Je ne sais pas si cet humble
préparation vous mettra en appétit. Des tomates grillées y
accompagnent la poitrine d'agneau. Ce fut, excellent à mon goût,
mon repas de midi. Une fenêtre météorologique me permet de me
livrer à mon goût du barbecue. Hier, c'était une côte de bœuf
qui fut accompagnée de la sorte. Demain,ce sera de la poitrine de
porc. Rien de bien prestigieux. Et pourtant je m'en régale. Les
connards habituels vous diront que ce genre de cuisson est malsain.
Qu'ils aient raison ou non m'est égal vu que nos conceptions de la
vie sont si éloignées qu'il pourraient prêcher en Moldo-Slovaque
ancien que ça me ferait le même effet.
Venons-en à notre sujet : la
cuisine. J'ai toujours bénéficié d'un bon coup de fourchette. Je
me souviens des noces d'une copine où les serveuses, après les
premiers plats, comprirent ma nature profonde et vinrent
spontanément me proposer du rab jusqu'à la fin des agapes. Trois
parts de chacun des sept plats me laissèrent sans ce léger appétit
qu'est censé ressentir le gourmet en sortant de table. Ces temps-là
ne sont plus.
A une période faste de ma vie, comme
client ou invité, j'eus l'occasion de goûter aux plaisirs de
grandes tables de la « Nouvelle cuisine ». Expérience
agréable, certes, mais que je n'ai aucune envie de renouveler.
Ma gloutonnerie comme mon goût des
mets sophistiqués m'ont quitté. J'en suis venu à préférer une
cuisine simple. Celle que je prépare. Je me méfie comme de la peste
de recettes qui mettent en jeu une multitude d'ingrédients,
exotiques ou non.
Certaines personnes ont eu ou ont
toujours l'indulgence de me considérer comme un cuisinier passable.
Je les en remercie. J'aime cuisiner. J'ai quelques spécialités
comme les spaghetti bolognaises, le lapin au chou (ou à la
moutarde), le filet mignon à la crème et aux champignons, le coq au
vin, le bœuf bourguignon, le pot-au-feu, le hachis parmentier, etc.
De temps en temps, j'innove, à condition que la recette trouvée
soit simple. Car il me semble que tout l'art de la cuisine réside
dans la cuisson : soit on la réussit et c'est bon, soit on la
rate et, quelle que soit la qualité des ingrédients mis en œuvre,
ça ne l'est pas.