La lecture de ce post de L’Iconoclaste
réactionnaire m’a fait me souvenir d’un
sujet de billet sur la campagne anti-tabac récemment en cours où
une femme s’ouvre au tabacologue de service d’une question qui la taraude, fait
de sa vie un enfer et dont la réponse pourrait fort bien en influer le cours.
Figurez-vous que cette créature pétune à raison de « près d’un paquet par
jour » et que ce n’est pas le cas du pauvre inconscient qui l’a prise pour
épouse. Du coup, elle s’inquiète : à force de lui souffler sa fumée dans
les naseaux, ne mettrait-elle pas la vie de son cher et tendre en danger ?
La réponse d’Emmanuel, tabacologue de son état chez M. Tabac Info
Service, est immédiate et sans appel : son époux voit ses chances de
calancher (dans d’atroces douleurs) d’un cancer du poumon augmenter de 25% ! Vous vous rendez compte ? Mais c’est énorme ! Son pauvre bichon va crever ! Et de sa faute !
Seulement, M. Emmanuel, animé par sa foi de prosélyte zélé
oublie de lui signaler un fait objectif : la probabilité de mourir d’un
cancer du poumon pour un non-fumeur est de l’ordre de un pour cent. L’augmenter de
25% l’amènerait donc au pire à 1.25% ce qui est plutôt négligeable, non ?
Ce chiffre de 1 % m’avait été donné par un mien praticien il y a quelques
années. Voulant en avoir le cœur net
avant d’écrire, j’ai posé la question, pas plus tard que ce matin, à mon bon
docteur à qui je rendais ma visite de courtoisie trimestrielle. Sans confirmer
le chiffre, il m’a cependant affirmé que ça devait être dans ces eaux-là et en
tout cas négligeable. Donc, négligeable + 25%, ça ne fait toujours pas grand-chose.
Loin de moi l’idée d’encourager le tabagisme. Le fait d’avoir
à un haut degré cette sale manie qui ne m’apporte aucun plaisir mais dont l’abandon
me perturberait fort, n’est aucunement une raison pour souhaiter de voir autrui
y sacrifier.
Non, ce que je réfute c’est le recours à des arguments qui
ne tiennent pas debout. C’est de faire appel aux sentiments altruistes pour
pousser des gens à abandonner la cigarette. Après tout, si Ghislaine
(appelons-la Ghislaine !) a envie d’épargner la vie de Gaston (appelons-le Gaston !) elle peut très
bien aller fumer dehors ou le quitter pour Léon qui fume comme un pompier, son
arrêt du tabac ne dépendant que d’une décision personnelle.
Sans compter que Gaston pourrait très bien se lasser des
sautes d’humeur de sa femme dues au sevrage et la quitter pour Odette qui, si
elle fume, a au moins l’avantage de ne pas les lui briser menues avec les
sacrifices qu’elle fait pour sa santé…