Suite à mon billet d’avant-hier, Nicolas s’est donné la peine d’y répondre par un long
billet et sans aucune animosité. Il est vrai qu’il est plus aisé de rester
courtois lorsqu’on traite d’un problème concret d’administration que lorsque l’on
est sur le terrain idéologique. Plutôt que de déposer un interminable
commentaire au pied dudit article, j’ai décidé de consacrer ce billet à la
question.
Je commencerai par saluer le soin qu’a mis Nicolas à se
documenter sur la question. En effet, la carte qui accompagne son billet situe
avec exactitude la communauté en question et c’est la lecture de l’article de La
Manche Libre qu’il met en lien qui a provoqué mon ire. J’insère ci-dessous la
carte en question qui permettra de visualiser autant que d’expliquer certains
point de mon développement :
La partie cernée de rouge est la communauté en question.
Comme Nicolas l’a déduit, j’habite sa partie septentrionale et même l’extrême
pointe de celle-ci ce qui fait qu’en m’éloignant de 3 km de chez moi, suivant la
route choisie je me retrouve dans l’Orne ou le Calvados et que je me trouve
plus près de Vire que de Mortain. Qu’il ait été ou non judicieux de rattacher
les cantons de Vire, Saint-Sever et du Béni-Bocage
au département de la Manche plutôt qu’au Calvados est une question certes
intéressante mais dont l’actualité s’est attiédie au fil des deux-cent-vingt
années passées. D’ailleurs, comme le signale si justement Nicolas, organiser des
comcoms dans le cadre départemental est absurde comme l’illustre si bien le cas
d’Alençon auquel il fait allusion. L’idée selon laquelle mon canton gagnerait à
être rattaché à une communauté Viroise se défend. Mais tout cela est sous-tendu
par l’idée que les entités administratives devraient, sous peine de mourir,
atteindre une taille minimum. J’ai exprimé naguère
mon opinion sur la pertinence de la réforme des régions. C’est là-dessus que je ne suis pas d’accord.
En fait je suis contre les regroupements et je vais vous dire pourquoi :
Si j’ai choisi, et cela depuis une vingtaine d’année de m’installer
dans des villages perdus, ce n’est pas par hasard : j’en apprécie la paix
et le faible taux d’imposition locale, ce dernier étant justement dû à la
quasi-inexistence de coûteux équipements collectifs. Je pense de manière générale que ces
équipements devraient être les plus réduits possibles. Combien de réalisations « prestigieuses »
ne font que flatter la mégalomanie d’élus que couper des rubans fascine tandis
que les services rendus ne concernent qu’une frange infime de la population
mais participent grandement à l’endettement et à l’augmentation des impôts de
tous ? Plus la communauté locale s’étoffe plus la tentation de dépenses somptuaires
s’accroît.
Mais, pomme à l’eau, m’objectera-t-on, des équipements, il
en faut bien un minimum ! Des écoles, des centres de soin, des piscines
(pour éviter que nos chères têtes blondes ne se noient durant leurs premières
vacances), des salles des fêtes (pour s’y
amuser), des cimetières (pour y pleurer)… Ben oui, il en faut un MINIMUM.
Seulement quand on s’installe dans un trou perdu, sauf quand on est un parfait
abruti, on ne s’attend pas à bénéficier des mêmes services qu’offre une
métropole. Ainsi, moi qui vous parle, m’offrirait-on de décupler ma pension et un
hôtel particulier (avec potager) sans loyer ni charges aucunes, je n’en refuserais
pas moins de vivre à Paris, Lille, Lyon, Marseille, etc. C’est un choix. J’ai la ville, même moyenne, en horreur.
Plutôt que d’inutiles regroupements, pour que soient assurés
un MINIMUM de services, je serais plutôt favorable à des regroupements
VOLONTAIRES de communes autour de projets spécifiques. Le besoin urgent d’une
piscine se fait-il sentir (suite à la montée des eaux consécutive au
réchauffement global) que les porteurs du projet se débrouillent pour fédérer
autour de lui suffisamment de communes INDÉPENDANTES afin d’assurer sa
faisabilité. On pourrait-même envisager que des promoteurs privés s’en occupent…
Voilà qui est bien libéral me dira-t-on. Eh bien oui :
le socialisme rêve d’un nombre toujours plus grand de ce qu’il appelle des « services
publics ». J’y suis opposé : si les gens veulent certains services,
qu’ils se les offrent. S’ils n’en ont pas les moyens, qu’ils s’en passent !
Je n’ai comme, je le suppose, la majorité des habitants de ma commune pas plus
envie de participer au financement d’un théâtre à Vire que d’un centre social à
Mortain.