Deux sondages nous donnent le FN vaincu
en PACA et dans le Nord. Avec un écart de 6 à 8 points ! Les
trompettes de la victoire s'embouchent, des Alléluias fervents
s'élèvent, la France est sauvée ! Le fascisme, la barbarie,
le mal dans sa forme la plus abjecte sont rejetés dans l'abîme sans
fond dont ils n'auraient jamais dû s'échapper ! La Patrie
était en danger, les conscrits de l'an trois du règne socialiste se
sont levés en masse pour terrasser la bête immonde ! On pourra
de nouveau présenter un passeport français aux frontières qui
restent sans que les policiers ne vomissent ! Les capitaux du
monde entier, rassurés, continueront de venir assurer notre
prospérité et finiront d'éradiquer le chômage ! On l'a
échappé belle !
Mouais... Franchement, qu'il y ait ou
non victoire de Marine, de Xavier, de Marion ou de Christian,
franchement je m'en bats le coquillard (lequel, à force de se voir
battu, se trouve en bien piteux état. Si vous savez où on peut s'en
procurer, même d'occasion, faites moi signe). Avant de célébrer
une victoire encore faudrait-il qu'elle soit acquise et surtout
analyser ses causes et ses possibles conséquences.
Car pour sauver la France, il aura
fallu que bien des carpes épousent bien des lapins. Quel sera le
fruit de ces unions ? Si « les histoires d'amour
finissent ma en général » qu'espérer de mariages où
l'un des conjoints ne peut se résoudre à la nuit de noces que les
yeux bandés et le nez bouché ?
Car pour l'éventuelle victoire sur la
bête immonde il aura fallu que s'unissent patronat, syndicats,
presse locale, artistes, droite, centre, gauche cathos, bouffeurs de
curé et nombre de ratons-laveurs. Union nationale ? Coalition
hétéroclite ? Je pencherais pour la deuxième solution.
Verra-t-on ensuite M. Gattaz serrer amoureusement M. Martinez dans
ses petits bras ? M. Peyon, touché par la grâce se fera-t-il
pénitent après qu'il aura vu des prélats d'une église qu'il
souhaite éradiquer partager son combat ? Les Républicains
cesseront-ils d'incarner le mal aux yeux des socialos (et
vice-versa) ? Permettez moi d'en douter !
Et puis, pour paraphraser l'autre,
gagner une et même plusieurs batailles n'est pas gagner la guerre.
Ce n'est pas M. Bonaparte ou M. Hitler qui me contrediront ! De
quelles réserves disposeront les coalisés pour la prochaine ?
Car d'autres batailles auront lieu !
En fait, remporter ou non une ou
plusieurs régions relève de l'épiphénomène. L'important est
l'idée qu'on se fait de la France et de son avenir. Simple
territoire indifféremment occupé par des populations changeantes ou
creuset d'une culture ? Fais ton choix, camarade. Le mien est
fait. Avec calme, sérénité et sans grandes attentes. Le plus gros
de ma vie est derrière moi, je vis ce qu'il en reste loin de la
foule hurlante, mon bonheur ne dépend pas des politiques. Je laisse
donc haines et colères à qui les aime. Moi, ce que j'aime, c'est la
France. Si elle choisit de poursuivre son chemin vers le chaos, libre
à elle. Si elle parvient à se ressaisir tant mieux. Quoi qu'il
arrive, elle aura été belle.