..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 25 février 2019

Clarification

On entend souvent que ceux qui, au cours des manifestations de Gilets Jaunes se livrent à des exactions diverses ne sont pas des Gilets Jaunes ou, dans le meilleur des cas, ne représentent qu'une infime minorité. Moi je ne demande qu'à croire tout ce qu'on dit, c'est dans ma nature, je n'y peux rien. Seulement, tout le monde ne bénéficie pas de mon heureux caractère Certains profitent du triste constat d'actes plus ou moins blâmables pour stigmatiser l'ensemble du mouvement. Il serait bon que ça cesse. En effet, au train ou vont les choses, les Gilets Jaunes sont là pour durer : vu qu'ils déclarent vouloir continuer jusqu'à la satisfaction de l'ensemble de leurs revendications et que nombre de celles-ci sont irréalisables, on risque de n'en jamais voir la fin.

Il est de ce fait indispensable pour que les choses soient claires que l'appartenance au mouvement soit mieux définie. En effet, jusqu'ici, il suffit de passer un gilet de haute visibilité comme il est obligatoire d'en détenir, depuis le 13 février 2008, un dans son véhicule, pour devenir Gilet Jaune. C'est insuffisant. Car dans ce cas, il me suffirait de revêtir un tutu pour qu'on me prît pour un petit rat de l'Opéra, un uniforme de général pour qu'on me confiât le commandement d'une division, d'une blouse blanche pour qu'on me consulte, ou de coiffer une tiare pour qu'on m'appelât Sa Sainteté. L'appartenance à toute institution, et les GJ sont en passe d'en devenir une, se doit d'être soumise à certains critères (passage d'un examen ou d'un concours). De même, dans toute structure digne de ce nom existe une hiérarchie.

Il est donc urgent que soit organisées des épreuves permettant de valider l'appartenance de chaque impétrant au mouvement. Je proposerais qu'une d'entre elles soit un examen de Bonne Enfance. Chacun sait que l'ambiance des défilés de GJ est unanimement qualifiée, du moins au départ, de « bon enfant ». Il s'agit donc là d'un point essentiel. Une autre pourrait être de faire lire au candidat des fiches de paye. Si, dès que le montant net du salaire indiqué dépasse, disons, trois fois le SMIC, il se met à pousser des cris de vertueuse indignation,il pourrait passer au second niveau de l'épreuve : la photo de Macron. Si celle-ci provoque sur son visage l'apparition d'une expression de fort dégoût ce serait un plus, surtout s'il s'écrie « Macron démission ». A l'oral, il devrait exprimer au moins trois revendications. Tout cela, bien entendu, de manière bon enfant. Lui serait alors délivrée une carte de Gilet Jaune lui permettant, après avoir été dûment contrôlé par les forces de l'ordre, de défiler où bon lui semblerait entre 10 h et 15h chaque samedi et un dimanche par mois.

Mais quid de ceux qui, bien que très désireux de rejoindre le mouvement, auraient manqué de Bonne Enfance, se seraient, lors de l'épreuve visuelle mis à proférer des grossièretés inqualifiables tandis que la haine faisait naître aux commissures de leurs lèvres des flots d'écume, qui auraient revendiqué la mise à feu et à sang des centre-ville et le pillage de leurs magasins ou par exemple qu'on pendit le président avec les tripes du dernier parlementaire ? Tout ne serait pas perdu pour eux : après examen de leur dossier par une commission ad hoc ils pourraient se voir délivrer une carte de GJEM (Gilet Jaune Extrêmement Minoritaire) qui ne leur permettrait, après contrôle, de ne défiler que passé 15 h en compagnie des casseurs.

Grâce à mon système, le travail de la police serait grandement simplifié. Bonhomme jusqu'à 15 h, elle pourrait se montrer répressive ensuite sans que quiconque ne vienne la critiquer.

Quand à ceux chargés de représenter le mouvement auprès des autorités, leur nomination se ferait au vu des résultats du test de Bonne Enfance et d'un test supplémentaire chargé d'examiner leur degré de Bonhomie. Toute remise en question de leur représentativité vaudrait aux GJ de se voir attribuer une carte de GJEM.

Simple, non ? Reste à savoir si je serai entendu.

samedi 23 février 2019

Énigme

Ce matin, suite à la publication de photos d'un très joli château sur un site corrézien dont je suis membre, je fis des recherches afin de le situer en vue d'une éventuelle visite. J'y parvins, et, contre-zoomant pour me faire une idée de la distance qui le séparait de chez moi, j'aperçus dans le voisinage une commune dont le nom étrange retint mon attention : Ladignac-sur-Rondelles. Que villages ou villes soient sur ou sous quelque chose est commun. Ils se trouvent sur une rivière ou un fleuve, sous une ville ou sous-Bois comme Clichy ou Aulnay.

J'ai donc fait des recherches afin de savoir s'il existait une rivière nommée Rondelles. En vain. Un étang, un lac ? Que nenni. De plus si ce sacré Ladignac était une cité lacustre, ça se saurait, vu que ce genre d'habitat se fait rare.

Restent les différentes acceptions que peut avoir le mot rondelle. Selon Wikipédia, les voici :
  • une rondelle, en mécanique, pièce qui permet un bon serrage
  • une rondelle, au Québec et au Nouveau-Brunswick, disque de caoutchouc vulcanisé utilisé au hockey sur glace, plus communément appelé palet ou puck dans le reste de la francophonie.
  • une rondelle, protection en forme de disque fixée sur la spalière ; c'est une des composantes de l'armure médiévale
  • Rondelle - Outil de fer servant à gratter et finir les moulures. La rondelle n'est différente du crochet que parce qu'elle est arrondie par le bout (Morisot J.M., Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bâtiment (charpente), Carilian, 1814)
  • une rondelle, une plate-forme pour les canons
  • En langage populaire, le terme rondelle signifie communément l'anus. Exemple: Se faire péter la rondelle signifie pratiquer la sodomie.
  • Une rondelle de bière vaut 593,6 litres.
J'avoue ne pas bien voir sur laquelle de ces définition pourrait bien être construit ce village. Je note au passage que ne se trouve pas mentionnées les rondelles de saucisson.

Il s'agit donc d'une énigme. Et comme nous sommes samedi, je ne peux pas joindre la mairie afin de m'enquérir de l'origine de cet étrange toponyme.

Si vous avez une idée...






vendredi 22 février 2019

La tentation de Soria

Durant les vacances de pâques 1969, me prit l'envie de découvrir l'Espagne. Je levai le pouce et eus tôt fait de rejoindre San Sebastian où, m'étant acoquiné avec un Suisse, un jeune Américain en plein Grand Tour et heureux possesseur d'une Triumph cabriolet rouge nous offrit de nous emmener jusqu'à Madrid. La route étant longue, nous décidâmes de faire étape à Soria petite capitale d'une humble province de Vieille Castille où nous nous mîmes en quête d'une « casa de huespedes barrata » (Maison d'hôtes bon marché) que nous trouvâmes sans problème. L'heure du dîner étant, comme le veut la tradition espagnole, bien tardive, nous décidâmes en attendant d'aller prendre quelques « rafraîchissements » dans un bar du voisinage. Les guillemets s'expliquent par le fait qu'étant en tout début d'avril dans une ville située à une altitude dépassant les 1000 m, on ne pouvait pas trop se plaindre d'un excédent de chaleur.

Et « rafraîchissements », il y eut à profusion car à cette époque de l'année trois jeunes touristes de nationalités différentes dans cette ville oubliée de Dieu comme des grands flux touristiques constituaient une attraction. Chacun voulut nous payer un verre, nous remîmes ça et quand nous quittâmes nos nouveaux amis, nous étions pour le moins gais et n'avions plus très faim vu que nous nous étions goinfrés de tapas qui, en cette époque bénie étaient gracieusement offertes par la maison aux buveurs. Un des souvenirs qu'il me reste de cette soirée sont les photos de chasseurs ramenant, liés par les pattes à une perche qu'ils portaient à l'épaule, des loups. A croire qu'en ces temps obscurantistes ils n'avaient pas encore découvert toute la gentillesse de la bête.

Le lendemain, nous ralliâmes Madrid où nous assistâmes à la procession du Vendredi Saint. Spectacle impressionnant où Phalange, Croix Rouge portant des casques allemands et pénitents à cagoule pointue et chaînes aux pieds défilaient en cohortes dans un ordre parfait. Nous fûmes, le jour, frappés de voir des militaires former d'interminables files d'attente à la porte des églises en vue d'y confesser leurs fautes. Nous étions sous Franco, ne l'oublions pas.

Nous visitâmes le Prado, au grand ennui de notre chauffeur qui semblait avoir eu plus que sa dose d'oeuvres d'art en visitant l'Italie. Il était Américain, ne l'oublions pas et se plaignait amèrement de tout ce qu'on lui servait à l'hôtel au prétexte que rien n'avait le même goût qu'en son merveilleux pays.

Je quittai mes compagnons et pris le chemin du retour. Un fait marqua ce voyage. Les aimables étudiants qui m'avaient pris en stop me prièrent, à l'approche du pont sur la Bidassoa qui marquait la frontière entre Espagne et France, de descendre de la camionnette qu'ils ramenaient du Maroc à Nantes et d'aller à pied les attendre de l'autre côté. J'en fus un brin surpris et passai la douane sans encombre,bien qu'inquiet au sujet des nombreux paquets de Ducados (cigarettes brunes) dont j'avais tapissé mon duvet. Comme promis, mes amis me récupérèrent après le pont. Quelques kilomètres plus loin, ils arrêtèrent leur véhicule et allèrent dénicher derrière le moteur un paquet de taille moyenne lequel contenait moult boites d'allumettes remplies d'herbe qui fait rire. J'appréciai leur délicatesse car au cas où les douaniers se seraient montrés curieux et chanceux, ils avaient tenu à ce que je ne sois pas impliqué dans un trafic dont j'ignorais l'existence. A part une nuit passée à crever de froid dans mon duvet sous un abribus d'Angoulème, je rejoignis mes pénates sans problèmes, la tête pleine d'agréables souvenirs : en une semaine, j'avais parcouru deux mille kilomètres et vu bien des choses intéressantes, instructives et inhabituelles.

Mais pourquoi parler de la tentation de Soria ? Parce que, figurez-vous que parmi mes centres d'intérêt se trouve l'architecture religieuse et que j'ai récemment découvert un site dédié aux églises romanes. On n'y parle ni des GJ, ni de Benalla. Ça me fait des vacances. Or donc, j'y découvris émerveillé qu'outre des bars à tapas, Soria possédait plusieurs joyaux d'architecture romane parmi lesquels l'église Santo Domingo dont la façade que voici n'est qu'une des merveilles :



Du coup, m'est venue la tentation de revoir cette ville et, en même temps, la crainte d'en être déçu. Car entre temps l'Espagne a changé. J'y suis retourné maintes fois depuis mon voyage d'il y a un demi-siècle sans y retrouver les émotions de ma jeunesse. Car si elle continue d'avoir des horaires pour nous surprenants, elle s'est beaucoup, comme la France d'ailleurs, modernisée, standardisée, a perdu de son pittoresque. A quoi bon parcourir plus de deux mille kilomètres avec pour tout résultat une nostalgie frustrée ? Ne vaudrait-il pas mieux se contenter d'aller à Irun acheter des clopes ?

mercredi 20 février 2019

Vacances




Eh bien voilà, j'ai enfin terminé la rénovation de mon salon. Bien sûr, comme ne manquera pas de le signaler M. M, c'était mieux avant. D'ailleurs en voici la preuve :



Que voulez-vous, mon instinct destructeur ne connaît pas de limites ! Ainsi ai-je arraché la belle moquette grise constellée de taches pour la remplacer par un parquet flottant d'un goût pour le moins douteux. Un papier blanc immaculé a pris la place du beige pisseux qui rendait les murs si pimpants. J'ai remplacé le chef-d’œuvre de lustrerie « rustique » qui éclairait parcimonieusement la pièce par un un horrible luminaire de billard propre à projeter une lumière vive sur ce massacre esthétique. A mon grand dam, j'ai conservé les fausses poutres du plafond. En effet, en les supprimant de l'autre partie de la pièce, j'avais arraché une bonne partie du plâtre du plafond, ce qui me contraignit à de nombreuses et pénibles heures de rafistolage dont l'issue ne me satisfit qu'à moitié. Ne souhaitant pas renouveler l'expérience, je me contentai de masquer leur magnifique brun sombre par deux couches de peinture blanche. Bien décidé à éradiquer l'inconfort qui fait tout le charme de nos vieilles demeures j'y installai des prises de courant et de télévision.Point d'orgue de mon iconoclastie, je masquai l'aluminium poli de la tringle à rideau par un coffrage.

Toutefois,ce massacre a un bon côté : l'ensemble salon-salle à manger-cuisine y a gagné en luminosité : quand le ciel n'est pas trop couvert, point n'est besoin de laisser la lumière allumée toute la journée. Et si le soleil pointe un timide rayon (ne riez pas, ça arrive en Normandie, parfois même plusieurs fois dans la même année) l'ensemble devient lumineux. C'était là le but de la manœuvre et il est atteint.

Après tous ces efforts, je vais m'octroyer des vacances. Je compte partir en mars pour la Corrèze. Peut-être même tenterai-je une excursion en Espagne...

Cela s'accompagnera-t-il d'un renouveau d'activité de ce blog. Je ne sais pas. L'actualité me désole. Non qu'elle m'indigne, mais plutôt que sa vacuité me lasse. Je n'ai rien à foutre du RIC ou de l'affaire Benalla , je ne vois pas par qui ni pourquoi remplacer un président et un parlement que je n'ai pourtant pas élus, passer à la VIe ou, pourquoi pas, directement à la VIIe ou la VIIIe république ne changera rien, les marches et autres meetings contre ceci ou pour cela m'ennuient en ce qu'elles me semblent le fait de gens qui semblent découvrir et s'offusquer tous les trois quatre matins de ce que notre société connaisse de menus problèmes réels ou imaginaires. Je suis de plus en plus convaincu que le monde que j'ai connu disparaît, comme avait disparu celui de la jeunesse de mes parents, que les jeunes devront bien s'adapter aux folies nouvelles d'un apparemment irrésistible progrès, et que si des temps terribles se profilent, les décadents que nous sommes ne sauront les prévenir. Qui vivra verra.

Il n'en demeure pas moins que dans le bordel ambiant, je suis satisfait de mon sort : mes maisons et ma voiture me donnent entière satisfaction, je peux remplir mon frigo, je n'attends rien d'un quelconque gouvernement, alors pourquoi, n'étant pas loup, irais-je me mêler au concert discordant des hurleurs de tout poil ?

Restent les NAC, les pays où ne pas mettre les pieds, les bonheurs du bricolage, du jardinage, du lecturage, du cuisinage et tout plein d'autres sujets de bavardage....

jeudi 7 février 2019

Les Hauts de Hurlevent (relation d'une aventure linguistique)

Hier soir, j'entendais le vent hurler à travers les câbles électriques. Cela n'a rien d'exceptionnel dans notre venteuse Normandie mais je me mis à penser au célébrissime roman d'Emily Bronte, paru sous un pseudonyme en 1847 sous le titre original de Wuthering Heights. De tous les livres que j'ai lu, je n'ai conservé dans le meilleur des cas qu'une très vague impression, ce qui nuirait à ma capacité à briller dans les salons au cas où m'en viendrait l'envie (et où on m'y inviterait, deux suppositions hautement improbables). Je me console en me disant que, si comme l'aurait dit M. Édouard Herriot (homme qui, ayant été maire de Lyon, n'aurait su mentir), la culture c'est ce qui reste quand on a tout oublié, la mienne est remarquable.

Or donc, de ce chef-d’œuvre ne me reste qu'un souvenir confus de sombre drame se déroulant dans les landes inhospitalières du Yorkshire et le nom d'Heathcliff. Ce qui n'est pas si mal. Mais surtout j'appréciais le mot « wuthering » qui évoquait si bien un vent se déchaînant sur de lugubres paysages. Hurlevent n'était pas mal, mais comparé à la puissance évocatrice du verbe « wuther » c'était un peu pataud comme l'est souvent notre langue face à la concision anglaise. Curieux de voir la traduction exacte qu'il en donnait, je me mis en devoir, ce matin, d'aller consulter la version non abrégée du dictionnaire Anglais-Français Harapp's dont j'avais fait l'acquisition à une époque ou je souhaitais me consacrer à des travaux de traduction. Et là, déception : pas plus de verbe « wuther »que de Gilets Jaunes en Terre Adélie ! J'en conclus que Wuthering devait n'être qu'un nom de lieu, comme Vazy-en-Berrouette ou Chateau-Landon. Hurlevent s'en trouvait réduit au rang de simple produit de l'imagination du traducteur.

J'allais lâcher l'affaire et tristement méditer sur la perte de mon illusion quand me vint l'idée de tenter (sait-on jamais ?) une recherche sur Google. Je tapais « Wuther » et, miracle, ce mot apparut comme une entrée du Wiktionary , seulement, ce verbe n'était qu'une variante archaïque et dialectale d'un verbe écossais dérivé du moyen-anglais. Avec pour sens siffler mais aussi secouer. C'était bien ce que faisait le vent la veille au soir.

J'en conclus que Google offre bien des possibilités et que ma vie est une longue suite d'aventures aussi diverses que passionnantes et enrichissantes.