Personnellement, de ce qui a provoqué
l'affaire Benalla je me fous comme de l'an quarante. Ce qui m'étonne,
c'est le retentissement qu'on lui donne. Or donc, un ex-garde du
corps du candidat Macron et d'autres personnages de moindre
importance, depuis chargé de la sécurité du président,
probablement parce qu'il s'ennuie à mourir, se porte volontaire,
alors qu'il est en congé, pour observer un peu les manifs. On lui
prête obligeamment un casque de CRS et un brassard de police (les
rues sont peu sures!) et le voilà qui se prend au jeu et colle une
peignée à un manifestant pacifique comme ils le sont tous. Jusque
là rien de très extraordinaire, les gardes du corps ayant parfois
la tête près du bonnet comme a pu le constater une personne de ma
connaissance.
Ce qui est curieux, c'est que
quasi-immédiatement on aurait prévenu de cette « bavure »,
qui n'a pas entraîné de blessures conséquentes et encore moins de
décès, le ministre de l'intérieur qui en aurait réfère
immédiatement au président. Cela ne peut s'expliquer que si la
personne en question a été identifiée comme un proche de M. Macron
et que, craignant le scandale le tout-Élysée s'en soit ému. Or M.
Benalla n'est pas doté d'un physique extraordinaire et ne bénéficie
pas d'une notoriété telle que le premier quidam venu puisse voir
en lui un proche du président au simple visionnage d'une vidéo. On
serait donc tenté de penser que seule une personne au courant des
fonctions qu'il occupait, ayant vu les vidéos l'incriminant et
sachant que celles-ci seraient communiquées à la presse a jugé bon
d'avertir les plus hautes autorités. Lesquelles si elles n'avaient
pas craint de se trouver éclaboussées par une « affaire »
n'y auraient pas prêté attention.
J'imaginerais très bien, au cours
d'une rencontre, le gars Emmanuel dire à son
collaborateur : « Alors, Alex, on a fait son foufou à
la Contrescarpe ? Fais gaffe quand même, vu le rôle que je
compte te voir jouer dans la réorganisation de ma sécurité,
faudrait pas trop te laisser entraîner par tes justes colères... »
et puis passer à autre chose. Mais non, il paraîtrait qu'on ait
accordé de l'importance à l'incident. Un peu comme si on subodorait
comme un début de commencement de complot...
Plus d'un mois et demi plus tard
l'affaire éclate. Comment expliquer un tel délai alors qu'à
l'Élysée on aurait immédiatement senti le coup venir ?
Une autre chose qui me laisse pantois,
c'est le bisounoursisme affecté des media et des politiques. C'est à
qui s'affligera le plus fort que dans un pays comme la France de tels
agissements puissent exister. Ignoreraient-il qu'il existe des forces
TRÈS spéciales chargées de missions TRÈS spéciales aux
conséquences bien plus sanglantes que l'incident du 1er mai ? A
force de prôner une morale rigoureuse et de s'écouter parler
auraient-ils fini par croire en leurs propres discours ?
Tout cela m'inquiète. Si un incident
si minime peut prendre des allures d'affaire du siècle, c'est que
nous sommes tombés bien bas.