Depuis 7 ou 8 ans, je hante ce lieu que
bien des gens de sens rassis et de jugement fiable jugent de
perdition. Ça m'a permis de retrouver de vieilles connaissances
internautiques croisées ça et là au gré des trois lustres que
j'ai passé en divers endroits du Web. D'autres appartiennent à « ma
vraie vie »: amis ou parents. D'autres encore, amis d'amis dont
les interventions m'ont plu ou pour que les âneries que j'y diffuse
ont eu l'heur de séduire sont devenus des amis au moins virtuels
quand je ne les ai pas rencontrés pour de bon. A propos de ces
rencontres, je dirai qu'elles ne furent JAMAIS décevantes.
Malheureusement, comme en tout autre
domaine ou lieu, on y rencontre de vilains cons pour qui l'important
est d'y faire miroiter les multiples aspects chatoyants d'une
personnalité hors-normes (du moins selon eux). Il arrive qu'à
l'occasion d'une remarque amusante ou sensée sur un statut ami on
leur demande de devenir ami ou que ce soit le contraire. Et là, les
choses se corsent. J'en voudrais pour preuve le drame insigne qui
hier soir m'a frappé.
Sur un statut d'une « amie »
de ce type un brin envahissante par le nombre de ses interventions,
était évoquée la cruelle disparition de Mme Michèle Morgan. Perte
dont peu se remettront avant qu'un(e) autre nonagénaire ou
centenaire ne referme son parapluie. Le pathos y était de mise, on
se souvenait, larmes aux yeux de cette scène qui depuis
quatre-vingts ans émeut les foules, celle ou Gabin lui trouve de
belles oreilles, de belles narines, de beaux mollets ou de beaux yeux
et à quoi elle répond : « Embrassez-moi ! ».
Tout le monde étalait un insondable chagrin jusqu'à ce que, pour ne
pas être en reste, je me joigne au cœur des pleureuse en écrivant
quelque chose comme « Fauchée à la fleur de l'âge !
Quelle injustice ! »
Que n'avais-je pas fait là !
S'ensuivit l'échange caviardé qui suit :
Par charité j'ai dissimulé le visage
comme le nom de mon interlocutrice. Je pris le premier assaut avec
humour, lui faisant remarquer que plutôt que le « que vous
y passiez d'accord » qu'elle avait écrit « que
vous y passiez d'abord » eût mieux reflété sa pensée.
Elle corrigea (sans supprimer mon observation, ce qui est ridicule),
puis se mit à me tancer vertement : « moche, con,
cracheur de blédine, casse-couilles ». Devant tant
d'urbanité, je lui répliquai : « Je vous soupçonnais
bavarde, je vous constate stupide ». Cette intervention
dûment supprimée, j'eus droit à une nouvelle finesse « A
l'hospice les vieux gogoles ! » et fus bien entendu
bloqué comme il sied de le faire à des personnes que l'on a prié
ou acceptés comme amis et qui en profitent pour « dire des
conneries sur le mur des autres » !
Admirons l'élégance des formules et
la profondeur du propos de cette doctorante en trucmachinlogie. Ne
passons pas sous silence un sens de l'humour ravageur. Cependant, ce
genre de personne représente une catégorie d' « amis »
peu fréquentables : ceux qui collectionnent un maximum d'amis
(en l'occurence plus de 2000) afin de se créer un public
suffisamment vaste pour que, même si une infime fraction d'entre eux
y réagit,une petite pluie de « j'aime » et de
commentaires vienne saluer leurs bavardages et rassurer leur fragile
ego.
En attendant l'asile, je continuerai
cependant à fréquenter Facebook que je remercie de me permettre de
m'amuser en bonne compagnie.