L’autre jour, M. Olivier Assayas, réalisateur de
cinématographe de son état, est venu
sur la RSC™ vendre sa soupe vanter les mérites de son dernier opus
intitulé « Après mai » qui traite des problèmes d’un jeune lycéen (il
en est rarement de vieux), « Gilles, [qui] est pris dans l’effervescence
politique et créatrice de son temps. Comme ses camarades, il est tiraillé entre
un engagement radical et des aspirations plus personnelles » comme le dit
si bien le synopsis.
Une telle problématique ne pouvait qu’interpeler, entre autres, M. Ali Rebeihi remplaçant comme il pouvait l’irremplaçable
Pascale Clarke. Le brave Ali présenta
donc le valeureux Olivier comme un « cinéaste révolté qui n’a[vait] jamais
renoncé aux idéaux de sa jeunesse engagée ».
Comme c’est beau ! Voilà un mec qui à 57 ans reste
scotché aux convictions de sa jeunesse. Quarante ans ont passé et pépère n’aurait
pas changé d’un iota. Plutôt que de parler de sclérose, on est admiratif, on
salue la constance. Je trouve ça
curieux.
Admettons que le brave homme se soit arrêté un peu avant et
qu’il ait, disons, continué de croire dur comme fer à papa Noël, de considérer
que le pire crime était de tricher aux billes ou que perdre son nin-nin est une source d’intolérable chagrin. Se
montrerait-on aussi admiratif ? Ne considérerait-on pas plutôt qu’il est
dérangé du carafon ?
Pourtant, on accepte que rester fidèle aux idées de son
adolescence soit louable. Comme si, un âge où l’on a une expérience de la vie
pour le moins limitée, où l’on tend à adopter les modes, qu’elles soient
vestimentaires ou de pensée, de ses pairs et où l’on se laisse facilement influencer
était le meilleur temps pour adopter d’immuables certitudes.
Curieusement, pour nos modernes, la fidélité aux opinions n’est
louable que lorsque que celles-ci sont de gauche, y compris d’extrême gauche.
Si c’est l’autre extrême de l’échiquier politique qui a recueilli les faveurs
de l’adolescent ou du très jeune homme, il n’en va pas du tout de même. Le
fautif se voit à jamais stigmatisé pour ce qui pourrait passer pour une erreur
de jeunesse…
Les parcours contraires, pourtant nombreux, ne semblent pas
faire l’objet d’opprobre. Tel qui fut communiste voire carrément gauchiste dans
sa jeunesse, peut devenir un honorable parlementaire de droite ou centriste. J’en
veux pour preuve M. Maurice
Leroy qui, bien qu’ayant fait une belle carrière d’apparatchik communiste
jusqu’à l’âge de 33 ans, n’en est pas moins
devenu ministre Nouveau Centre de la ville dans le gouvernement Fillon III…
Serait-ce à dire que la gauche aurait une vision figée de l’homme
selon laquelle il ne saurait s’inscrire que dans une continuité idéologique ? Louable si elle se trouve du bon côté, suspecte,
voire haïssable, à jamais si elle penche du côté inverse ?
Il est pour le moins curieux de voir des gens qui affichent une foi inébranlable dans l’indispensable
changement de la société dénier toute
possibilité d’évolution aux hommes qui la composent.