Qui soutiendra sérieusement que si les petits gars de Boko
Haram massacrent à tour de bras aux abords du lac Tchad, que si les frères
musulmans brûlent les églises coptes, que si les talibans zigouillent les
écoliers au Pakistan, que si les extrémistes de L’EI décapitent à l’Opinel
leurs otages, c’est parce que les écrits de MM. Zemmour et Finkelkraut ou que
le dernier roman de M. Houellebecq les a stigmatisés ? Serait-il aventureux de supposer qu’ils ne
les ont jamais lus et même qu’ils ignorent tout de leurs écrits voire de leur
existence ? Réduire, comme le voudraient certains, les événements récents à sa dimension franco-française n'est pas très raisonnable.
Il est indéniable que
l’Islam est, dans le monde entier, parcouru de courants fondamentalistes et qu’une
frange de cette mouvance a recours au
terrorisme que ce soit par des actions ponctuelles ou par des massacres de masse.
Il est bien pratique de dire qu’Islam et Islamisme n’ont aucun rapport entre
eux. Ce serait oublier que toute idéologie, laïque ou religieuse, entraîne à sa
marge l’émergence de courants extrémistes et que toute population a en son sein
un pourcentage, plus ou moins important selon les temps et les conjonctures, de
têtes brûlées prêtes à tout pour faire prévaloir l’idéologie qu’ils ont
embrassée. On n’y peut rien, c’est comme ça.
Dans nos pays de tradition chrétienne, au fil des siècles,
les animosités se sont estompées. Le temps est loin des croisades contre les Albigeois
ou de nos belles guerres de religion lesquelles n’avaient rien à envier en
férocité à ce à quoi nous assistons aujourd’hui dans d’autres parties du Monde.
Plus proche de nous, la folie raciste du nazisme a un temps rappelé qu’une
civilisation pouvait connaître d’horribles résurgences des barbaries anciennes
et même les surpasser en horreur. Mais à de rares exceptions près, l’extrémisme
idéologique ou religieux a perdu en Occident de sa virulence. La pratique
religieuse s’y est raréfiée et le fanatisme en a disparu. Les plus exaltés de
nos « extrémistes » religieux n’ont pas recours à l’assassinat pour
défendre ou imposer leur vision des choses. Si une frange de la gauche extrême
continue de vouloir en découdre avec ceux que, dans leur délire, ils assimilent
à des fascistes et des nazis, au moins ne le font-ils pas à coup de bombes.
Sans atteindre un partage unanime des valeurs, notre société est plus pacifique
qu’elle ne l’a probablement jamais été. Ceux qui tentent de jeter de l’huile
sur un feu moribond n’obtiennent que de piètres résultats. Ainsi, malgré son permanent
combat d’arrière-garde contre le catholicisme, Charlie Hebdo n’a-t-il
provoqué chez les membres de cette religion que des haussements d’épaules ou un agacement teinté de pitié, de tristesse
ou de vague agacement et, de la part du grand public, qu’une indifférence le menant logiquement à une faillite prochaine.
Il n’en demeure pas moins, que, comme les événements récents
viennent de le souligner, il existe au sein de notre société des gens prêts à
tuer au nom de la défense ou de la propagation de leur religion. Et cela que ce
soit à l’extérieur ou/et à l’intérieur de ce qui est supposé être « leur
pays ». On peut en faire des « loups solitaires », des « déséquilibrés »
ou y voir la cinquième colonne de « l’armée du Mal ». Ils ne sont
certainement qu’une infime minorité mais ils bénéficient cependant du soutien ou
d’une certaine compréhension d’une partie de ce qu’on appelle leur « communauté »,
partie qui, faute de s’être assimilée à la société laïcisée qui est la nôtre,
est perméable aux courants extrémistes qui parcourent aujourd’hui l’Islam. Les actions de ces terroristes et de leurs
prédécesseurs ont visé plusieurs types de cibles : des Juifs (dans le
cadre d’un « soutien à la Palestine »), des policiers (représentants
d’un état qu’ils haïssent), des militaires (membres d’une armée qui combat
leurs « frères djihadistes ») et des journalistes athées (coupables
de blasphème). L’intolérance assassine
se met ainsi au service de causes étrangères, de la lutte contre l’État
Français et de la liberté d’expression toutes choses qui reflètent un manque
total d’assimilation.
Reste à savoir à savoir ce qu’il faut entendre par
assimilation. J’y reviendrai.