« Il faut terroriser les
terroristes », voilà ce que déclarait, il y a quelques
décennies, le bon Charles Pasqua alors ministre de l'intérieur. Et,
connaissant le bonhomme et son passé, on aurait été tenté de
croire qu'il allait s'y atteler et pourquoi pas y parvenir.
Seulement, les années quatre-vingts n'étaient pas les années
soixante. Les gens avaient évolué, s'étaient laissés peu à peu
gauchiser, avaient prêté l'oreille aux joueurs de flûte
« progressistes » et « droits de l'hommistes »
qui les entraînaient en musique vers un triste destin. On leur
faisait croire que pour vivre en paix, il fallait tolérer toute
différence, que la mansuétude mènerait les malfaisants à
résipiscence, que les loups étaient, en plus doux, des chiens, que
plus de droits renforcerait l'état de droit. Bref, qu'en étant
mignons, en luttant contre toute autorité, on finirait par vivre
dans un monde à la Walt Disney.
Curieusement, il semblerait que ça
n'ait pas vraiment évolué dans ce sens. A quoi assiste-t-on ?
On voit une école où l'on apprend de moins en moins, une police
interdite de séjour dans bien des quartiers, des prisons où les
gardiens craignent leurs pensionnaires, des pompiers caillassés lors
de leurs interventions. On voulait une société de douceur et
d'harmonie et on se retrouve avec une pétaudière violente et
anarchique. Et les joueurs de flûte continuent, tel celui qui, ayant
soigné son cancer à doses redoublées d'aspirine, meurt en se disant
qu'il aurait dû prendre en davantage, de nous jouer une
version de plus en plus démente de leur mélodie mortifère.
Pourtant, ici et là, dans cet Occident où la folie fait rage, se
font entendre de plus en plus de voix discordantes refusant de
prendre pour argent comptant les âneries « humanitaires ».
Un de mes commentateurs écrivait il y
a peu que nous vivions dans « un grand asile à ciel ouvert ».
Je lui répliquai que le problème était plutôt que c'était les
aliénés qui avaient monopolisé la parole. On blâme le laxisme des
politiques. A juste titre. Mais que font-ils sinon aligner leurs
mesures sur ce que prônent les hérauts de la bien-pensance ?
Sinon calquer leur lâcheté sur celle d'une majorité de la
population qui par paresse, instinct grégaire ou hébétude calquent
leurs « opinions » sur ce qu'ils entendent dans le
poste ? Les vrais démagogues ne sont pas ceux que l'on croit !
La peur ne pourra changer de camp que
lorsque les aliénés bavards se verront privés de leur monopole et
que leurs propos n'inspireront plus à la majorité qu'un rire franc.
Lorsque la plupart des gens, pourtant toujours si prompts à se
conformer aux plus insensées mesures qu'on leur impose, finira par
réaliser qu'une société ne peut vivre harmonieusement qu'en
respectant certaines autorités. A quoi bon multiplier le nombre
d'enseignants si personne n'écoute leurs leçons ? A quoi bon
plus de forces de l'ordre si on leur lie les mains dans le dos ?
Pourquoi plus de prisons si les caïds y règnent en maîtres ?
On a inoculé dans l'esprit des gens,
des années durant, les poisons des politiques de l'excuse et de la
compassion et le refus de l'autorité. Si la peur ne change pas de
camp, l'anarchie actuelle paraîtra un âge d'or aux yeux de nos
descendants.