..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 3 avril 2015

I want my money back !



Cette exclamation thatchérienne m’est arrachée par un nouveau scandale. Comme plusieurs dizaines de millions de foyers fiscaux, je suis en ce moment victime d’une escroquerie éhontée. En effet, alors qu’on m’oblige à souscrire un abonnement à Radio-France via la taxe sur l’audio-visuel, le service public en question ne m’est pas rendu depuis déjà plus de deux semaines suite à une grève.

Je trouve déjà bizarre en soi qu’existe un tel « service public » auquel on me contraint de contribuer. La notion de « radio de service public » me paraît en soi assez contestable. Si le service public désigne selon Wikipedia « une activité d'intérêt général , assurée sous le contrôle de la puissance publique, par un organisme (public ou privé) bénéficiant de prérogatives lui permettant d'en assurer la mission et les obligations (continuité, égalité) », je vois mal en quoi une chaîne de télévision ou de radio pourrait en constituer un. Autant l’existence d’une radio d’État a pu se justifier jadis par des fins de propagande, autant sa subsistance sous l’appellation de service public, surtout au temps d’Internet me paraît un anachronisme. Ses défenseurs disent qu’elle fournit des programmes que les autres n’offriraient pas.  Mais il en va de même pour toute activité, qu’elle soit culturelle ou non.  S’il y a des amateurs pour apprécier Radio-France, libre à eux  d’accepter qu’elle soit financée par la publicité ou de s’y abonner afin d’en assurer la viabilité. Si ce n’est pas le cas, je ne vois pas au nom de quoi on imposerait à l’ensemble de la population de participer au financement de services non-essentiels que la grande majorité d’entre elle n’utilise pas. Surtout quand une tendance idéologique y exerce un quasi-monopole sur l’orientation politique de ses contenus. Qu’il existe une Radio Gaucho ne me gêne absolument pas mais à condition qu’elle soit financée par les seuls gauchos. A moins, bien entendu qu’existe concurremment une Radio-Réac plus à mon goût financée elle aussi par l’impôt…

Quoi qu’il en soit, vu que je participe à son financement, la moindre des choses serait que son soi-disant service me soit rendu et qu’en cas de grève me soit remboursé, comme à chaque foyer fiscal, une somme représentant le prorata de la période de défaillance. Une semaine de grève représentant 1.92% du montant de la part de ma contribution annuelle allouée à Radio-France il serait donc logique qu’au bout de trois semaines me soit remboursés 5.77% de celle-ci. Il est probable que la somme serait minime, vu que le gros de la taxe risque d’être attribué à France Télévisions, mais tout de même…

Grand seigneur, afin d’éviter les frais de virement qu’un remboursement entraînerait, j’accepterais que me soit consenti un avoir sur ma taxe de l’an prochain. Je suis pourtant certain qu’il n’en sera rien. Car l’État, contrairement à toute entreprise et en dépit de la plus élémentaire honnêteté, a le pouvoir de facturer des services non-rendus…

jeudi 2 avril 2015

Des réglementations.



Il a été un moment dit qu’Andreas Lubitz, copilote chez Germanwings de son état, aurait voulu un peu comme Érostrate laisser un nom dans l’histoire. Il me semble avoir entendu quelque part que cette déclaration aurait été infirmée. Mais qu’importe ? Ce qui compte c’est le résultat : on ne parle que de lui et on envisage les mesures susceptibles d’empêcher que se reproduise un tel événement. Pour certains, la solution serait qu’il y ait en permanence deux personnes dans le cockpit. Pour d’autres que l’on y installe des toilettes. Pour ce qui est d’être à deux dans les toilettes du cockpit, c’est encore en discussion. Tout cela est bel et bon mais qu’est-ce qui nous garantit que le malade mental en crise n’assommerait pas la deuxième personne ou  ne parviendrait pas à enfermer son collègue dans les toilettes avant de précipiter son avion dans un endroit propice à sa désintégration ?

Notre époque est friande de règlements et de précautions censés éviter toute catastrophe voire tout risque. Je me demande si, après l’incendie du Temple d’Artémise à Éphèse par ce fou d’Érostrate, les autorités compétentes avaient renforcé les dispositifs de sécurité autour des six merveilles du monde restantes au cas où cet acte insensé aurait fait des émules prêts à passer les jardins suspendus de Babylone au Round-up*, à découper la statue chryséléphantine de Zeus en petits bouts pour les revendre aux puces, à mettre le feu à la pyramide de Gizeh (pas évident, ça), à saccager la statuaire du Mausolée d’Halicarnasse à coups de burin, à couper une jambe au colosse de Rhodes pour qu’il s’effondre ou à faire exploser le phare d’Alexandrie grâce à un procédé innovant (la poudre n’ayant été inventée par les chinois que bien plus tard)… On est en droit d’en douter, ne serait-ce que parce que la date de l’établissement de la liste de ces merveilles est incertaine et qu’elle n’était probablement pas clairement et définitivement établie à l’époque de l’incendie.

Une chose est certaine : la manie réglementaire supposée nous garantir une sécurité absolue est récente. On peut en effet penser que si chaque événement exceptionnel avait provoqué la mise en application de mesures pérennes visant à en prévenir la reproduction il y a fort à parier que leur nombre serait incalculable et leur connaissance humainement impossible. N’importe comment, même si nous parvenions à nous prémunir contre les catastrophes exceptionnelles et somme toute peu meurtrières, il n’en demeure pas moins que les plus importantes, comme celles provoquées par les chutes de météorites géants et à un moindre degré les guerres, invasions et autres gigantesques tsunamis se contrefichent des règlements et des précautions qu’on pourrait tenter de leur opposer…

*Si on n’a plus droit à un anachronisme de temps à autre, à quoi bon vivre ?

mercredi 1 avril 2015

Pub



Dans une société où, pour l’immense majorité, les besoins fondamentaux sont largement satisfaits la croissance ne peut s’assurer qu’en créant de nouveaux besoins artificiels et en instillant dans les esprits la crainte de périls imaginaires. Besoins et craintes qu’on viendra ensuite satisfaire ou apaiser. Les messages publicitaires sont  là pour ça. Ceux de la firme Carglass en témoignent de manière insigne.

En gros elles consistent dans un premier temps à créer un sentiment d’inquiétude par rapport à un événement aussi improbable que sans importance. Vous meniez une vie jusque là heureuse et puis voilà que, suite à je ne sais quelle malédiction, vous êtes victime d’une des pires catastrophes qui puisse frapper l’être humain : un impact sur VOTRE pare-brise !  Le traumatisme est fort. Mais hélas, vous n’êtes pas au bout de votre calvaire : figurez-vous que ledit impact, en dépit de la violence du stress qu’il implique, n’est que le signe annonciateur d’un séisme moral à ravaler le pire des  tsunamis au rang d’insignifiante anecdote. En effet, à la moindre occasion (mise en marche de l’air conditionné, passage dans un nid de poule) cet impact peut engendrer UNE FÊLURE ! Vous rendez-vous compte ?  Une FÊLURE ! Votre pare-brise à vous, FÊLÉ !  Heureusement, face à un tel cataclysme, il existe une solution : le monsieur de chez Carglass viendra jusque chez vous avec sa résine magique ! En moins de temps qu’il en faut à un lapin, il l’injectera dans l’objet de votre ressentiment et vous pourrez reprendre la route sans vivre l’insupportable agonie qu’engendre la crainte de la FÊLURE ! C’est tout juste si votre pare-brise ne s’en trouvera pas nettement amélioré. Et tout ça (au moins dans la plupart des cas) sans qu’il vous en coûte un rouge liard ! Alléluia, grâce à Carglass et à son monsieur, l’apocalypse laisse place à la béatitude !

Retournons sur terre. Admettons que suite à un quelconque choc avec un gravillon, un impact vienne affecter votre pare-brise. Sauf si celui-ci est d’une taille importante et qu’il affecte votre champs de vision, vous risquez de ne même pas l’apercevoir. Les chances pour que celui-ci donne naissance à une fêlure sont minimes (quarante-six ans de conduite et de nombreux impacts m’incitent à le penser). Au cas où ce malheur vous affecterait, que feriez-vous ? Vous iriez au plus proche garage, y commanderiez un nouveau pare-brise qu’on vous changerait en deux temps trois mouvements au dépens de votre assurance !  Quelle aventure !  De plus, la venue du monsieur de chez Carglass  au moindre impact, s’il calmera votre angoisse de la fêlure n’empêchera pas l’usure normale de votre pare-brise adoré et au bout du compte la réduction de votre visibilité.

Il n’empêche que créer de fausses angoisses, les palier grâce à de pseudo-solutions est créateur d’emplois. Ainsi va notre monde.

mardi 31 mars 2015

Le lierre, cet assassin.



Ma réfection des joints du garage m’a fourni une nouvelle preuve de la nocivité de cette immonde plante grimpante dont un pied, ayant plongé ses racines dans un joint en terre du mur, avait entrepris son inexorable travail de sape. Il m’a fallu desceller quelques pierres pour en extirper le plus gros des tiges et racines. Je compte dès que possible achever la besogne salvatrice au lance-flammes (ou desherbeur thermique). Rira bien qui rira le dernier !

A première vue, le lierre est sympathique : il garde sa verdeur en hiver, apportant une touche de couleur en ces temps désolé. Mourant où il s’attache, on le présente comme un exemple de fidélité. Certains esprits superficiels trouveraient même qu’il apporte de la beauté aux murs, les parant d’un manteau vernissé du plus bel effet. Ceux-là sont des proies faciles pour le démon dont les pires suppôts apparaissent sous des traits charmants…

Car comme bien des co-pilotes,  bien des infanticides, bien des escrocs, bien des tueurs en série, le lierre cache ses noirs desseins sous des dehors débonnaires. La grande différence avec ces autres monstres, c’est qu’il ne dit pas, que je sache, bonjour à tout le monde*. Il n’empêche que cet assassin est sans pitié. A la différence de l’enfant capricieux, du zappeur compulsif, du vieillard qui tente de prendre subrepticement votre place dans la queue au supermarché et de l’électeur réclamant le départ de M. Hollande,   il possède une qualité qui se fait rare : la patience.

Car pour arriver à ses fins, qui ne sont autres que la mort de celui qui l’accueille et le soutient, il prend tout son temps. Avant de le détruire, il parera de son vert permanent le vieux mur, ajoutant à sa beauté. Mais ce faisant, il insinuera ses tiges dans les anfractuosités de la paroi, elles y grossiront  doucement puis, exerçant une pression irrésistible sur les pierres y pratiqueront des fissures puis des brèches et finiront par la faire s’écrouler. Le temps pour lui ne compte pas : il peut vivre des siècles, certains disent même qu’il pourrait atteindre le millénaire… J’en ai connu un, dans mon jardin de Montbazon où se trouvait une tour du château médiéval dont le tronc atteignait les 15 cm et qui était parvenu à pratiquer dans la paroi multi-centenaire de cet élément de défense de larges fissures annonciatrices de sa ruine finale.  

Mais sur un arbre, me direz-vous, quels dégâts peut-il causer ? Le mêmes !  Dans un article, un jardinier moderne, bien écolo comme il se doit, le prétendait inoffensif, voire utile, sur un arbre sain et vigoureux tout en concédant qu’il pouvait se montrer fatal à un sujet affaibli. Quelle légèreté ! Comment oublier qu’un jour viendra où le robuste frêne perdra sa belle santé et où le lierre viendra précipiter sa fin ?

Pour le lierre comme pour la piéride une seule solution : l’EX-TER-MI-NA-TION !  

*Clin d’œil à une certaine lectrice qui se reconnaîtra.

lundi 30 mars 2015

Soirée électorale



J’adore les soirées électorales. Il est toujours agréable de voir les vaincus minimiser leur défaite, les vainqueurs s’attribuer des succès dont l’ampleur n’est due qu’à un système électoral discutable et les écartés critiquer un mode de scrutin justement destiné à les mettre hors-jeu. Zappant de chez M. BFM à chez Mme France 3, j’ai pu constater sur le « service public » qu’on y avait une bien pardonnable tendance à minimiser les pertes de la gauche grâce à d’astucieux artifices et d’acrobatiques manières de présenter les choses nous prouvant, si nécessaire, que ce qui fait la différence entre un « service public » et un qui ne le serait pas c’est l’imagination et l’absence de préjugés.  Ainsi mon département de la Manche se vit-il qualifié de « divers » par France 3 quand BFM le voyait à droite. Tant il est vrai qu’un département où les divers droite l’emportent largement ne saurait aucunement être clairement classé d’un côté ou de l’autre de l’échiquier.

Les invités politiques tinrent leur rôle avec toute l’originalité qu’on pouvait attendre d’eux. On sentit M. Placé prêt à prendre une place, M. Guedj au bord de la dépression, Mme Autain certaine qu’un virage à gauche était unanimement attendu, les socialistes modérés persuadés que face à un tel succès il était urgent de ne rien changer, M. Juppé, toute calvitie dehors, prêt à tout, à rien ou aux deux, M. Sarkozy requinqué comme aux plus beaux jours, Mme Kosciusko-Morizet prête à donner sa vie pour ses idées au cas où il lui arriverait d’en avoir, Mme Le Pen confiante en son avenir, M. Philippot omniprésent, bref, comme à toute revue digne de ce nom, il ne manquait pas un bouton de guêtre et tout le monde put se coucher content, certain d’avoir tenu son rôle et rempli son devoir.

Toutefois, un intervenant me sembla sortir du lot sinon par la nouveauté du moins par la justesse de son analyse. Je veux parler de M Dray, Julien de son prénom et peut-être même Juju pour ses intimes. L’homme n’est pas un imbécile. Un fils d’instituteur arrivé de son Algérie natale en 1965, ayant pratiqué le trotskisme, fondé SOS racisme, magouillé dans toutes les combinazione du PS, tantôt à sa gauche, tantôt modéré ne saurait l’être. Et ce d’autant moins qu’il cultive une coûteuse passion pour montres et stylos de collection pas forcément en rapport avec ses ressources ce qui lui valut naguère de se voir faire les gros yeux par une justice intraitable. Et que déclara-t-il ce brave élu du peuple ? Que la Gauche avait perdu la bataille idéologique, qu’elle devait non seulement se recomposer mais se donner de nouvelles bases théoriques afin d’être en mesure de reconquérir un électorat populaire qui l’a abandonnée, qu’un retour de la croissance ne changerait pas grand-chose etc. Entendre un socialiste débiter autre chose qu’un catéchisme de slogans éculés est étonnant. Ce serait même inquiétant s’il n’était pas le seul !