..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 30 octobre 2012

Mots croisés



Savez-vous qu’on dit d’un bois qu’il est arsin quand, bien que debout, il a été endommagé par le feu ? Que le mont Œta est proche du Parnasse ? Qu’il existe en Grèce une île nommée Icarie ? Moi je l’ai appris pas plus tard qu’hier en faisant des mots croisés.

Les mots croisés sont une activité stimulante. C’est pourquoi, il y a plus d’un an, je me suis abonné au Figaro week-end suite à une offre alléchante. Car les magasines contiennent des grilles de Michel Laclos, mon auteur favori.  

Durant les années quatre-vingts, j’avais pris l’habitude d’acheter le Fig Mag qui faisait les délices de mes week-ends. J’en lisais la plupart des articles qui m’apparaissaient comme un baume apte à apaiser les douleurs  d’un cœur  de réac martyrisé par ces années de mitterrandisme.  Et puis, quand j’en avais le temps, je me livrais sans retenue aux joies des mots croisés. Il arrivait que pour une raison ou pour une autre je n’aie pas le loisir d’assouvir cette passion. Je découpais alors les pages et les mettais de côté en vue de temps moins bousculés.

Ces temps arrivèrent suite au dépôt de bilan. J’en avais tout un stock et passai l’essentiel de mon temps à rattraper mon retard cruciverbeux. Sous l’œil courroucé de mon épouse qui ayant rapidement trouvé un emploi jugeait que j’eus mieux fait de consacrer mon temps à chercher du boulot. Comme si je n’essayais pas !  Il faut dire qu’elle commençait à me trouver bien des failles…

Or donc m’abonnai-je l’an dernier. Mais l’histoire ne se répétant pas, je trouvai bien moins de goût aux articles de ce vénérable organe de presse. Quant aux mots croisés, le jardinage, le bricolage et le blogage ne me laissèrent pas le temps de m’y consacrer. Je les découpai avec soin et les plaçai dans un tiroir avant de mettre les magazines non lus à la poubelle. Comme le temps passe vite et que je ne lis jamais les courriers que m’envoie le Figaro, je m’aperçus récemment que, reconduit tacitement, le prix de mon abonnement avait doublé. Ce qui fait beaucoup pour du papier qu’on ne lit pas. Le journal  peut bien servir à allumer la cheminée, mais vu le nombre de feux que j’allume et le stock déjà conséquent que j’en possède, je crains que ma fille se retrouve avec de quoi démarrer des flambées bien longtemps après ma disparition.  D’autant plus qu’elle n’a pas de cheminée.

Le week-end dernier, afin de rentabiliser mes investissements, je me mis donc à remplir les grilles des magazines reçus. Le résultat fut piètre. Des deux premières que j’attaquai, après des heures d’efforts, je ne parvins à remplir totalement aucune. Dire que sous François le mauvais j’en faisais mon affaire en une petite heure !  Tout fout le camp, ma bonne dame, tout fout le camp ! Je ne me laissai pas abattre par ce cuisant échec. Et hier, laborieusement certes, je vins à bout d’un problème. Pas une case qui ne fut correctement remplie !

Ça m’a encouragé. Je ne lâcherai les deux cent et quelques grilles qui m’attendent sagement dans leur tiroir qu’une fois terminées. Aussi se peut-il que parfois le temps me manque pour éclairer le monde d’un de ces billets magnifiques qui renouvellent la pensée occidentale : on ne peut pas être partout.

lundi 29 octobre 2012

Questionnement d’un fumeur invétéré



J’ai dû commencer à fumer vers l’âge de douze ans. Il y a donc 50 ans de cela. Se défaire d’une telle habitude ne serait pas simple. Même si je ne prends aucun plaisir à cette salle manie.

Je constate depuis quelques années que le prix du paquet de cigarettes ne cesse de grimper, bien plus vite que l’inflation.

Des mises en garde dont l’aspect rappelle furieusement celui des faire-part mortuaires d’antan sont apparues sur les emballages, nuisant à leur esthétique.

Au dos du paquet, des photos également bordées de noir sont plus récemment apparues, censées engendrer la peur chez le chaland.

Une nouvelle innovation fut d’imposer un papier perforé ayant pour mission de faire s’éteindre la cigarette en cas de non-tirage. La principale conséquence en est de rendre l’acte de fumer encore plus désagréable.

Depuis quelques jours, j’entends à la radio un vieux gars qui semble au bord de la tombe se plaindre d’avoir du mal à passer d’une pièce à l’autre ou de monter à l’étage. On évoque plusieurs causes, dont le diabète, le cholestérol, l’hypertension et le tabac. Le moribond s’écrie (enfin, autant qu’il puisse s’écrier le pauvre ! ) que s’il avait su… Aurait-il dans ce cas renoncé au diabète ?

Sans vouloir tomber dans la paranoïa, j’en suis à me demander, si, de manière subreptice, on ne tenterait pas de me décourager de fumer…

samedi 27 octobre 2012

Portail de l’amour ?



Titre énigmatique ! Je détromperai tout de suite ceux qu’une imagination malsaine pousserait à envisager la transformation de ce blog de haute tenue en je ne sais quel site de rencontres coquines. C’est d’un drame humain que je vais traiter.

Au printemps un jeune couple emménagea en face de chez moi dans la maison que possède Maurice, ancien d’Algérie et accessoirement fournisseur de viande d’agneau et de bois de chauffage. Un couple bien discret, bien calme, pas expansif, poussant la discrétion jusqu’à ne jamais dire bonjour ni répondre au signe de la main dont on salue le motorisé qui passe, qu’il soit en voiture ou en tracteur.

Cet admirable effacement était cependant battu en brèche par le petit animal dont la compagnie venait ajouter au bonheur du ménage. Ce carlin compensait largement le mutisme de ses propriétaires par la vigueur et la fréquence de ses aboiements. De plus il tentait sans vraiment y parvenir d’escalader le portail qui clôt la cour de la demeure. La vaillante Elphy, toujours prompte à donner la réplique à tout aboyeur, le rejoignait dans un véhément raffut  concert canin.

Et puis soudain, le portail demeura ouvert et le silence s’établit. Je n’y prêtais pas  plus  attention que cela. Un jour que je prenais le café avec Maurice ce dernier soupira que son pauvre locataire n’avait pas de chance. Je m’enquis de ce qui provoquait ce commentaire désabusé. Ainsi  appris-je que la jeune femme avait  déserté le nid d’amour si récemment construit. Travaillant dans la même usine mais avec d’autres horaires, la volage avait trouvé durant ses moments libres autre chaussure à son pied ou couvercle à son pot ! Le chien lui appartenant, elle l’emporta. Ainsi s’expliquait la béance clôturière.

Il y a quelque temps, je remarquai que le portail était de nouveau fermé. L’amour était-il de retour ? Le malheureux  cocu  éconduit avait-il obtenu la garde alternée du chien ? Sa fierté lui avait-elle, dans un sursaut, dicté de cesser d’étaler son infortune ?

Toujours est-il que le portail demeure clos. 

vendredi 26 octobre 2012

Impudence et folie du campagnol



Hier, j’ai jeté sur le bord de la route la vingt-quatrième dépouille de campagnol de la saison de chasse commencée  voici à peine un mois.  Curieusement, j’ai trouvé cette dernière victime non pas prise au piège mais à côté d’un piège qu’elle avait fait tomber d’une étagère, sans blessure apparente. Comment expliquer ce décès ? Plutôt que de jeter le petit cadavre aurais-je du faire pratiquer une autopsie ? Aurait-il succombé à une crise cardiaque suite à l’émotion  provoquée par le déclenchement du piège ?  Serait-il mort de vieillesse ou de faim alors qu’il s’apprêtait à se repaître du fromage accroché à la tapette ? Autant de question qui resteront à jamais sans réponse.


Quoi qu’il en soit, depuis mon retour de vacances, c’est le deuxième fait troublant que je constate en matière campagnolesque. Le matin, quand j’y pense, je fais le tour des pièges  afin de voir si ceux-ci ont joué leur rôle. Or donc, que vis-je lors d’une de ces tournées ? Tout près d’un piège déclenché, j’aperçus un de ces petits monstres rongeurs. De ses yeux en boutons de bottines il me toisait avec arrogance (c’est du moins l’impression que j’en retirai même s’il est difficile d’évaluer avec justesse l’état d’esprit d’un campagnol). J’aurais pensé normal que, se sentant en danger, la sagesse lui eût conseillé de fuir. Il n’en fut rien. Interloqué, je ne réagis qu’au bout de quelque secondes. Pensant que l’animal avait une patte coincée dans le piège ou qu’il était rendu incapable de se mouvoir par une blessure que lui aurait infligée la tapette, j’avançai la main pour me saisir de cette dernière. C’est alors que la bête s’enfuit  avec une rapidité fulgurante.


Outre le fait que nous étions en plein jour et que l’abominable rongeur des champs est supposé être nocturne, une telle impudence me surprend  comme elle m’inquiète.  Si ma présence ne dérange pas plus que ça la bestiole, s’enhardissant, n’en viendra-t-elle pas à boulotter sous mes yeux ahuris les miettes de mon petit déjeuner, voire dévorer à belles dents les cacahuètes qui accompagnent l’apéro ? 


De telles perspectives me glacent.

jeudi 25 octobre 2012

Un manque criant de diversité





Que dire de la basilique Saint-Sernin de Toulouse ?  Que c’est une merveille.  On pourrait entrer dans les détails.  A quoi bon ?  Ce sanctuaire qui des siècles durant a su attirer la foule des pèlerins remplit son rôle : frapper celui qui y pénètre par sa majesté et, pour les croyants, exalter l’âme.  Les moyens mis en œuvre pour y  parvenir n’ont d’intérêt  que pour les amateurs d’architecture religieuse (dont je suis à mes heures perdues). Seul le résultat compte.  Et ce résultat est atteint.

Lorsque je visite la Sainte-Chapelle, j’aime observer l’expression des visages lorsque, l’escalier gravi, les visiteurs découvrent pour la première fois la chapelle haute. Une sorte de sidération s’y lit. Sans provoquer ce genre de stupeur, Saint-Sernin s’en approche.  Si vous ne me croyez pas, allez-y voir…

Un autre spectacle m’a sidéré, non dans le sanctuaire, mais alentour. Lors de notre visite, le dimanche matin, se tenait sur la place Saint-Sernin un marché aux puces. Notre but n’était pas d’en regarder les stands ni d’écouter, ébaubis, les boniments des posticheurs : nous n’étions venus que pour la basilique. Ce qui me frappa, fut la foule.  Elle manquait de bigarrure. On se serait cru sur quelque marché d’Afrique du Nord. Il y avait bien quelques noirs et quelques rares blancs mais l’écrasante majorité semblait venue du sud de la Méditerranée tant par l’aspect que par la langue pratiquée. Dans les rues adjacentes, de jeunes hommes parlant arabe proposaient aux passants des cigarettes de contrebande.  Des blousons de cuir y étaient offerts à des prix ridicules, le marchand criant avec humour « Volés le soir, vendus le matin ! ». Était-ce de l’humour ?

Tout cela tendait à rendre le sanctuaire incongru, comme déplacé. Un peu comme si le marché de Saint –Lô se tenait à l’ombre d’une mosquée…