Je vais me montrer d'une originalité
folle. Vu que depuis quelques jours je ne me tiens pas au courant des
« actualités », c'est par facebook que je viens
d'apprendre la mort du grand, de l'immense Johnny. Dire que je m'en
trouve atterré serait faux. La nouvelle n'a rien d'une surprise.
La récente visite de ses proches ne laissait rien augurer de bon. De
plus, j'ai bien du mal à pleurer les morts. Pour des raisons qui me sont propres, je ne considère pas la mort comme un drame mais
comme un événement fatal, au sens propre, qui s'inscrit logiquement
dans l'ordre des choses.
Mais n'empêche...
Depuis des décennies, sans en être à
proprement parler un fan (je ne me suis jamais coiffé comme lui pas
plus que je n'ai porté de T-shirts à son effigie ni n'ai assisté à
aucun de ses concerts), j'ai beaucoup apprécié ce chanteur. Et en
cela j'étais un cas rare dans le petit milieu pseudo-intellectuel
que je fréquentais dans ma jeunesse. On l'y accusait d'être un âne
bâté, de ne sortir que des conneries, etc. Je n'ai jamais bien
compris ce genre de jugements. Ce que j'aimais, c'était le chanteur.
Je ne comptais pas plus sur lui que sur quiconque pour imprimer un
tournant philosophique à ma pensée. D'ailleurs, est-ce que je pense vraiment ? Qui eut songé à reprocher à M.
Einstein de ne pas très bien chanter Gabrielle
(anachronisme) ? Chacun son métier et les vaches seront bien
gardées.
La première chanson de lui qui m'a
marqué, fut Les portes du pénitencier, j'ai trouvé sa
version bien supérieure à l'originale des Animals. Et ensuite, il y
en a eu des dizaines. A quoi bon en dresser la liste, vu qu'elle est
déjà inscrite dans la tête et le cœur de tout un pays ?
Disons simplement que les albums écrits par Berger puis Goldman
m'ont laissé un souvenir inoubliable et alimenté mes rêveries plus
ou moins glauques en un temps où dans ma tête il faisait gris.
Johnny vécut en rocker, du moins
l'essentiel de sa vie. Ce qui est normal pour un rocker ne l'est
peut-être pas pour un sous-chef de bureau au ministère des affaires
rapiécées. Il fut fidèle à sa légende, aima les femmes, fit et
adopta des enfants, but comme un trou, fuma comme un pompier, prit
des substances, bref, comme chacun d'entre nous, il mena sa barque
comme il pouvait. S'il existe une autre vie, je la lui souhaite
heureuse au paradis des rockers lequel doit bougrement différer de
celui des sous-chefs de bureau. Qu'il y repose en toute folie !