C dans l’air, bien
que Didier
Goux en ait révélé avec talent le dessous des cartes, n’en reste pas moins
une émission de débat bien supérieure à ses rivales ne serait-ce que parce que le
gardien-chef sait canaliser les interventions de Zeks triés sur le volet et
éviter que leurs échanges ne tournent à la foire d’empoigne. C’est pourquoi il m’arrive
de regarder cette émission.
Hier soir, donc, on y évoquait les ghettos, l’apartheid,
enfin les banlieues. Y participaient les maires de deux communes du 9-3, Sevran (gauche), celui de
Montfermeil (droite)*, un géographe et un ancien policier
associatif. Bien que je n’aie jamais entendu parler de lui auparavant, celui
qui retint mon attention fut le maire (communiste-fraîchement-repeint-en-) Vert
de Sevran M. Stéphane Gatignon tant il s’est montré gratiné. Son
phrasé, cet accent pseudo-banlieusard qu’on ne rencontre que chez les dirigeants
de ce parti, qu’ils soient ou non à la tête de la CGT, me firent deviner un enfant
de la balle communiste. A croire qu’il existe une école de diction où on les
leur enseigne et qu’il y fut bon élève. Renseignement pris, je ne m’étais pas
trompé : fils d’un adjoint au maire PCF d’Argenteuil, ce brave garçon,
après avoir été l’assistant parlementaire de deux députés PCF, était devenu
maire PCF de Sevran en 2001 avant de verdir fin 2009.
Son discours n’avait pourtant rien de bien original. On y retrouvait
les habituelles balançoires éculées des gauchistes qu’il vous assènent avec la
certitude teintée de supériorité morale de qui préconise que pour obtenir de l’eau
tiède, la meilleure manière est encore de porter une eau déjà chaude à
ébullition. Toutefois, j'y remarquai une phrase qu’il crut bon de répéter tant il
devait en être satisfait (je cite de mémoire) : « On ne peut pas construire un mur autour de
la France, les étrangers continueront d’y venir ». La première
proposition est assez juste. On pourrait même dire que le « Mur de l’Atlantique »
n’a pas empêché des étranger de pénétrer
sur notre sol il y a sept décennies.
Cependant, il y a quelque chose qui me chiffonne dans le second membre
de sa phrase. Il fait de l’immigration une chose inéluctable que rien ne
saurait ni empêcher ni limiter. En ce cas, il devient pour le moins curieux que
la même personne dénonce le chômage comme une des sources du malaise des
banlieues. En effet, si, dans le contexte d’une économie stagnante ayant pour
résultat la mise chômage de cinq millions de personnes, on ne peut rien contre
un nouvel afflux d’exogènes, il y a fort à parier que le non-emploi progresse
et avec lui le malaise qu’il entraîne. On se
demande alors pourquoi M. Gatignon, résigné à l’inéluctable, peut bien faire
de la politique.
Le deuxième paradoxe du maire de Sevran réside en deux
déclarations.
- Il y aurait dans notre pays 6 à 8 % de musulmans.
- Notre pays ne peut plus concevoir son identité sans tenir compte de cette nouvelle donne culturelle.
Je le répète, les propos de M. Gratignon n’ont rien d’original.
Ils font partie de la doxa gauchiste. Ce qui m’étonne, c’est le peu de réaction
que provoquent ces paradoxes, c’est que personne ne se lève pour en souligner la croquignolesque absurdité.
*Élus respectivement avec 5325 voix pour 23088 inscrit sur
une population de 49 000 habitants et avec 4285 voix pour 13215 inscrits
sur une population de 26 000 habitants. Ce qui pose un problème de
représentativité voire de légitimité : comment peut-on parler au nom d’une
population dont on a recueilli les suffrages de moins de 11% ou de 16.5% ?