Robert Ménard est un monstre ! Si on le pend, il faudra
faire payer la corde à sa famille. Et au prix fort, non mais !
Figurez-vous qu’il aurait établi, sur la base de leur prénom, des statistiques
concernant les élèves des écoles de sa bonne ville de Béziers et de ses calculs
il est ressorti que 64.6% d’entre eux étaient musulmans. Il en a conclu qu’il y
avait trop d’émigrés et que partant « on
n’assimilera personne (sic !)» !
Laissons passer notre juste colère et notre indignation, et
examinons ce tissu d’ineptie. D’abord, il est évident qu’un prénom ne veut rien
dire quant à la religion de qui le porte. D’une part, il se peut que le choix
de Mohammed ou d’Abdel Aziz ait été dicté aux parents par le simple snobisme ou
l’envie de ne pas se distinguer. Motivations superficielles, certes, et peut-être même critiquables, mais qui ne
les empêchent en rien d’être de fervents catholiques ou de pieux zoroastriens.
En admettant que les intéressés soient musulmans, rien ne prouve que leurs
enfants partagent leurs convictions religieuses. De plus, et même au cas où ces
enfants seraient adeptes de l’Islam, rien n’indiquerait qu’il ne s’agirait de
français de vieille date vu que, comme l’a si bien dit M. Debbouze, historien et
inspirateur de M. Valls, la religion mahométane est implantée en Europe et
partant en France depuis trois mille ans (voir ici). J’ajouterai
que confondre religion et ethnie est certes répandu mais n’en constitue pas
moins une erreur. Enfin, lorsque l’enragé Robert semble se plaindre de l’impossibilité
de l’assimilation, il semble ne pas savoir qu’il n’est plus question d’assimiler
qui que ce soit, que ce qui fait la richesse et l’harmonie d’une nation ce sont
les différences. Plus celles-ci sont profondes et plus le pays est prospère et
apaisé. Les exemples de cela sont trop nombreux pour qu’on en donne un. Toute
personne marchant sur la tête ne saura que m’approuver.
Évidemment, les grandes consciences médiatiques et
politiques de la République ont relevé comme moi l’inanité de son propos. Ainsi
Métronews
fustige-t-il un « Fichage d’enfants
à Béziers ». Dans la foulée, un député PS vient rappeler sur les ondes de France
Inter que le dernier fichage d’enfants sur des critères religieux fut le fait
du régime de Vichy dans un but que nul n’ignore. Là, je tique un peu : faire des
statistiques sur le prénom des enfants ne nécessite pas l’établissement de
fiches nominatives détaillées. Employer le mot « fichage » est
peut-être abusif. D’autre part, sauf à prouver que ces fiches, si elles
existent, ont été établies par M. Ménard en vue d’organiser des convois vers
les camps de la mort, la comparaison de M. le député est aventurée. Il ne le
sait peut-être pas, mais sur la fiche de tout élève ou de tout employé du
Royaume Uni, pays qui sans être une république n’en est pas moins relativement
démocratique sont mentionnés leur appartenance religieuse ainsi que le groupe
ethnique auquel ils se sentent appartenir. Ainsi fus-je un temps fiché comme
caucasien et catholique romain.
Bien entendu, le tonitruant M. Valls a lancé un « honte au maire de Béziers » sur
Twitter (à croire que ses lourdes charges lui laissent des loisirs) et que le
bon M. Cazeneuve a cru bon de souligner que M. Ménard "a franchi une ligne jaune et se place
délibérément en dehors des valeurs de la République". On ne peut que
saluer à ces occasions l’esprit citoyen de nos gouvernants, même si, occupé qu’il
est à se rendre un peu sur tous les lieux, il a échappé au ministre de l’intérieur
que depuis belle lurette les lignes à ne pas franchir sont blanches.