé de publier
son journal de Janvier ? Pire, sa publication, attendue chaque
fin de mois avec impatience par votre
serviteur et ses onze co-fans
m’aurait-elle échappée ? L’aurais-je lu et, Alzheimer
aidant, ne m’aurait-il laissé aucun souvenir ? Il fallut que
j’en aie le cœur net. Vérification faite, je dus à ma courte
honte reconnaître que s’avérait ma seconde hypothèse. Je me
hâtai donc de
réparer cette erreur et pris
comme à l’accoutumée plaisir à cette lecture, même s’il est
vrai que les comptes-rendus de lecture y occupent une place certaine.