Après une nuit de 12 heures, ce qui
pour moi est quasi-inoui, je me lève et, histoire de voir si nous
sommes toujours en république, j'allume le téléviseur. Cnews m'apprend que c'est le cas.
Nous sommes même dans une république « bon enfant » et
non « sale chiard » ou « mauvais vieillard ».
Les Gilets jaunes se sont organisés, ont un service d'ordre dûment
brassarisé, des secouristes pour soigner les éventuelles victimes
des charges de la police sanguinaire du dictateur Macron, les
personnes fragiles (vieillards, nains ou moribonds) sont signalées
en rose et les casseurs en noir. Ce qui facilite grandement le
travail de la police qui pourra tabasser les Roses et assister les
Noirs comme ils y sont naturellement enclins. On a déposé une
déclaration, indiqué un itinéraire, bref on s'est civilisé.
Seulement, ces bonnes résolutions
n'ont pas que de bons côtés. En rentrant dans le rang, on devient
aussi efficace que la CGT dont les innombrables cortèges n'ont pas
toujours obtenu les merveilleux résultats escomptés. Pour qu'une
manifestation obtienne le moindre résultat, il faut qu'elle
réunisse des centaines de milliers voire un ou deux millions de
participants et encore ce n'est pas garanti.
L'alternative est évidemment la
violence et même l'hyper-violence. On met les villes à feu et à
sang, le pouvoir craint l'insurrection et lâche du lest. Ils avaient
commencé comme ça et obtenu des choses. Seulement, en incendiant,
en pillant et en bloquant les routes, on se met le parti de l'ordre à
dos et le soutien diminue. Ce qui est bien dommage, vu que, au-delà
du nombre restreint des protestataire actifs, ce qui inquiète le
pouvoir c'est le soutien qu'ils rencontrent dans la population.
Comme Rodrigue, Les Gilets Jaunes sont
confrontés à un dilemme. Soit on continue les émeutes et on perd
en soutien, soit on rentre dans le rang et on perd en efficacité. On
ne sait trop que choisir...
Organiser des manifestations monstres
n'est pas chose facile. Il faut avoir des troupes prêtes à marcher.
Les GJ en ont-ils ? D'après
un récent sondage, 51% des personnes interrogées seraient pour
la poursuite du mouvement soit 15% de moins qu'à la fin novembre. Ce
soutien reste certes important mais il s'érode et reste à
déterminer la part de ceux qui au-delà d'un soutien pour la forme
(qui n'est pas en faveur de la baisse des taxes et/ou de
l'amélioration du pouvoir d'achat?) seraient prêts à
prendre une part active au mouvement ?
Nous sommes donc à la croisée des
chemins. Sauf à multiplier de manière significative leurs
effectifs, les GJ vont vers une mort lente. Le retour à des
méthodes plus rudes risquerait de rendre cette dernière violente.