Dans sa grande sagesse et afin
d'alléger la tristesse qu'engendre en ce début d'année la prise de
conscience de plus en plus évidente que l'élection de M. Macron à
la magistrature suprême n'est pas un poisson de mai monté par des
media facétieux mais bel et bien une réalité, France 3 nous a
fait le cadeau, toute la semaine durant de diffuser, en début
d'après-midi, des films de Sir Alfred Hitchcock. Alors que pluie et
vent s'efforçaient de nous offrir un temps en harmonie avec
l'horreur macronique, qu'il me fut doux, mollement allongé, de
savourer les œuvres de ce grand cinéaste !
Vous prenez une intrigue rocambolesque,
vous y incorporez force rebondissements improbables et
qu'obtenez-vous, normalement ? Une merde infâme ! Sauf si
vous avez du génie. Et il en avait le père Alfred ! Car pour
faire de La Main au collet ou de Le crime était presque
parfait des chefs-d’œuvre, il faut être quelqu'un. Pour nous
faire oublier l'absurdité de certaines situations, il faut un
magicien. Renouveler sans cesse le thème récurrent de l'innocent
en voie d'être châtié, demande imagination et ténacité. Mêler
mélodrame, tragédie et humour sans basculer dans le grotesque exige
un funambule. Il avait et était tout ça le vieil Hitchcok. Et puis
il savait bien s'entourer.
L'élégance de ses acteurs et actrices
est frappante. Une élégance d'un autre temps. Grace Kelly dans sa
robe bleue (La Main au collet ), laisse l'impression qu'en
devenant princesse elle a renoncé à être déesse. Et d'Eva Marie
Saint n'a-t-il pas su sublimer la grâce et la beauté ? Que
dire de l'élégance à la fois impeccable et détendue d'un Cary
Grant ou d'un Ray Milland ? A les voir on a, par contraste,
l'impression d'être tombé bien bas.
Moi qui, sauf rares exceptions, me
refuse à regarder les images qui bougent venues d'Outre-Atlantique,
je parviens à pardonner à Sir Alfred d'avoir traversé l'océan
car, mis au service d'un génie venu d'Europe, les moyens financiers
américains ont permis des prouesses. Reste à savoir si aujourd'hui
l'Europe est en mesure de fournir des talents exploitables par
l'industrie Yankee, laquelle n'a généralement pour but que de
décerveler pour mieux vendre.