M. Juppé, serait-il, comme on tente de nous le vendre, le
meilleur d’entre tous ? Inodore,
incolore, sans saveur, porteur d’autant d’espoir qu’une éphémère le soir venu,
comment pourrait-on voir en lui le porteur du rêve d’un peuple fut-il moribond ?
Pourtant, le voilà propulsé en tête des sondages. Et pas qu’un
peu ! Haut la main qu’il gagne, le bel Alain, dans un fauteuil, les doigts
dans le nez ce qui, vous l’avouerez, est une posture audacieuse. Il faut bien
dire que son avance sur ses concurrents, il la doit surtout à la gauche. En
effet, si on en croit le
baromètre Sofres –Figaro Magazine de novembre, il n’y a guère que M. Bayrou,
qui arrive bon second, pour bénéficier de davantage de soutien de la part des
socialistes et autres gauchistes.
Comment expliquer cela ? Voir des gens qui n’importe comment ne
voteront pas pour vous « souhaiter
que vous jouiez un rôle important au cours des mois et des années qui suivent »
est significatif : c’est qu’à leurs yeux vous constituez un moindre mal,
qu’ils vous font confiance pour ne pas remettre en cause le système qu’ils
chérissent et qui accessoirement nous emmène dans le mur. S’il en fallait la
moindre preuve, le dernier numéro des Inrocks, magazine dont la ferveur
gauchiste n’est plus à démontrer, lui consacre sa couverture avec en titre :
« JUPPÉMANIA le moins pire d’entre eux ? » et annonce un
entretien où notre « héraut de droite » se déclare en faveur de l’adoption
par les couples homosexuels. Et s’il n’y avait que ça ! Dans l’ouvrage
collectif Les 12 Travaux de l'opposition, publié
en septembre dernier, sa contribution, intitulée L’Identité heureuse est un véritable
plaidoyer en faveur de l’enrichissement par la diversité culturelle et s’oppose
à l’idée, dépassée à ses yeux, d’assimilation. Il est vrai qu’avec
de tels adversaires, la gauche n’a pas besoin de victoire (perspective pour le
moins improbable par ces temps qui se traînent) pour continuer son règne…
Rien d’étonnant donc à ce que les media de gauche assurent
sa promotion. Il est plus étonnant de voir une majorité de sympathisants UMP et
un tiers des proches du FN soutenir une personne qui prend des positions
diamétralement opposées à celles qu’ils déclarent être les leurs. Vous me direz
qu’en général ils ne lisent pas plus les ouvrages politiques que les magazines
de gauche. C’est compréhensible autant que dommage car on peut espérer que s’ils
savaient ce que le côté passe-partout et « vieux sage » du personnage
dissimule je crains que leur enthousiasme ne s’en trouve douché.
M. Juppé c’est la continuité sans changement. Faire de lui
le candidat de la droite serait céder aux sirènes du gauchisme sociétal. Quelques
cheveux en moins, un nœud de cravate impeccable, une élocution moins floue sont-ils
vraiment les éléments constitutifs primordiaux du changement que nous espérons ?