..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 25 juin 2015

Petit commerce



« Vous tuez le commerce de proximité ! » c’est ainsi que le bon garagiste réagit lorsque je lui annonçai que j’avais fait affaire sur Internet et que je ne prenais pas sa magnifique tondeuse pour cause de prix bien trop élevé par rapport à des articles similaires vendus en ligne.

Il est vrai que toutes ces vitrines abandonnées déparent les rues de nos villages. Je suis le premier à le regretter. Cependant, s’il n’y avait que des acheteurs de mon genre, leur nombre grossirait encore. Car je dois l’avouer à ma courte honte : je suis atteint de bouticophobie. Entrer dans le moindre petit commerce, quand il ne s’agit pas d’un salon de coiffure ou d’un garage,  m’est une épreuve. En revanche,  je me sens à l’aise dans la grande distribution où personne ne vient m’agresser, où l’on me laisserait, si tel était mon bon plaisir (mais il l’est rarement, contempler les biens que je guigne tout mon soûl sans qu’on vienne me proposer de l’aide ou des renseignements que, n’étant ni aveugle ni illettré, je suis capable de lire sur les étiquettes informatives. Pour ce qui est du bricolage, quand le doute me taraude, je me mets à la recherche d’un vendeur qui se fait un devoir de m’offrir les précisions requises. Sinon, j’adore la paix royale qu’offre le self-service.

On m’objectera que le petit commerce crée du lien social. Mouais. Personnellement, les échanges sur le temps qu’il fait ne sont pas indispensables à mon intégration. De plus, certaines manies petites-commerçantes m’agacent au plus haut point. Le « Et avec ça, ça sera ? » de la boulangère ou de la charcutière après que je leur ai demandé une baguette ou deux tranches de jambon m’irrite. Qu’attendent-elles ? Que me revienne soudain à l’esprit qu’en plus de ces menus achats j’avais un besoin irrépressible de 457 pains au chocolat, de 34 pains de quatre livres, de 95 babas au rhum, de 64 croissants, de 40 kilos de levure ou encore de 20 mètres de boudin, de trois tonnes de lard maigre, d’un demi-porc, de 45 kilos de pâté, de 36 000 andouilles (ce qui expliquerait au passage la présence du poids lourd réfrigéré de location que j’aurais garé devant la boutique) ?

L’e-commerce, présente en plus d’éviter d’oiseuses bavasseries au bavard impénitent que je suis les considérables avantages de ne pas m’astreindre à observer les horaires d’ouverture et de n’avoir pas à me déplacer vers de grandes surfaces spécialisées situées en périphérie des villes (j’ai en sainte horreur tout ce qui ressemble à un environnement urbain).

Il est vrai qu’ainsi je tue le commerce de proximité mais, vu l’usage que j’en ai, il me faudrait être bien hypocrite pour prétendre pleurer sa disparition. Tout le mal que je lui souhaite c’est que demeure un nombre suffisant d’amateurs de « lien social », de discuteurs-de-bout-de-gras-avec-la-charcutière et de clients avides de conseils et de sourires commerciaux pour qu’il se maintienne.

mardi 23 juin 2015

Le mois des pannes



Ces trente derniers jours, les pannes diverses me poursuivent. Ça a commencé par les deux voitures. L'une refusa de démarrer, l’autre se mit à se vider de son liquide de refroidissement occasionnant chacune de coûteuses réparations et cela au cours du même week-end. Après trois semaines d’accalmie, les pannes sont revenues. Ça a commencé par le lave-vaisselle qui a rendu l’âme. Dire que ce fut une réelle surprise serait exagéré vu que ces derniers temps ses cycles devenaient aussi interminables que moyennement efficaces. Deux jours plus  tard j’eus la surprise de voir le four microondes se mettre à dégager des éclairs rappelant l’allumage d’un néon fautif, laisser des bruits étranges s’échapper avant que de petites flammes n’apparaissent à l’intérieur. Je crus préférable de le débrancher. Enfin, vendredi dernier, tandis que je tondais la pelouse impassible, je ne me sentis plus hâlé par la tondeuse, le système de traction déclarant forfait. Je l’emportai chez le mécanicien qui diagnostiqua une rupture de courroie et me dit qu’il m’appellerait pour me donner des nouvelles de la malade. N’en recevant point, ce matin, inquiet, je décidai de prendre le taureau par les cornes et téléphonai au garage. Il me fut répondu que le mieux serait que je passe. Mon inquiétude grandit et je me précipitai à son chevet. Le diagnostic fut sans appel : non seulement elle ne tracterait plus mais tant de ses pièces étaient en si piètre état que la réparer équivaudrait à en acheter une neuve (que le bon mécano s’empressa d’essayer de me fourguer).

Serais-je maudit ?  Ces défaillances ne seraient-elles que les cinq premières d’une interminable série ? Devrais-je m’attendre à voir le congélateur exploser, les téléviseurs fondre inopinément, les voitures disparaître dans un incendie spontané entraînant accessoirement la destruction du garage, mon ordinateur perdre la mémoire, le réfrigérateur cuire les aliments que je lui confie, le four à chaleur tournante répandre un air glacial dans la cuisine, etc ? Quand je pense au nombre de machines et d’appareils divers susceptibles de me jouer des tours et de m’occasionner de couteux autant qu’indispensables remplacements, j’en frémis.

samedi 20 juin 2015

Fleurière la bien nommée...

Cette super-production des établissements Étienne a pu être réalisée grâce à l'aimable participation, par ordre d'apparition à l'écran de :

Pour La Fleurière : Mesdames et Messieurs Émérocal, Dahlia, Oeillet de Poète, Rose, Aster, Oreille de Lapin, Pivoine blanche, Valériane, Glaëul, Iris et Hortensia.

Pour La légumière : Mesdames et Messieurs Courgette, Poireau, Fève, Pois, Pomme de terre, Artichaut, Chicorée de Bruxelles et Potiron.

Pour la Fruitière : Mesdames et Messieurs Pomme, Tomate, Fraise, Framboise, Groseille et Cassis.

Qu'ils en soient remerciés !

Avec un grand MERCI pour Nicole sans qui la Fleurière ne serait pas devenue ce qu'elle est aujourd'hui.

Ça s'appelle La FLEURIÈRE..












Mais ça aurait aussi bien pu s'appeler LA LÉGUMIÈRE...













 ...et pourquoi pas LA FRUITIÈRE ?






vendredi 19 juin 2015

Muselons les méchants Français !



Sur la RSC™*, le camp du bien s’indigne, se déchaîne, éructe, écume, fustige, condamne. Le ban, l’arrière-ban et jusqu’au plus humble tabouré** y sont convoqués pour qu’ils expriment la tristesse, la rancœur, la colère, la honte que fait naître en leur âme généreuse le terrible égoïsme de l’Europe en général et de la France en particulier face au drame des migrants, chassés de leur terre par les guerres, la misère ou la compréhensible envie d’une vie meilleure. Plutôt que de les accueillir à draps bras ouverts, nous fermons nos frontières et les rares malheureux qui sont parvenus à mettre un pied timide sur notre sol, leur offrons-nous les logements décents et les moyens de subsistance qu’ils méritent ? Que nenni !  Nos autorités les délogent manu militari des camps improvisés où ils tentent de survivre !  On en rougit. On en pleure… …et on en menace !

Tout est évoqué : les exemples turcs ou libanais, pays qui abritent des millions de réfugiés quand nous nous  montrons réticents à en recueillir quelques dizaines de milliers ! Le bon vieux temps des boat-people où tous les partis (à l’exception des communistes) prônaient que l’on ouvrît nos frontières à ces damnés de la terre. Arguments aussi massues que spécieux.

D’abord, si des millions de Syriens ou D’irakiens se sont massés chez leurs voisins, c’est que ces derniers n’étaient pas en mesure d’arrêter leur flot. S’ils y subsistent vaille que vaille, c’est que des ONG ou des institutions internationales le leur permettent. Le cœur des Français se serait-il endurci depuis la fin des années soixante-dix quand les malheureux sino-vietnamiens se sont vus accueillis ?  Ce serait oublier que la France des années Hollande n’est plus celle des années Giscard. Depuis, par millions, venus d’Afrique ou d’Asie des millions d’hommes et de femmes sont venus s’installer sur notre sol. Le chômage a explosé. Les « crises » se sont succédé. Ce n’est pas tant que nos cœurs se sont fermés à toute charité, c’est plutôt que nous avons déjà accueilli ce que nous pouvions, peut-être même plus que nous pouvions. Au point que nombreux sont ceux qui sentent les bases de ce qui constituait notre identité vaciller sous leurs pieds. Au point que bien des quartiers de nos grandes cités sont devenues si diverses que l’autochtone ne s’y sent plus chez lui.

Aux yeux du « camp du bien », rien de grave à cela :  l’identité n’existe pas plus que les frontières, l’humanité est une grande famille (en un sens, ils ont raison : on s’y entre égorge avec passion), les milliards que l’Europe dépense pour endiguer l’invasion de son territoire seraient mieux utilisés à recueillir qu’à contenir. Etc.

Seulement, les bisounours autoproclamés sentent bien que leur discours ne convainc pas, qu’il ne passe plus, que l’opinion ne les suit pas. Alors, vient l’argument totalitaire : pour ces démocrates en peau de lapin, si les voix qui s’élèvent se montrent discordantes, il faut les faire taire. Au nom des valeurs républicaines, il est urgent de les censurer. C’est ce que préconisait ce matin sur la RSC le Bon Benjamin Biolay, chanteur de son état, sur les ondes de la RSC™*. Bien entendu, c'est par la "fachosphère internétique" qu'il conseillait qu'on commençât...

*Pour les nouveaux venus, RSC™ = France Inter, Radio de Service Comique entièrement dévouée aux causes généreuses et entretenue à nos frais. Si je me résigne à continuer de l’écouter, c’est que les autres ne valent guère mieux.
**Il s’agit là d’un piètre jeu de mots et non d’une déficience orthographique.

mardi 16 juin 2015

Une nouvelle espèce de cons



Les passages entre parenthèses sont des réflexions que suscitèrent certaines paroles. J’en prononçais certaines alors que j’en gardai d’autre par devers moi afin de ne pas montrer trop clairement mon côté moqueur.

S’il est une chose qui passionne l’éthologue, c’est bien l’observation des cons. Il en est de toutes sortes : le vilain con, le triste con, le petit con,  le pauvre con, le gros con, etc. Si certaines espèces sont en pleine expansion comme le con-citoyen, le con-tractuel, le con-cupiscent ou le con-disciple, d’autre sont plus rares et si c’est une grande joie d’en découvrir un exemplaire c’est une rare félicité d’en contempler une paire. J’ai eu cette chance.

Vu que je m’en sers de moins en moins, j’ai décidé de mettre en vente ma Daimler. Une annonce sur Le bon coin provoqua un premier mail d’un éventuel acheteur au budget bien exigu. Un second s’enquit de sa disponibilité, de son équipement, et me demanda s’il serait possible de la voir (La voir ? Vous n’y pensez pas, ici on achète d’abord, on voit ensuite ! ). Je lui répondis et un subséquent appel téléphonique nous permit de prendre rendez-vous pour le dimanche matin aux environs de onze heures. Je lui donnai toutes les indications nécessaires pour atteindre ma campagne reculée. Le client potentiel se ferait accompagner par un sien ami, possesseur d’un véhicule comparable et ipso-facto spécialiste incontestable. 

L’heure venue, je vis arriver au pas une petite Peugeot blanche qui s’empressa, arrivée à la maison, de tourner à droite vers un autre hameau. Quelque temps plus tard elle redescendit et dépassa la maison sans un regard. Pas de doute, c’était mon  client ! Je sortis du jardin et vis qu’il avait de nouveau rebroussé chemin. Il se gara dans l’entrée et, me serrant la main, me demanda de confirmer que j’étais bien M. Étienne (et aucunement le Dr Livingstone). Ce que je fis. Son compagnon nous rejoignit. Les deux hommes étaient d’age mûr, bien chauves, vaguement barbus et propres sur eux. Au début tout se passa correctement : j’attirai l’attention du supposé intéressé sur les menus défauts que pouvait présenter l’automobile (transparence quand tu nous tiens !) sans qu’il semblât s’en inquiéter outre mesure. Il regretta la présence d’une antenne de téléphone mais, comme je lui expliquai, c’était ça ou un trou dans le toit… Nous partîmes faire un tour.  C’est revenu à la maison que l’ « expert » entra dans la danse. Visiblement le mot ravi n’était pas le plus apte à décrire son état d’esprit. Précédant ses remarques d’un « je suis peut-être maniaque, mais… » ou d’un « c’est mon métier » (j’ignorais que connard en était un) il me signala des défauts minimes que je n’avais jamais remarqués mais qui lui paraissaient gravissimes, coûteux voire impossibles à pallier. Tel chrome d’après lui mal aligné lui blessait l’œil (un peu de collyre ?  j’en ai), les cuirs devraient être recousus (je vous offre une aiguille et du fil !). Arriva le verdict : si ça dépendait de lui, et pour parler franchement (pourriez pas être un peu hypocrite ?), il ne la prendrait pas. Trop de défauts, trop d’énormes frais…  

Les deux con-pères partirent, me laissant avec la désagréable impression de posséder un véhicule que je devrais avoir  honte de laisser à un casseur et que les Sénégalais refuseraient d’embarquer vers Dakar, même en les payant, de peur de dégrader l’image de la médina.
Ces gens avaient tout de même parcouru, aller-retour, 500 km pour déplorer mon épave. Je crains qu’ils n’aient du mal à trouver ce qu’ils disaient chercher…