Il me semble que certains tendent à
tout mélanger. Pour les « de gauche », il n'y a que des
Français. Qu'ils le soient par accident ou par adhésion, qu'ils le
soient depuis des jours ou des siècles, qu'ils aiment ou non le pays
dont ils sont ressortissants, on ne saurait établir entre eux la
moindre distinction. La réalité est tout autre.
Des Français, c'est peut-être
dommage, mais il en existe de toutes sortes. Des qui peuvent prouver
que leurs racines plongent dans des siècles éloignés, des qui
arrivent juste, des qui ne se reconnaissent pas en tant que tels.
Ceux dont les origines prouvées
remontent aux croisades, voire avant, ceux dont la filiation rend
difficile d'imaginer, en dehors du passage d'un facteur, d'un gazier,
d'un ramasseur de lait ou d'un quelconque coquin d'origine étrangère
voire exotique ayant profité des bontés de leur mère ou d'une de
leurs lointaines ancêtres, sont plus ou moins indubitablement d'un
coin de notre cher et beau pays. Ce sont les Français dits « de
souche », censés depuis toujours ou presque posséder et
transmettre la culture et les valeurs de notre beau pays. Seulement,
parmi eux, nombreux sont ceux qui ont renoncé à leurs racines,
s'imaginent « citoyens du monde » et crachent sur tout ce
qui pourrait les rattacher à ce qui, qu'ils le veuillent ou non,
constitue leur communauté nationale.
Les Français « de papiers »
sont des gens qui suite au hasard des pérégrinations de leurs
parents sont nés sur le sol français et qui, de ce fait se sont vu
offrir la possibilité d'obtenir une nationalité à laquelle ils ne
tiennent pas plus que ça mais qui leur garantit certaines formes de
protection.
Reste une catégorie de Français qui,
à mon sens, donne un sens à ce nom : les Français « de
cœur ». Ceux qui, quelle que soit leur origine, sont attachés
à la France à sa langue, à sa culture, à ses terroirs, à son
histoire par des lien affectifs indissolubles.
C'est pourquoi je suis contre le droit
du sol. On peut devenir Français de cœur sans être né en France.
Romain Gary en est un excellent exemple. On peut avoir des papiers
français tout en haïssant la France, qu'on soit « de souche »
ou « de papiers ».
Certains rêveraient de voir la
« nationalité européenne » supplanter celle des pays
membres. Ça ne me paraît pas très sérieux. Européens, les
Français, les Espagnols, les Britanniques le sont par définition,
comme les antilopes, les bovins ou les girafes sont ruminants. Nous
appartenons naturellement à un ensemble à l'origine racialement et
culturellement plutôt homogène, constat qu'on ne saurait faire pour
des continents comme l'Afrique, l'Amérique ou l'Asie. Cette relative
homogénéité me paraît suffisante pour que l'on évite de vouloir
lutter à coups de directives et autres règlements contre les
particularités nationales et partant remettre en cause la longue
élaboration des spécificités qui fondent les nations européennes.