A France Info, on se
réjouit de façon subliminale (tandis que sur France Inter on le
clame à grand bruit) de ce que l' « Identité »,
selon un
récent sondage, soit le cadet des soucis des Français tandis que
le chômage et la lutte contre le terrorisme constituent leurs
priorités. Au point que seuls 4% d'entre-eux souhaitaient voir
abordé ce sujet par les participants au débat de la primaire de la
droite et du centre. Ainsi les délires identitaires de certains
boute-feux ne rencontreraient-ils aucun écho chez nos concitoyens.
Quoi de plus rassurant ?
D'un autre côté,
peut-on s'en étonner ? L' « Identité française »
est une notion plutôt abstraite et généralement si mal définie
que tout "intellectuel" de gauche, tout apprenti-philosophe
progressiste, aura beau jeu de vous démontrer par A plus B que
celle-ci n'existe pas ou qu'elle est si multiple que cela revient au
même. Ainsi les Bretons ont-ils des chapeaux ronds quand les Basques
portent des bérets plats ! Ne pas voir dans ce dernier exemple
la preuve irréfutable de l'inexistence de cette notion fumeuse
relève de l'inconscience voire de la cécité volontaire.
A moins que ce genre de
raisonnement ne soit spécieux dans la mesure où plutôt que
chercher les traits majeurs susceptibles de définir une commune
identité il consiste à souligner des écarts de détail. A
contrario, il est aisé de trouver des éléments communs permettant
d'intégrer dans un même groupe des individus dont les différences
sont énormes en tout domaine. Il suffit pour ce faire de retenir des
critères suffisamment généraux et peu pertinents.
Et puis, intégrer dans
une même liste des notions on ne peut plus concrètes comme le
chômage ou le terrorisme et des abstractions comme l' « Identité »
manque de rigueur. Dans un pays qui compte par millions ses
sans-emplois et ses précaires , que de sanglants attentats ont
endeuillé, comment s'étonner que ces thèmes arrivent aux premiers
rangs ? Curieusement, on se garde bien de souligner que
l'immigration arrive en troisième position à quasi-égalité avec
le terrorisme. On ne relève pas davantage que la santé n'apparaît
qu'en avant dernière position. Devrait-on en conclure que vu le peu
d'intérêt que les Français portent à ce sujet, supprimer la sécu
ne poserait aucun problème majeur ?
En fait, ce sondage,
comme bien d'autres, n'apporte pas grand chose. Une chose y est
toutefois remarquable : le peu d'écart que l'on note entre
l'ensemble des Français et les électeurs de la primaire. Leurs
sujets de préoccupations arrivent dans le même ordre et les
variations n'y sont que de 1 à 3 points. Un esprit mal tourné ne
pourrait-il pas y voir se dessiner l'esquisse d'une certaine
« Identité » ?