Un ami Facebook soutient ce matin la thèse selon laquelle,
volens nolens, s’opposer au « mariage pour tous » est un combat perdu
d’avance vu qu’on n’arrête pas le « progrès » humain. Les guillemets
sont de lui.
Fatalisme, quand tu nous tiens ! Personnellement, je
suis contre ce mariage. Je serais plutôt en faveur d’un contrat qui entraîne
les mêmes avantages, les mêmes obligations et les mêmes conditions de
dissolution que le mariage, sans pour autant en porter le nom.
Ce qui m’étonne le plus dans cette affaire qu’on nous
présente comme importantissime, c’est à quel point elle risque de s’avérer
marginale. L’examen du tableau
publié par l’Insee sur les unions permet de tirer quelques conclusions :
1) Le mariage est en perte de vitesse : entre
2000 et 2010, le nombre de mariages a diminué de 17.5% alors que la population
augmentait. C’est dire si l’institution a le vent en poupe !
2)
Les PACS
ont, eux, connu une augmentation vertigineuse passant de 22 171 à 205 558 dans
le même temps. Cette évolution est principalement due à ce que les PACS
unissant des personnes de même sexe se sont vus multiplier par plus de 11
tandis que les unions de personnes de même sexe ne se multipliaient que par à
peine 1.7.
3)
Sur un total de 457 212 unions (PACS et mariages
confondus) en 2010, celles concernant des personnes du même sexe sont au nombre
de 9 143 soit un tout petit peu moins de 2 %.
Je veux bien envisager que de nombreux homosexuels, trouvant
le PACS insuffisant, attendent une
réforme du mariage pour s’unir. Est-ce vraiment probable ?
Tout ça pour dire que le « mariage pour tous »
risque de ne concerner qu’une infime proportion de la population.
Reste bien sûr la question de l’adoption. Encore une fois,
il s’agit d’une question secondaire. Plus de 80 % des adoptés, soit 3504
enfants en 2010 viendraient de l’étranger. Les pays d’origine n’étant pas
nécessairement portés à reconnaître le mariage homosexuel, ce « droit »
risquerait donc de concerner très peu d’enfants. Le fait que les adoptants soient du même sexe risquerait
par ailleurs d’ajouter une difficulté supplémentaire à une démarche dont le
succès n’est pas toujours évident, comme mon expérience personnelle m’a permis
de le constater.
On pourrait multiplier les chiffres, mais ceux que je donne
me semblent suffisants pour monter à quel point on transforme une question
marginale en problème majeur, que l’on
soit pour ou contre. Les pour sont animés par leur désir d’ « égalité »
et leur fascination par le minoritaire. Les contre le sont au nom de la
tradition « naturelle » et de la sauvegarde de la famille.
On aura beau dire et beau faire, la soi-disant « égalité »
est une impasse. Hors ou en mariage les couples de même sexe ne pourront pas
procréer, du moins entre eux. La famille
traditionnelle, un papa, une maman et des enfants a, qu’on le veuille ou non, l’aile
truffée de plomb.
En fait, on oppose un principe inopérant à des conceptions qui
ne le sont pas moins. Sur une question, encore une fois, marginale. L’adhésion
déclarée d’une majorité à la réforme en voie d’adoption ne me semble causée que
par la tendance « naturelle » des sociétés occidentales à craindre de
s’opposer à tout ce qu’on lui présente comme un progrès. Ne pas sembler
rétrograde y est devenu un must. Seulement, dès qu’un débat se met en place,
dès que des arguments sont échangés, les choses cessent d’être aussi évidentes
qu’une adhésion irraisonnée les faisait paraître.
Je serais donc en faveur d’un débat. Sur les principes. On
le refusera. Au nom de la sacro-sainte modernité.