Lorsqu'on a demandé à votre enfant,
actuellement en moyenne section de maternelle*, vers quelle
profession il ou elle comptait s'orienter, il a répondu vouloir
devenir sosie. Cette réponse montre un esprit original à un âge où
tout le monde voudrait être pompier, infirmière ou professeur(e)
des écoles. Seulement, embrasser cette carrière n'est pas chose
simple.
La première question, fondamentale,
est de déterminer de qui on souhaite l'être. Et cette question en
recouvre bien d'autres. Il va de soi que le modèle doit être
populaire, très populaire même. Sinon les contrats se feraient
rares. Il faut que cette popularité soit non seulement durable mais
moralement inattaquable. Si tel ou telle jouit aujourd'hui d'une
aujourd'hui d'une gloire méritée, il se peut qu'un faux-pas, qu'une
peccadille, vienne entacher son renom et le fasse disparaître des
listes. Quant à la durabilité, celle-ci n'est jamais assurée.
D'autre part, si votre enfant est blond et jouit d'un teint de rose,
ses chances de ressembler à Kylian M'Bapé sont, quelle que soit la
bonne volonté qu'il y mette, hasardeuses.
N'importe comment, il serait prudent de
choisir un modèle de son âge et pour ce faire d'attendre d'être
adulte. Combien de gamines ayant des faux airs de Brigitte Fossey
ont fini par ressembler à Alice Sapritch ? Même si de nombreux
sosies de Johnny Hallyday ou d'Elvis Presley n'ont en commun que leur
manque de ressemblance avec leur idole, il est préférable que la
ressemblance soit troublante. Si seules des personnes atteintes de
graves troubles de la vue ou de démence sénile avancée vous
confondent avec votre modèle, ce n'est pas très encourageant. Pour
être convaincant, il ne suffit pas d'adopter la coiffure de tel ou
tel. Ainsi, moi qui vous parle, même avec des cheveux coupés très
court, peu de gens me prendront pour Omar Sy.
Être un sosie parfait peut, dans
certains cas, présenter de graves inconvénients : Si vous êtes
celui de Xavier Dupont de Ligonnès ou d'un violeur en série
activement recherché , cela vous apportera plus de problèmes que
d'invitations à animer un mariage ou une Bar Mitzvha.
En résumé, embrasser la carrière de
sosie n'est pas forcément une bonne idée. N'importe comment, votre
enfant a tout le temps, comme ses petits camarades, de changer d'avis
sur son orientation. Si on se tenait à ses aspirations puériles, le
monde serait principalement peuplé de pompiers, d'infirmières et
de professeur(e)s des écoles...
* Vous aurez certainement remarqué
qu'on demande de plus en plus tôt aux jeunes vers quelle branche
d'activité ils aimeraient s'orienter. Personnellement, je suis
parvenu à la fin de mes études secondaires sans que qui que ce soit
ne s'enquière du métier qui suscitait ma convoitise. Ce qui ne me
posa aucun problème, vu que je n'avais aucune idée sur la question.