..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 9 janvier 2015

Déprime !



Plus Cordicopolis est en fête, plus mon malaise s’accroît.

Je ne me reconnais pas dans le pays qu’on me montre.

Une grave menace pèse sur la France et que fait-on ? On tresse des couronnes (mortuaires) à des gens qui à longueur de couvertures moquaient la mort de ceux qu’ils poursuivaient de leur haine. On va tenter de sauver à tout prix un journal moribond. Ceux qui ne l’achetaient pas en parlent comme de leur bible. On va défiler. Comme si ça servait à quelque chose. Une mobilisation de masse a dans le meilleur des cas pour effet de faire renoncer le pouvoir à une mesure impopulaire. Des millions de gens dans la rue ne changeront rien à la détermination de terroristes dont le but est de déstabiliser la société et non de sonder leur popularité. Plus leurs méfaits auront de retentissement, plus grande sera leur victoire. On achète des T-shirts, on allume des bougies, on étale son chagrin, on brandit des affichettes, on est Charlie. Pathétique !

J’attendais plus de dignité et pourquoi pas de réflexion. Les victimes ont été choisies de manière à choquer l’opinion démocratique tout en s’assurant la compréhension de ceux qui se sont sentis offensés dans leur croyance. Un cocktail détonnant. Les prochaines ne présenteront pas cet « avantage ». Ce seront probablement des anonymes ou des humanistes tranquilles. Frantz Fanon l’a clairement théorisé : la victime innocente et si possible bienfaisante est la meilleure des cibles : sa mort provoque des réactions violentes du camp agressé, dirigées vers d’autres innocents, qui  poussent les proches de ces derniers sinon à devenir terroristes eux-mêmes du moins à les soutenir.  D’attaques en ripostes, la mayonnaise terroriste prend.

Plus qu’à porter le deuil de dessinateurs, si talentueux et célèbres soient-ils,  c’est à une mobilisation contre le terrorisme qu’il faudrait appeler. La vraie question est de savoir si et comment on peut le contrer. Et aussi d’éviter des amalgames menant aux affrontements inter-communautaires puisque, malheureusement, communautés il y a. Mais on préfère rester dans l’émotion, le pathos plus ou moins affecté. C’est plus simple et ça mène dans le mur.

Tenter de trouver réfléchir à des solutions, forcément à long terme, est ingrat, difficile, demande du sang froid, un minimum de maturité. On peut espérer, mais rien n’est moins certain, que les leaders le savent. Seulement, ils n’ont l’œil que sur la ligne bleue des prochains scrutins. Et un peuple enfant suit ces joueurs de flute qui les mènent non à la noyade mais au chaos.

Tout cela est fort déprimant.

jeudi 8 janvier 2015

Alerte météo

Suite à une perturbation trouvant son origine dans le XIe arrondissement de Paris, une avalanche de conneries va submerger la France dans les jours qui viennent. Il est fortement conseillé à ceux qui le peuvent de se tenir à l’écart des media, des blogs et des réseaux sociaux. Cette perturbation pourrait être suivie d’autres, de plus ou moins grande intensité. Toutefois, un retour à la normale devrait se produire avant la fin de la semaine prochaine.


mercredi 7 janvier 2015

Extension du domaine du sport



Avant qu’ils ne découvrent les joies du labourage et du pastourage qui, comme Maximilien de Béthune, duc de Sully, l’avait si justement souligné étaient devenus les  deux mamelles de la France de son temps, nos lointains ancêtres vivaient de chasse, de cueillette et de pêche.

Les temps ont bien changé : cueillir de ci-de là expose aux coups de fusil, chasser est devenu un crime et pêcher s’est mué en  passe-temps, voire en sport. Compter sur ces activités pour subsister a perdu de sa pertinence au temps des restaus du cœur et de la banque alimentaire.

Le dernier cri en matière de pêche consiste à relâcher les poissons qu’on vient d’attraper. Personnellement voir à la télé un pêcheur remettre avec tendresse à la rivière la truite, la perche ou le brochet qu’il s’est donné tant de mal à amener à la rive me laisse pantois. Je me demande quel peuvent être alors les pensées du poisson quand il s’éloigne de celui qui, de longues minutes durant, après lui avoir enfoncé dans la gueule un crochet d’acier l’a, en dépit de ses efforts désespérés fournis au prix d’une douleur intense, ramené vers lui, capturé dans une épuisette et extrait brutalement de son milieu naturel avec les conséquences fatales qu’on peut en attendre, l’a remis à l’eau.  Peut-être ne pense-t-il pas, mais s’il avait deux sous de jugeote, il se dirait certainement : « Tout ça pour ça ! Quel sale con ! ». En ce cas, il se montrerait ignorant du mode de pensée de l’homme moderne et la place primordiale que tient chez lui la notion de sport.

Car qu’est-ce que le sport, en dehors d’une source de revenus parfois importants pour quelques professionnels, sinon un effort  pour l’effort ? Le sportif court alors qu’aucune créature menaçante n’est à ses trousses, il saute des obstacles qu’il a lui-même dressés sur son passage, il pédale sur des dizaines de kilomètres dans le seul but de revenir chez lui, etc. Le seul avantage qu’il tire de ces exercices, c’est qu’ils le maintiennent suffisamment en forme pour continuer de s’y livrer. Je n’ai rien contre l’effort physique à condition qu’il ait un but, qu’il ne soit qu’un moyen d’obtenir un résultat concret. Je bêche pour préparer la terre qui me fournira des légumes et non pour pouvoir bêcher avec plus d’ardeur ou pour maintenir ma capacité à la faire.

Pour en revenir à nos pêcheurs qui relâchent, on pourrait extrapoler leur démarche à d’autres domaines.

Par exemple la drague. Paulo rencontrerait Gwendoline, attirerait son attention d’une manière quelconque, l’enthousiasmerait par son habileté à manier le bilboquet ou en la faisant rire aux citations les plus hilarantes d’Emmanuel Kant ou de Martin Heidegger, la couvrirait de fleurs, l’inviterait à quelque bonne table, lui proposerait de prendre un dernier verre chez lui et quand la jeune femme, sentant son intimité se muer en marécage après quelques attouchement lui murmurerait la voix rauque : « Fous-la moi toute, mon gros salaud » le séducteur lui répondrait « Mais vous n’y pensez pas Gwendoline ! Je fais ça pour le sport ! Rentrez bien vite chez vous ! »

De même pour la recherche d’emploi. Kévin répondrait à des annonces, se verrait convoqué pour un premier entretien, un second où le poste lui serait offert, arracherait après d’âpres tractations un salaire élevé, déterminerait la date du début de son activité et, au moment de signer son CDI déclarerait au DRH : « Signer ? Il n’en est pas question, vous pouvez le garder votre boulot de merde, je suis très bien où je suis ! Je fais ça pour le sport !»

Ainsi bien des aspects de la vie pourraient-ils prendre un caractère ludique et pour tout dire moderne…

mardi 6 janvier 2015

Incivilité



J’ai commis une incivilité. Oh, pas du genre pardonnable comme voler une voiture ou rouer de coups une vieille dame, non,  quelque chose d’irrémédiable.

Hier, tandis que je mettais à profit l’absence de pluie pour tailler les branches mortes des fuchsias et débarrasser les plates-bandes de plantes mortes de froid, j’aperçus mes chers voisins Guy et Arlette qui se rendaient à bord de leur beau tracteur orange vers leur pré de la Nouette, lui au volant, elle fièrement campée dans la benne. Ma réserve de bois étant épuisée, j’attendais une occasion pour leur demander s’ils pourraient m’en céder un stère. Ce passage en étant une, je la saisis aux cheveux et leur adressai de grand signes. Croyant d’abord à une simple salutation, ils me rendirent la politesse mais mon insistance alerta Arlette qui ordonna à Guy de stopper son bolide. D’un bond preste, elle sauta de la benne et se dirigea vers moi. Je lui formulai ma requête qu’elle m’annonça être en position de satisfaire. Je lui précisai que je préférais être livré un jour où il ne pleuvrait pas. La brave femme, toujours empressée d’empocher un petit billet de cinquante Euros de rendre service à son prochain, consulta sans délai son cher mari et m’annonça qu’ils arrivaient avec mon bois, le temps d’en charger la benne.

Ce qui fut dit fut fait et quelques minutes plus tard le combustible se trouvait sur ma pelouse en attente d’être rangé. Me trouvant en possession de rhizomes d’iris surnuméraires, je demandai à Arlette si ça l’intéresserait que je lui en fasse don. Elle accepta après avoir vérifié qu’il s’agissait bien de fleurs bleues. Puis ils partirent me laissant aux joies de l’entreposage et du sciage.

Le soir alors que je narrais cette aventure à ma compagne, elle me demanda si je leur avais offert le café. Je lui répondis que non. Elle me dit que j’avais commis là une grave incivilité car en de telles circonstances il est de rigueur d’offrir café et biscuits. J’ai beau avoir été maintes fois chapitré sur la question, détenir une provision de biscuits en vue de telles occasions, je n’y pense jamais. Parce que je ne bois jamais entre les repas. Seulement un tel manquement aux règles de la bienséance ne saurait se voir effacé par une si faible excuse. Selon mon éducatrice en mœurs rurales, je finirai mal considéré si ce n’est chose faite.

J’espère que le fait que je paye rubis sur l’ongle et en espèces tout ce que j’achète à mon voisinage m’évitera d’être voué aux gémonies mais sera-ce suffisant ?

lundi 5 janvier 2015

De quoi se nourrissent les colibris ?



Samedi dernier, j’entendis M. Pierre Rabhi discourir sur notre société. Selon lui, il faudrait tout changer. Quitter un système où chacun court après une croissance susceptible de lui procurer plus d’objets en détruisant au passage la planète et sa merveilleuse nature.

Il évoqua à maintes reprises la multiplication des « colibris ». Peut-être que mon oreille s’était montrée distraite quand il a expliqué ce qu’il entendait par « colibris », n’empêche que son discours m’intrigua. Je googlai donc « Pierre Rabhi » et fus éclairé par M. Wikipédia : « Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

Magnifique métaphore ! Peut-on rêver plus meugnon ? Ainsi, il serait utile que chacun, à son modeste niveau, participât à l’extinction de l’incendie qui ravage la planète. Un cynique se demanderait quel nombre de colibris serait nécessaire afin de l’éteindre.  Plusieurs millions ? Plusieurs milliards ?  Quelle est la puissance en équivalent-colibris d’une motopompe moderne pourtant incapable à elle seule de venir à bout d’un immense incendie de forêt ? On pourrait même se demander si les « colibris » malgré toute leur bonne volonté ne seraient pas les oiseaux-mouches du coche.

J’avais auparavant appris que M. Rabhi et sa digne épouse, écologistes de la première heure étaient allés dès 1960 s’installer en Ardèche afin d’y pratiquer un élevage non productiviste de chèvres et une agriculture biodynamique, concept plutôt filandreux où l’ésotérisme aurait sa part. Tout cela est bel et bon, seulement j’appris aussi que QUINZE ANS s’écoulèrent avant que ce couple méritant puisse vivre de sa ferme ! Ce n’est pas rien ! S’il m’avait fallu attendre tant de temps avant de pouvoir vivre d’une activité quelconque, je crains que le doute puis le découragement ne se soient emparés de moi. Sans compter que, n’ayant jamais disposé de fortune personnelle, je serais probablement mort de misère et de faim avant de voir  mes efforts récompensés. De quoi donc M. Rabhi vécut-il durant ce temps ?  Aurait-il d’une manière ou d’une autre bénéficié du soutien que la société productiviste qu’il vomit est en mesure d’apporter même à ceux qui la combattent ? Mystère !

N’empêche que si, suivant ses exhortations, une partie importante de la population suivait son exemple avec les mêmes résultats, il y a fort à parier que le problème de la surpopulation serait rapidement réglé.

Les « colibris » qui occupent des mois, voire des années les ZAD afin d’y sauvegarder le pantouflard à burnes rousses et la bouzinette caqueteuse, de quoi vivent-ils au juste ? Plus que les adversaires irréductibles d’une société productiviste qu’ils proclament être ne sont-ils pas, à l’instar des joueurs de flutiau qui les inspirent,  justement les parasites de ce qu’ils disent combattre, d’une économie suffisamment prospère pour leur permettre de subsister ?