..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 3 octobre 2016

Divagations sur la colonisation

La colonisation européenne de l'Afrique fut un crime. Prétendre le contraire serait s'en montrer complice. Les Européens ont non seulement pillé les richesses de leurs conquêtes mais ont durablement bouleversé les cultures locales avec des conséquences quasi-irrémédiables. Tout ça en quelques décennies. Le pillage des richesses,notamment minières, me pose question : qu'auraient fait de ces merveilleux atouts des peuples ne disposant pas plus des moyens de les découvrir et de les extraire que d'industries capables de les transformer ?

D'autre part,on aurait pu envisager qu'une fois occupé le terrain (afin d'éviter que d'autres nations colonisatrices ne s'en emparent), les colonisateurs se soient contentés d'exploiter lesdites richesses en en sécurisant l'accès et en construisant les infrastructures nécessaires pour les acheminer vers les ports d'où elles seraient expédiées vers les métropoles. Cela eût évité de construire le moindre hôpital, la moindre école, ainsi que toute infrastructure non directement utile à l'exploitation des ressources. L'acculturation n'aurait donc pas eu lieu et les dégâts s'en seraient trouvés amoindris. Il me semble donc qu'en attribuant à la colonisation la capacité, en quelques décennies je le répète, de détruire durablement des sociétés naguère florissantes, ce soit surtout sa politique « civilisatrice » que l'on mette en cause. Politique qu'un plus grand cynisme aurait pu éviter.

En prenant un peu de recul, on s'aperçoit que ce qui fait le succès d'une colonisation, c'est la durée. Comment expliquer autrement le fait qu'en France on parle une langue dérivée du latin, qu'on parle arabe au Maroc, ou turc en Turquie ? Au fil des siècles, l'envahisseur ayant imposé sa langue, sa religion et sa civilisation aux peuples soumis (ou du moins à une partie d'entre eux), il ne vient à personne l'idée de remettre en cause le bien fondé de l'envahissement. Seules des minorité non assimilées (Kurdes, Kabyles, Basques, etc.) continuent de s'en plaindre. Quel Turcophone d'Asie Mineure, quel Arabophone du Maghreb se plaint d'avoir été acculturé et amené à pratiquer une langue dont l'origine se trouve à des milliers de kilomètres de son pays ?

J'en viens à la conclusion que la vraie colonisation, celle qui réussit au point qu'on cesse de la contester demande des siècles. L'épisode colonial Européen des siècles derniers n'est qu’épi-phénoménal. Un simple moment dans l'histoire dont on ne pourra calculer les conséquences profondes qu'au fil des siècles à venir et dont l'actuelle condamnation sans appel n'a pour but que de culpabiliser des nations sur le déclin afin d'en retirer quelques avantages.

dimanche 2 octobre 2016

Sarkozy éclaboussé par l'affaire du vase de Soissons

Vous vous souvenez tous, du moins ceux qui étaient à l'école du temps où on y apprenait des choses passionnantes, de la triste affaire du vase de Soissons. A ceux qui en ignoreraient la substance, j'en ferai le rappel. M. Clovis, chef des Francs Saliens de son état, venait, vers 486 de notre ère, de ravager un peu la Champagne au cours d'un conflit qui l'opposait à M. Syagrius, un Romain. Comme l'imposait la coutume du temps, il procéda au pillage des lieux de culte lesquels recelaient de précieux objets liturgiques. L'évêque de Reims, un certain Rémi que ses mérites propulsèrent une fois décédé au rang enviable de saint, se trouva marri qu'un magnifique vase en argent ait fait partie des objets ravis dans une église de son diocèse. Il fit part à M. Clovis de l'amertume qu'il ressentait suite à ce larcin. Bon zigue, le Franc promit au prélat qu'au cas où, au cours du partage du butin, ledit vase lui écherrait, il se ferait un devoir de le lui restituer.

Pour aider un peu le hasard, lors du dit partage, Le Grand Salien, indiqua qu'il aimerait qu'à sa part se voit ajouter une babiole, une sorte de vase soit disant d'argent qu'on disait, à tort, magnifique et dont les poinçons lui paraissaient douteux. Bien entendu, l'ensemble des guerriers s'empressa de lui accorder le vase car ils admiraient sa valeur insigne et n'ignoraient pas qu'il avait le coup de francisque facile en cas de contrariété. L'ensemble, sauf un petit guerrier de nature irascible et haineuse, tout agité de tics, qui eut l'impudence de lui rétorquer : « Et quoi encore ? T'auras que ce que le sort t'attribuera ! Regarde c'que j'en fais de ton putain de vase de merde ! ». Ce disant, il frappa le vase de sa hache avec les conséquences qu'on peut deviner sur l'esthétique de ce dernier.

Clovis en conçut un vif chagrin mais, maître de ses nerfs comme il sied à un véritable homme d'État, ne fit mine de rien. Il se contenta d'attendre son heure. Un jour qu'il passait ses troupes en revue, il reconnut l'impudent. Il jeta les armes du voyou à terre sous le prétextes que celles-ci rutilaient moins qu'on eût pu l'espérer. Tandis que le cabosseur de vase se baissait pour les ramasser, il lui donna un coup de francisque sur le crâne, causant chez le félon une hémorragie de cervelle hautement préjudiciable à sa santé. Les troupes éclatèrent d'un rire Franc quand Clovis commenta son action d'un « Souviens toi du vase de Soissons ! » (la finesse de l'humour Salien tend parfois à échapper à nos contemporains mais en ces temps héroïques la plaisanterie était hilarante).

Quel rapport avec M. Sarkozy, vous demanderez-vous ? Eh bien figurez-vous qu'alors qu'il fouillait les poubelles de Soissons à la recherche de documents essentiels, M. Edwel Pleny, investigateur de choc, vit son attention attirée par un carnet d'aspect ancien. Il s'en saisit et, le feuilletant, il s'aperçut que ce dernier était rédigé en francique, idiome qu'il pratique avec autant d'aisance que le portnawak, sa langue maternelle. Visiblement, il s'agissait du journal intime d'un compagnon d'armes de Clovis. Comment expliquer la présence d'une telle relique au sein des détritus ? Mystère, au sujet duquel notre héros ne perdit pas son temps à s'interroger. Voici ce qu'il put lire : « grumish nagtared liipotric maarsitor Sarkozic helmitfas ». Ainsi, le destructeur du vase était un certain Sarkozic ! Point n'était besoin de vérifier l'authenticité du document ni la filiation reliant l'ex-président au dit guerrier franc : discute-t-on des évidences ?

On sait que tout Français de souche est coupable des crimes d'esclavagisme et de colonialisme que ses ancêtres aient ou non été partie prenante à ces forfaits. Alors quand on peut prouver de manière indubitable qu'un Sarkozy s'était montré coupable d'une telle malveillance, point n'est besoin de procès pour que l'éventuel futur candidat soit à jamais disqualifié. Edwel publia ce scoop dans son pure player, l'affaire fut reprise par L'Immonde et France Infect et conforta les convaincus dans leur opinion.

jeudi 29 septembre 2016

Je suis vert !

La plupart des marques leader dans leur domaine avaient choisi la couleur rouge pour leur logo ou leurs emballages. Paraît que c'était bien le rouge : couleur de feu, de sang, énergisante, guerrière, révolutionnaire, à la fois attirante et repoussante. Quoi qu'il en soit, le rouge fait ou faisait vendre.

Et puis d'un seul coup, on s'est mis au vert, sans même me prévenir. La première fois que j'ai vu le logo de Mac do en vert, j'ai cru qu'un escroc tentait d'attirer les gogos daltoniens dans son resto. Il n'en était rien. On s'était mis à verdir. Le vert c'est la nature. La nature, c'est ce dont raffole le citadin. Probablement parce qu'il ne la connaît pas bien et qu'il l'idéalise.

Tout ça est bel mais cette nouvelle tendance amène à des absurdités. Ainsi M. SFR avait-il décidé, vu que le rouge était vendeur et que l'anglais était en vogue de lancer la marque RED by SFR, avec le logo suivant : 


Même si les caractères étaient blancs, on ne pouvait que s'incliner devant une telle cohérence.

Seulement, que voulez-vous, la mode évolue. RED se devait de la suivre. Seulement, on n'investit pas des millions pour faire connaître une marque pour tout foutre en l'air au nom de tendances nouvelles. C'est ainsi que les messieurs de chez SFR atteignirent le compromis suivant : 


Risible, non ?

Autre raison d'être vert : Je m'aperçois à mon grand dam (ceux à qui je l'ai montré vous confirmeront que les dimensions de mon dam sont amples) que ma blogroll a disparu ! Je ne m'explique pas ce coup du sort. J'y remédierai à mon retour en Normandie car ça risque de prendre du temps.

mercredi 28 septembre 2016

Robert-Tugdual Le Squirniec, philosophe breton, était-il schizophrène ?

Question délicate et que n'ont pas manqué de se poser, à un moment ou à un autre ceux qui l'ont fréquenté ainsi que les lecteurs de la magistrale biographie que Jacques-Marie Étienne-Le Fustec. publia de lui aux Presses Universitaires de Romorantin-Lantenay en 1987 (ouvrage, hélas épuisé, comme l'est son auteur).

En effet, comment concevoir que le parfait homme du monde qui se vit bannir des boxons de Tamanrasset, de Saïgon, de Shanghaï et de bien d'autres lieux pour conduite inconvenante, qui écrivit des pages si licencieuses qu'on refusait de les entreposer dans un coffre-fort dont on aurait détruit les clés dans les enfers des bibliothèques les plus libertines, à cause duquel Charles Bukowsi menaça de casser les dents d'un journaliste qui l'avait comparé à RTLS, ait également été le rustre dont les bons mots amenaient un fin sourire aux lèvres des hôtes du salon de la duchesse de Merguantes, le triste sagouin dont les Élégies aux saintes de jadis devint le livre de chevet des nonnes cloîtrées, l'être répugnant qui fit don de la plupart de ses droits d'auteur aux œuvres de bienfaisance ?

Comment s'expliquer en effet de tels écarts ? Ne relèveraient-ils pas de cette maladie nommée schizophrénie et dont le regrettable Robert Louis Stevenson donna une description caricaturale dans L'Étrange Cas du docteur Jekill et de Mr Hyde ? Peut-on parler d'un Dr Robert-Tugdual et d'un Mr Le Squirniec ? A mon sens, la réponse est bien évidemment non. Ne serait-ce que parce que j'ai du mal à accorder le moindre crédit à un homme qui part en vacances dans les Cévennes en compagnie d'une ânesse. Et surtout parce que l'homme de génie partage avec le commun des mortels le besoin d'un repos. Ingres avait son violon, Rodin sa Camille, il arrivait que Verlaine, époux modèle, rimbaldise, bref, même si on est des bêtes, il faut de temps à autre savoir poser le collier.

En fait, Robert-Tugdual, exténué qu'il était par l'écriture de nouveaux couplets des Filles de Camaret composait pour se délasser un oratorio ou une messe, après avoir sué sang et eau sur Fous-la moi toute, grand fou ! Retrouvait le sourire en écrivant un traité d'esthétique, se remettait de ses prouesses dans les bobinards exotiques en initiant les jeunes filles de l'aristocratie aux finesses du menuet. Ça peut paraître choquant à certains mais , au fond, quoi de plus naturel, de plus sain ?

Les apparentes incohérences comportementales du grand homme ne sauraient donc que nous le rendre plus proche, plus humain et donc plus admirable encore.

mardi 27 septembre 2016

Passage en caisse

Demain j'atteindrai, sauf accident subit, mes deux tiers de siècle d'existence. La vie commençant, comme chacun sait, à soixante ans, j'approcherai du même coup ce fameux Âge de raison traditionnellement fixé aux alentours de sept ans. A ne pas confondre avec L'Âge-Déraison, roman offrant une biographie imaginaire de M. Johnny Halliday que fit paraître M. Daniel Rondeau en l'an de grâce 1982 et qui me fit alors grande impression.

Aborder aux rives austères de la raison n'est pas plus réjouissant que rassurant surtout quand le curieux cocktail qu'ont au fil des temps concocté votre nature et votre expérience ne vous y incite aucunement. Seulement, comme ce fut le cas de Robert, supposé usurpateur du Duché de Normandie que ses ennemis affublèrent du surnom de « Diable » (tandis que ses partisans le qualifiaient de « Magnifique »), il arrive qu' « âgé le Diable se [fasse] ermite ». N'ayant jamais été bien diabolique et mon agnosticisme profond ne me faisant ressentir aucun attrait à la vie religieuse, si j'embrasse l’érémitisme, ce sera pour d'autres raisons...

Pour prendre une métaphore, dans l'hypermarché des folies contemporaines, disons que j'ai chargé mes caddies dans bien des rayons, sans trop regarder au prix, laissant raison et parcimonie à ceux qu'elles amusaient. Que ce soit aux rayons boulot ou plaisirs, j'ai usé et abusé d'une offre abondante, laissant monter sans trop y penser le débit de ma carte. Seulement, vient toujours le temps de passer en caisse. Et ça se corse. Car au moment de payer la note, on s'aperçoit qu'une fois réglée, il faudra réviser son train de vie, on réalise que le bon temps est fini et qu'a désormais sonné l'heure de la raison. L'avenir s'annonce frugal. Et c'est bien ennuyeux.

Plus concrètement, des décennies de tabagie forcenée vous ont rendu le souffle court et les montées redoutables, la gueule de bois des lendemains vous grimace à la face sans que vous ne sachiez la chasser d'un pied de nez, au bout de quelques heures de travail, vous connaissez la fatigue mais vous n'en demeurez pas moins le diablotin juvénile de jadis à qui revêtir la bure ne dit rien qui vaille. A la croisée des chemins, vous hésitez entre rejoindre, contraint et forcé, le camp des « sages » ou, faisant comme si de rien n'était, continuer, autant que faire se peut, sur le chemin des folies plus ou moins tempérées.

En attendant le naufrage, l'entrée en vieillesse est un temps de dilemme.