Il est toujours
délicat de parler d’une région avec laquelle on a des attaches. Mais comment
faire l’impasse sur la Bretagne ?
Une géographie ne saurait être réellement universelle sans qu’un
chapitre lui soit consacré. Je vais donc tenter de rester objectif et de ne pas
donner une vision trop flatteuse du Bro Gozh ma Zadoù
(Vieux pays de mes pères).
La Bretagne est un
endroit idyllique pour l’escargot, la limace, le Breton , la Bretonne, leurs
petits Bretagnols, et les touristes anglais, belges et hollandais qui viennent
s’y dépayser sans changer de climat, lequel est océanique. Sa situation à l’extrémité
occidentale de la France a permis à un des départements qui la constituent de s’appeler
« Finistère », ce qui est abusif car si on continue à nager ou à
ramer en ligne droite à partir de Brest suffisamment longtemps, on retrouve à
nouveau la terre ferme. Curieusement le continent sur lequel on prend alors pied
ne s’appelle pas le « Recommenstère » mais l’Amérique.
Les côtes bretonnes sont entourées, suivant les marées, d’eau
salée, de sable, de galets ou de rochers aptes à faciliter les naufrages.
Malgré sa taille exigüe, la Bretagne se
divise en pays Gallo où l’on parle un mauvais français et pays bretonnant où quelques
vieux parlent encore divers dialectes d’une langue celtique. Comme beaucoup de
langues, le breton est incompréhensible par qui l’ignore. Les régions côtières de Basse-Bretagne s’appellent
l’Armor et l’intérieur des terres l’Argoat
(respectivement pays de la mer et pays du bois). En Armor on pratique la pêche et cultive l’artichaut,
le chou-fleur, la tomate et la fraise, suivant les saisons. En Argoat, on élève
des cochons quel que soit le temps. Chaque Breton dispose en moyenne de 5
cochons. Hélas, comme partout ailleurs, l’injustice y est criante :
certains n’en ont aucun tandis que d’autres en ont des milliers. En dépit d’un
vote massif pour les socialistes, cette
inégalité ne tend pas à se réduire. Bien des Bretons doivent donc se contenter d’avoir
une tête de cochon qu’ils coiffent selon les époques d’un chapeau rond ou d’un
bonnet rouge, mais il ne s’agit là que d’une métaphore soulignant le côté
abrupt de leur caractère.
Le Breton est volontiers querelleur et revendicatif. Pour un
oui ou pour un non, il incendie les préfectures et détruit divers équipements.
Le gouvernement français s’empresse alors de satisfaire ses exigences. Le Breton
se calme un peu, le temps de trouver une nouvelle revendication. Quand les manifestations lui en laissent le
loisir, le breton mâle se livre à son sport national : le lever du coude.
Grand amateur de chants et de danses, il pratique ces activités dans des « fest
noz » (fêtes de nuit ) où l’on boit du chouchen, breuvage dont le
goût s’acquiert par l’effort. Une fois l’an, vêtus de costumes outrageusement
folkloriques, Bretons et Bretonnes parcourent les rues de Lorient en dansant au
son du biniou tandis que des caméras permettent de retransmettre cet affligeant
spectacle à la télévision des heures durant.
La Bretagne est mondialement renommée pour ses philosophes
dont le plus célèbre est sans contredit Robert-Tugdual Le Squirniec dont les amis se sont regroupés
sur Facebook . Voici
un extrait du texte de présentation de cette société savante: « Robert-Tugdual Le Squirniec,
philosophe breton (1837-1903) fut à l'origine de la théorie du papillon: "Un grattement de couille à Guéméné peut
entraîner la baisse du cours de la morue à Hendaye" se plaisait-il à
répéter. Son seul défaut (si l'on excepte une ivrognerie plutôt chronique) fut
de n'avoir pas plus existé que ses ancêtres et par conséquent ses descendants
parmi lesquels on compte pourtant 3 amiraux de la Marine royale, un prix Nobel
de physique et deux gérants de bureaux de tabac à Châteauroux (Indre). »
Outre de riantes vallées où la présence d’élevages de
cochons se fait sentir aux narines les moins sensibles et de côtes souvent sauvages,
la Bretagne compte quelques villes et villages où on se livre à la
transformation du cochon en charcuteries (car cet animal n’est élevé que dans
un but mercantile) et du lait des vaches en beurre, fromage et autres produits laitiers. Parmi les
plus remarquables, nous citerons Rennes (dotée d’un magnifique parlement qui
brûle très bien), Brest (célèbre pour son tonnerre), Lorient (pourtant à l’ouest),
Dinan (cité d’art et d’histoire), Paimpol (falaise, église, grand pardon), Loudéac ( où l’on tutoie l’idiot du village),
Plounévez-Moëdec et Louannec (lieux de naissance de mes parents).
Selon Lao Tseu, « Qui n’a vu la Bretagne ne peut dire j’ai
vécu ». C’est dire si un voyage s’impose ! Toutefois, pour en profiter pleinement, n’oubliez
pas de vous munir d’un ciré, de bottes et d’Alka-Seltzer au cas où mes mises en
garde contre le chouchen ne vous auraient pas suffisamment dissuadés. En cas de rencontre inopinée avec des
indépendantistes, nous ne saurions trop vous conseiller d’apprendre par cœur l’hymne
national breton dont voici une version :
NB : Toutes les Bretonnes ne sont pas si charmantes que la chanteuse : quelques unes sont moins jolies, d'autres chantent moins bien.