..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 18 janvier 2018

Pour que la peur change de camp...

« Il faut terroriser les terroristes », voilà ce que déclarait, il y a quelques décennies, le bon Charles Pasqua alors ministre de l'intérieur. Et, connaissant le bonhomme et son passé, on aurait été tenté de croire qu'il allait s'y atteler et pourquoi pas y parvenir. Seulement, les années quatre-vingts n'étaient pas les années soixante. Les gens avaient évolué, s'étaient laissés peu à peu gauchiser, avaient prêté l'oreille aux joueurs de flûte « progressistes » et « droits de l'hommistes » qui les entraînaient en musique vers un triste destin. On leur faisait croire que pour vivre en paix, il fallait tolérer toute différence, que la mansuétude mènerait les malfaisants à résipiscence, que les loups étaient, en plus doux, des chiens, que plus de droits renforcerait l'état de droit. Bref, qu'en étant mignons, en luttant contre toute autorité, on finirait par vivre dans un monde à la Walt Disney.

Curieusement, il semblerait que ça n'ait pas vraiment évolué dans ce sens. A quoi assiste-t-on ? On voit une école où l'on apprend de moins en moins, une police interdite de séjour dans bien des quartiers, des prisons où les gardiens craignent leurs pensionnaires, des pompiers caillassés lors de leurs interventions. On voulait une société de douceur et d'harmonie et on se retrouve avec une pétaudière violente et anarchique. Et les joueurs de flûte continuent, tel celui qui, ayant soigné son cancer à doses redoublées d'aspirine, meurt en se disant qu'il aurait dû prendre en davantage, de nous jouer une version de plus en plus démente de leur mélodie mortifère. Pourtant, ici et là, dans cet Occident où la folie fait rage, se font entendre de plus en plus de voix discordantes refusant de prendre pour argent comptant les âneries « humanitaires ».

Un de mes commentateurs écrivait il y a peu que nous vivions dans « un grand asile à ciel ouvert ». Je lui répliquai que le problème était plutôt que c'était les aliénés qui avaient monopolisé la parole. On blâme le laxisme des politiques. A juste titre. Mais que font-ils sinon aligner leurs mesures sur ce que prônent les hérauts de la bien-pensance ? Sinon calquer leur lâcheté sur celle d'une majorité de la population qui par paresse, instinct grégaire ou hébétude calquent leurs « opinions » sur ce qu'ils entendent dans le poste ? Les vrais démagogues ne sont pas ceux que l'on croit !

La peur ne pourra changer de camp que lorsque les aliénés bavards se verront privés de leur monopole et que leurs propos n'inspireront plus à la majorité qu'un rire franc. Lorsque la plupart des gens, pourtant toujours si prompts à se conformer aux plus insensées mesures qu'on leur impose, finira par réaliser qu'une société ne peut vivre harmonieusement qu'en respectant certaines autorités. A quoi bon multiplier le nombre d'enseignants si personne n'écoute leurs leçons ? A quoi bon plus de forces de l'ordre si on leur lie les mains dans le dos ? Pourquoi plus de prisons si les caïds y règnent en maîtres ?

On a inoculé dans l'esprit des gens, des années durant, les poisons des politiques de l'excuse et de la compassion et le refus de l'autorité. Si la peur ne change pas de camp, l'anarchie actuelle paraîtra un âge d'or aux yeux de nos descendants.

mardi 16 janvier 2018

Sélection

J'entendis, pas plus tard qu'hier, la présidente de l'UNEF se plaindre, dans une torrentielle logorrhée, de l'inadmissible sélection que le nouveau système d'admission post-bac ferait subir à une jeunesse méritante autant que studieuse. Je conçois que cette jeune personne ait des inquiétudes concernant l'avenir des jeunes et le sien plus particulièrement. En effet, diriger ce syndicat, c'était jusque récemment s'offrir la possibilité d'une brillante carrière d’apparatchik au PS. Seulement, vu le triste état de ce parti, il devient de plus en plus problématique d'espérer en obtenir un fromage. Mais bon, la verbeuse présidente en avait surtout contre la sélection dans le supérieur. Comment ne pas lui donner raison ? Est-il acceptable qu'un analphabète se voit refuser l'accès à des études littéraires ? Au nom de quoi refuserait-on d'admettre en faculté des sciences un nul en mathématiques ? Ce serait bafouer le droit imprescriptible qu'a tout jeune d'aller se vautrer pitoyablement dans un domaine pour lequel il n'a pas plus de dons que de goût !

Ensuite, si toute sélection est inadmissible pourquoi continuerait-on à lier l'obtention d'un quelconque diplôme à l'acquisition par l'impétrant d'un niveau de compétence ? Pour bien faire, ne faudrait-il pas inscrire chacun dans la filière de son choix puis lui garantir l'obtention d'un diplôme à son goût ? Voilà qui serait juste !

Seulement, une fois leurs études terminées, nos chers jeunes se trouveraient face à l'épreuve extrêmement sélective que constitue l'obtention d'un emploi. En effet, il est de coutume de ne retenir pour un poste qu'une seule personne quel que soit le nombre de candidats. C'est d'une cruelle injustice mais on ne voit guère d'autres solutions.

Et s'il n'y avait que l'emploi ! Mais en matière de sport, ne parle-t-on pas de sélection, qu'elle soit nationale ou autre ? Et même dans des domaines plus intimes, comme celui du choix d'un partenaire sexuel, ne voit-on pas la plupart des personnes se montrer plutôt sélectives sur la base d'une combinaison de critères tels que l'attrait physique, l'esprit, la fortune, la religion, les opinions politiques, etc.? Même pour une simple amitié, on sélectionne...

Curieusement, notre belle jeunesse ne semble pas être choquée par les sélections qui s'opèrent dans tant de domaines. C'est un peu comme avec les injustices : on ne s'indigne que de celles auxquelles on pense pouvoir remédier...

dimanche 7 janvier 2018

Les Bonheurs d'Alfred

Dans sa grande sagesse et afin d'alléger la tristesse qu'engendre en ce début d'année la prise de conscience de plus en plus évidente que l'élection de M. Macron à la magistrature suprême n'est pas un poisson de mai monté par des media facétieux mais bel et bien une réalité, France 3 nous a fait le cadeau, toute la semaine durant de diffuser, en début d'après-midi, des films de Sir Alfred Hitchcock. Alors que pluie et vent s'efforçaient de nous offrir un temps en harmonie avec l'horreur macronique, qu'il me fut doux, mollement allongé, de savourer les œuvres de ce grand cinéaste !

Vous prenez une intrigue rocambolesque, vous y incorporez force rebondissements improbables et qu'obtenez-vous, normalement ? Une merde infâme ! Sauf si vous avez du génie. Et il en avait le père Alfred ! Car pour faire de La Main au collet ou de Le crime était presque parfait des chefs-d’œuvre, il faut être quelqu'un. Pour nous faire oublier l'absurdité de certaines situations, il faut un magicien. Renouveler sans cesse le thème récurrent de l'innocent en voie d'être châtié, demande imagination et ténacité. Mêler mélodrame, tragédie et humour sans basculer dans le grotesque exige un funambule. Il avait et était tout ça le vieil Hitchcok. Et puis il savait bien s'entourer.

L'élégance de ses acteurs et actrices est frappante. Une élégance d'un autre temps. Grace Kelly dans sa robe bleue (La Main au collet ), laisse l'impression qu'en devenant princesse elle a renoncé à être déesse. Et d'Eva Marie Saint n'a-t-il pas su sublimer la grâce et la beauté ? Que dire de l'élégance à la fois impeccable et détendue d'un Cary Grant ou d'un Ray Milland ? A les voir on a, par contraste, l'impression d'être tombé bien bas.

Moi qui, sauf rares exceptions, me refuse à regarder les images qui bougent venues d'Outre-Atlantique, je parviens à pardonner à Sir Alfred d'avoir traversé l'océan car, mis au service d'un génie venu d'Europe, les moyens financiers américains ont permis des prouesses. Reste à savoir si aujourd'hui l'Europe est en mesure de fournir des talents exploitables par l'industrie Yankee, laquelle n'a généralement pour but que de décerveler pour mieux vendre.

mercredi 3 janvier 2018

Bilan prospectif 2018

En début d'année, on se contente généralement d'envoyer ses vœux. M. Macron, en garçon bien élevé qu'il est n'a pas manqué de sacrifier à cette aimable coutume mais, poussé par sa jovialité naturelle il les a assortis d'un train de menues plaisanteries propres à égayer les Français. Je n'en ferai pas une liste exhaustive et me contenterai d'envisager celles qui me touchent particulièrement.

D'abord il y a cette hausse du taux de CSG de 1,7 %. Sur un an, elle me contera environ 323 €. Une paille ! Aussi ennuyeuse est la hausse prévue en mars des cigarettes à raison de 1,10 € du paquet. En admettant que sur les 300 jours restants je me contente de ne fumer qu'un paquet par jour (ce qui n'est, hélas, pas souvent le cas, voici mon budget amputé de 330 € supplémentaires. Ensuite, le gazole va connaître une hausse de 7,6 centimes par litre. Une misère ! Pourtant, parcourant 17 000 km par ans, à raison de 8 litres aux cent, cette bénigne mesure me coûtera tout de même 103 €. Ainsi, sans tenir compte des multiples autres augmentations (coût de la vie, mutuelle, timbres, etc.)je vais payer un supplément de taxes de 756 €. Ce qui, si pour obtenir de ma part la même contribution, notre bon gouvernement avait utilisé le seul impôt sur le revenu, aurait équivalu à une hausse de 168 %. Présenté comme ça, ça aurait eu du mal à passer ! Il est vrai que si je ne fumais pas, cette hausse n'aurait été que de 94 %  !

Mais, me direz vous, vous pleurez la bouche pleine ! De plus, vous êtes malhonnête car votre taxe d'habitation devrait se trouver amputée de 30 %, imaginez l'économie ! Plutôt que l'imaginer, je l'ai chiffrée. J'ai ainsi appris que ladite réduction ne concernerait pas ma résidence secondaire. De plus, vivant par choix dans des communes rurales peu dépensières, cette fameuse réduction, en supposant qu'elle ait bien lieu, ne se montera dans mon cas qu'à la faramineuse somme de 61,20 € ! Ça ne compense pas vraiment.

Ainsi, comme pour beaucoup de Français, l'ère Macron est pour moi placée sous le signe de la tonte. Mais une tonte en douceur, de celle qu'on ne sent pas trop. Car la plupart de nos concitoyens comptent peu ou mal. Oh, les retraités vont bien voir que leurs revenus ont baissé mais se lanceront-ils pour autant dans mes calculs d'apothicaire ? Les carburants vont augmenter mais n'est-ce pas à ce prix qu'on sauvera la planète ? Quant au tabac, les non fumeurs diront que ce n'est que justice et ils auront d'autant plus raison que les milliards ponctionnés sur les fumeurs sont autant qu'ils n'ont pas à payer. Les accros à la nicotine ne moufteront pas plus : des campagnes savamment orchestrées font qu'ils rêvent tous d'arrêter et qu'ils se sentent coupables de ne pas le faire. A partir de ce moment, il est normal qu'on les punisse !

Avec M. Macron, on allait voir ce qu'on allait voir ! Je suis d'accord : je vois ce que je vois ! Mon pouvoir d'achat va être réduit de 3,4 % (une fois déduite la réduction de la Taxe d'habitation). Et ce n'est qu'un début... Notre bon président nous encouragea à réfléchir chaque matin à ce qu'on pourrait faire pour la France. Moi je sais : je peux casquer ! Et encore si c'était pour le bien du pays...

Le général de Gaulle avait eu à l'égard des Français des mots flatteurs : ils auraient été des veaux. C'était oublier que quand on emmène un veau à l’abattoir, il se débat et braille tout ce qu'il sait. Le Français, lui, s'y rend tout seul, avec le sourire et trouve le boucher plutôt sympathique.

mardi 2 janvier 2018

Incipit (s)

Bien des auteurs ont du mal à trouver la (ou les) première(s) phrase(s) de leur œuvre. Un excellent exemple en est donné, si ma pauvre mémoire ne me trahit pas, Par M. Camus dans un de ses hilarants romans intitulé La Peste (ou était-ce Le Choléra?). Eh bien figurez vous que j'ai le problème inverse. Si je ne rencontre aucune difficulté à trouver un titre et un incipit susceptibles de capter l'attention du lecteur le plus réticent, je ne trouve ensuite plus rien à dire. C'est pourquoi la Bibliothèque de la Pléiade me boude. L'âge venant, je me suis résigné à ne jamais parvenir à mener à bonne fin la rédaction du moindre roman ou d'une quelconque nouvelle. Cependant, vue leur qualité, je m'en voudrais de disparaître sans avoir publié quelques unes de ces phrases. Je le fais donc aujourd'hui. Peut-être qu'un de mes lecteurs, pourvu d'un souffle épique supérieur au mien, saura leur donner une suite digne d'elles...

Du quai d'une gare de Châteauroux dont la façade brillait de mille feux en cette période de Noël Sébastien Choumard, portant une valise en peau de porc fatiguée par les voyages, monta dans le wagon numéro quatre de l'express Paris-Limoges. (Retour à Limoges)

Une Juvaquatre noire dont les portières avant portaient, peinte à la hâte en blanc, une croix de Lorraine s'arrêta dans un crissement de freins suraigu devant le domicile du chef local de la Milice. Trois hommes en bondirent, mitraillette au poing. (Libérer Limoges)

En cette année 1897, la rue de La Roussette, était encore de celles où les hommes se rendaient seuls la nuit venue, non sans jeter alentour force regards furtifs de crainte qu'on ne les y surprît. Quelques lanternes rouges dissipaient les derniers doutes qu'aurait eu un étranger à la ville quant aux activités qui s'y pratiquaient. (Dans les rues chaudes de Limoges)

« Alors comme ça, petit saligaud, tu couches avec ma nièce ? » Léonce Traverteau tenta de se faire tout petit dans le fauteuil que lui avait prié d'occuper, une minute auparavant, d'un air faussement bonhomme, le père Chartier dont la physionomie avait soudain pris une apparence bien moins amène. (L'oncle de Limoges)

Longtemps, je me suis levé de bonne heure. Parfois, à peine mes yeux ouverts, j'allumais ma bougie si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je me réveille. » (Matins limougeauds)

Certaines femmes réfléchissent longuement avant d'oser pousser la porte d'une boulangerie. « Achèterai-je une baguette ? Un pain de deux ? Un bâtard ? », ces questions les paralysent. Babette savait ce qu'elle voulait et d'une voix musicale mais ferme, elle commanda deux croissants. (Viennoiseries de Limoges)

« Mais que ferais-tu à Limoges, bougre d'âne ? Tu crois qu'on y manque de traîne-savates dans ton genre ? Non, crois-moi, reste à Romorantin ! Là est ta vie ! » Ces paroles de son père le hantaient. En fait, elles avaient constitué un puissant frein à ses ambitions. Alors que la dépouille de cet homme bourru venait d'être descendue en sa dernière demeure et qu'il jetait la première pelleté de terre sur son cercueil il réalisa que la mort de cet être cher était pour lui synonyme du début d'une vie nouvelle. (L'appel de Limoges)

Certains auront remarqué que bien des titres font allusion à la ville de Limoges. Il ne s'agit aucunement d'un hasard mais du désir délibéré d'encrer mon œuvre dans un terroir et ceci parce que l'enracinement local est un moyen d'atteindre l'universel comme l'ont montré Pagnol, Faulkner et bien d'autres. Vu qu'à ma connaissance peu de romans majeurs avaient pour cadre Limoges, j'avais décidé d'en faire mon comté de Yoknapatawpha. Si d'éventuels continuateurs lui préféraient une autre ville ou une autre région, je ne leur en tiendrais pas grief.